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Réforme des partis politiques au Bénin: Des pièges à éviter
Publié le samedi 25 fevrier 2017  |  La Nation




‘‘Il y a trop de partis politiques au Bénin’’. Cette affirmation est la plus partagée lorsqu’on aborde la question du système partisan en République du Bénin.

A priori, dire que le Bénin compte trop de formations politiques n’est pas excessif. Sinon que la prolifération des formations politiques ayant voix au chapitre est si visible qu’il n’est pas exagéré de s’en offusquer.

Ainsi, nombreuses sont les voix autorisées qui s’en préoccupent et qui réfléchissent tant à haute voix que dans le cadre d’enceintes savantes. Réformer le système partisan au Bénin est donc un impératif incompressible et les actuels gouvernants en ont conscience. Mais, n’y a-t-il pas des pièges à éviter ? La question mérite d’être abordée.
‘‘Il n’y a pas trop de partis politiques au Bénin, mais il y a plutôt une absence de gestion orthodoxe du système partisan’’. Aborder la question ainsi est osé et exige une explication rationnelle. En effet, dans la plupart des grandes démocraties, la classe politique jouit d’une liberté d’association, voire de création de formation politique. Cependant, le fonctionnement des partis est organisé par la loi et des institutions publiques veillent rigoureusement au respect de la législation en la matière. Ainsi dit, le décor est planté pour mettre en évidence le fait qu’au Bénin le fonctionnement du système partisan souffre plutôt de la bonne et diligente application des textes législatifs. Autrement dit, la loi portant Charte des partis politiques est loin d’avoir été éprouvée dans le cadre de sa mise en œuvre diligente. Nous avons déjà soutenu cette approche dans l’un de nos livres intitulé ‘‘Le destin du Bénin’’ et sous-titré ‘‘Le nouveau départ’’. Au début des années 2000, en tant que journaliste politique au quotidien ‘‘Le Matinal’’, nous avions, sur la base des dispositions de la Charte des partis politiques, actualisé une liste des partis politiques en restriction de celle produite par le ministère de l’intérieur à l’attention de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Contactées, comme pour avoir leur caution, les autorités de ce département ministériel nous ont interdit de publier ladite liste actualisée sous peine d’une poursuite judiciaire. En réalité, les centaines de partis politiques attribués à la classe politique béninoise sont excessives et ne sont pas conformes à la législation béninoise actuelle.

Ailleurs...

En France, les documents administratifs officiels affichaient en 2013 plus de quatre cents partis politiques. Marine Le Pen, a intégré la formation politique de son père avec son propre parti politique qui épouse les idéaux du Front national. Mais sur la base des idéologies politiques en présence, deux grands blocs se partagent l’échiquier politique français : La Gauche, marquée par la social-démocratie et la Droite, marquée par le conservatisme et le libéralisme. Dans chaque camp, il y a des extrémistes et des modérés qui s’expriment à l’intérieur. Il faut noter qu’en France la loi n’interdit pas les candidatures individuelles à une élection présidentielle par exemple. La preuve est que Emmanuel Macron, actuellement sur la ligne de départ pour la présidentielle, ne se réclame ni de Gauche, ni de Droite. Cependant, pour qu’une candidature soit validée, il lui faut recueillir un nombre qualifié de signatures d’élus. Et à l’issue d’une élection, l’État rembourse les frais de campagne lorsque la candidature considérée obtient une proportion qualifiée de suffrages. Ainsi organisé, le système partisan français n’agace personne au point de l’amener à affirmer excessivement ‘qu'‘Il y a trop de partis politiques en France’’.
Deux grands partis politiques, pour ne pas dire tendances politiques dominent la vie publique aux États-Unis d’Amérique. Le parti Républicain et celui Démocrate. À quelques nuances près, on peut cataloguer idéologiquement le premier comme la Droite française et le second comme la Gauche toujours de l’Hexagone. Mais ce que beaucoup ignorent est qu’à l’intérieur de ces grands partis il y a de nombreuses formations politiques, voire à l’extérieur et même non cataloguées. Seulement, la législation a organisé les primaires au sein des deux grands blocs pour qu’enfin les élections présidentielles ne prennent en compte que deux candidats à l’occasion du scrutin national. Il faut souligner que pour accéder aux primaires aux États-Unis il faut non seulement des soutiens politiques remarquables, mais il faut surtout prouver sa capacité à lever des fonds pour financer la campagne électorale très gourmande dans ce pays. Nous n’ignorons pas le système des ‘‘Grands Électeurs’’ qui réserve aussi ses surprises, parfois désagréables, au personnel politique américain. En absence de financement public aux États-Unis, les plus riches et surtout ceux qui réussissent à séduire les puissances d’argent prennent généralement le dessus.

Ce que nous pensons

Nous ne sommes pas aussi paresseux que çà pour ne pas donner notre point de vue à la fin. Nous ne sommes pas favorable au système américain qui privilégie les puissances d’argent. Surtout lorsqu’on sait ce que représente déjà, dans le déficit de norme actuelle, la force de l’argent dans les élections au Bénin. Nous allons opter pour le système français. Cependant, nous ne sommes pas naïf pour penser qu’un copier-coller est possible. Tout au moins pour quelque chose qui lui ressemble. Mais nous ne sommes pas dupes. Le Bénin est-il capable de plafonner raisonnablement les dépenses de campagne électorale en faisant en sorte que les candidats qui n’y obéiront pas soient systématiquement sanctionnés ? Au-delà de cette question essentielle, le plus délicat est relatif à la référence idéologique qui permettra de cataloguer les partis politiques au Bénin. L’observation générale nous laisse voir, à quelques nuances près, que toutes les formations politiques intervenant au Bénin prônent la social-démocratie. Pourtant, sous l’injonction des organes de promotion de la ‘‘mondialisation’’, il n’est pas exagéré d’affirmer que la politique économique pratiquée au Bénin est tirée vers le libéralisme, même si celui-ci peine à être une réalité. Mais le fait de pouvoir cataloguer idéologiquement les formations politiques au Bénin n’est pas le plus préoccupant. Ce qui tourmente le plus est la capacité des acteurs politiques à s’identifier eux-mêmes idéologiquement et à se délimiter des lignes rouges. Des limites infranchissables au moment des ralliements en vue des alliances électorales, des ralliements autour du pouvoir, autour d’un président élu. Toute la délicatesse pour le cas du Bénin est à ce niveau. Mais à l’heure des crises identitaires idéologiques même dans les grandes démocraties, le Bénin peut faire fi de la considération idéologique pour légiférer en faisant suivre l’application rigoureuse de la loi pour un début sur le chemin de la moralisation de la vie politique. Une lutte sans fin pour tout peuple.

*Journaliste-écrivain

Par Aubin R. Towanou*


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