L’Université d’Abomey-Calavi abrite depuis ce mardi 21 février un colloque sur le thème : « L’élection présidentielle de 2016 au Bénin, un an après/ analyse électorale et chantiers gouvernementaux ». Le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) y lève un coin de voile sur les facteurs de réussite du scrutin présidentiel.
L’élection présidentielle de 2016 au Bénin a connu un succès retentissant à travers le monde. Un an après, un colloque réunit chercheurs, praticiens de droit, hommes politiques et acteurs de la société civile aux fins de passer cette période électorale sous la loupe de l’analyse scientifique. Défi important que se sont lancé la Chaire Unesco des droits de l’Homme, de la Personne et de la Démocratie et le Centre d’études sociologiques et de sciences politiques (Cespo) de l’Université d’Abomey-Calavi en collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert. « C’est une bonne initiative et un vaste programme de réflexion sur un événement qui sera considéré comme une séquence importante de l’histoire politique de notre pays », assure d’emblée Emmanuel Tiando, président de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Pour lui, nul doute que cette élection a été couronnée de succès, en témoigne le satisfecit décerné par la communauté internationale. Cette réussite, poursuit-il, se traduit à l’interne par le calme, la paix et la transparence du scrutin qui n’a souffert d’aucun recours, ni contestation, le candidat malheureux au second tour ayant d’ailleurs reconnu sa défaite le soir même de l’élection.
Le président de la Cena soutient que les causes de ce succès sont à rechercher dans un paquet d’actes et de mesures. Il évoque notamment la concertation permanente et la franche collaboration entre la Cour constitutionnelle et la Cena dans le strict respect de leurs prérogatives et du Code électoral, le respect des règles du jeu démocratique et les dispositions du code électoral par les partis politiques et les candidats, le rôle déterminant des organisations de la société civile dans leur mission de veille électorale et de sensibilisation. Le grand mérite, ajoute-t-il, revient au peuple béninois qui a fait preuve d’attachement à la paix déjouant tous les pronostics les plus pessimistes. Car en réalité, reconnaît Emmanuel Tiando, le contexte et les défis ne présageaient pas d’une issue heureuse à cette élection. « Beaucoup de Béninois et observateurs s’interrogeaient sur la capacité du peuple à réussir cette élection. Beaucoup se demandaient si la Cena était en mesure de relever les défis techniques de l’organisation de cette élection dans la transparence, l’impartialité et l’équité », rappelle-t-il. Il en déduit que le cas béninois démontre la capacité des pays africains à éviter les crises électorales pour peu que les acteurs respectent les règles édictées et acceptent les valeurs démocratiques. Le colloque constitue alors pour lui « une piqure de rappel » pour la promotion de ces valeurs. Emmanuel Tiando suggère une harmonisation des règles électorales à l’échelle régionale, la création d’un Observateur régional des élections et d’un Centre de formation en démocratie et développement devant aider à promouvoir les bonnes pratiques électorales sur le continent africain.
Klaus Peter Treydte, représentant résident de la Fondation Friedrich Ebert indique que l’élection constitue un élément central de la démocratie. Pour avoir observé le processus électoral dans plusieurs africains, il affirme qu’il est tout aussi nécessaire que la recherche aille au-delà des acteurs politiques de premier plan pour questionner les ressorts qui orientent les choix au sein du bas-peuple. L’enjeu de ce colloque, enchaîne Hygin Kakaï, directeur du Centre d’études sociologiques et de sciences politiques, c’est d’arriver à construire une sociologie électorale et instaurer une tradition de lecture scientifique sur le fait électoral au Bénin. Noël Gbaguidi, titulaire de la Chaire Unesco des Droits de l’Homme, de la Personne et de la Démocratie ajoute que la réflexion vise aussi à explorer les chantiers gouvernementaux. « Ce colloque vient à point nommé pour permettre aux universitaires du Bénin et de la sous-région de s’exprimer sur cette expérience électorale. Il faut surtout y tirer les leçons qui permettront d’assainir le champ électoral », insiste Maxime Da Cruz, premier vice-recteur de l’Université d’Abomey-Calavi.
Le colloque qui prend fin ce jour doit déboucher sur la rédaction d’un ouvrage collectif sur l’élection présidentielle de 2016 au Bénin.
Gnona AFANGBEDJI