Parakou - En examinant du 22 au 24 février 2017, le dossier 006/PG-11 inscrit au rôle de la première session de l’année de la cour d’assises de Parakou ayant trait à un crime d’assassinat, complicité d’assassinat et violation de secret professionnel, les juges ont acquitté les mis en cause au terme du jugement.
Le jeudi 12 mars 2009 aux environs de neuf (09) heures, le cadavre de Catherine Puzey, ex volontaire américaine du corps de la paix, précédemment en service au Collège d’enseignement général (CEG) de Dompago, arrondissement de Badjoudè dans la commune de Ouaké, a été découvert en son domicile par mademoiselle Angèle Yolou, sa coiffeuse à qui elle avait donné rendez-vous.
Le corps de Catherine Puzey, la gorge sectionnée, baignait dans une marre de sang sur un matelas posé à même le sol de la véranda de sa maison. L’enquête aussitôt ouverte permit d’interpeller les Constant Bio Jacques, Joseph Uguwu, Aurélien Bio Jacques et Abdou Gafari Amoussa.
En effet, feue Catherine Puzey a souvent dénoncé les abus sexuels dont sont victimes certaines élèves filles de la part de Constant Bio Jacques. C’est ainsi que le 26 février 2009, elle a, par mail révélé à certains responsable du corps de la paix, le comportement peu recommandable de celui-ci. Elle avait pris soin dans cette correspondance de souligner qu’il est important pour elle de «demeurer dans l’anonymat » au regard des faits qu’elle dénonçait.
Le lundi 02 mars 2009, madame Florence Honvo Bello, Directrice pour la formation au corps de la paix, sur instruction de la Directrice nationale du corps de la paix a tenu une séance de travail avec madame Maria Soumonni, Directrice associé des programmes d’éducation, laquelle a appelé Catherine Puzey pour de plus, amples informations sur le contenu de son mail.
Madame Florence Honvo Bello s’est également entretenue avec Abdou Gafari Amoussa sur le sujet. Ce dernier sous le sceau de la confidentialité s’en est ouvert le 03 mars 2009 avec Aurélien Bio Jacques, frère aîné de Constant Bio Jacques et directeur associé du programme des Petites et moyennes entreprises (P.M.E) à la Direction nationale du corps de la paix au Bénin.
Le 10 mars 2009, une lettre a été adressée à Constant Bio Jacques pour mettre fin à son contrat avec la direction nationale du corps de la paix au Bénin. Le 12 mars 2009, le corps de Catherine Puzey a été retrouvée sans vie à son domicile sur sa véranda sur laquelle a été également retrouvée une lampe torche qui serait la propriété présumée de Joseph UGUWU.
Au total et eu égard à ce qui précède, il est reproché à Constant Bio Jacques ensemble de concert avec Joseph Uguwu d’avoir à Badjoudè, commune de Ouaké, le 12 mars 2009, commis le crime d’assassinat sur la personne de Catherine Puzey. Abdou Gafari Amoussa et Aurélien Bio Jacques, d’être les auteurs des fuites relatives aux confidences faites à l’administration du ‘’Peace corps’’ par la victime concernant les comportements inappropriés de Constant Bio Jacques, lesquelles confidences apparaissent aujourd’hui comme éléments déclencheurs du processus mortel.
Ils sont donc tous deux (02) poursuivis pour complicité du crime d’assassinat commis sur la personne de Catherine Puzey et violation du secret professionnel. Faits prévus et punis par les articles 59, 60, 295, 298, 302, et 378 du code pénal.
Commis pour la défense des intérêts de la partie civile, Me Charles Badou a présenté la victime et levé un coin de voile sur sa carrière. Il a rendu un hommage mérité à la famille, au corps de la paix et à toute l’Amérique. Catherine Puzey a fait de brillantes études et était prédestinée à une brillante carrière. Mais ce rêve a été brisée pour avoir été égorgée dans son sommeil, regrette Me Charles Badou qui fait observer à la cour qu’elle était venue aider les Béninois et le cœur de ceux qui l’aiment réclament justice. Selon Me Charles Badou, c’est un faisceau d’éléments qui ne trahissent pas les actes. Ce sont des faits constants aux dossiers.
« C’est un acte de vengeance. L’acte a été commis sous l’effet de la colère et Constant Bio Jacques doit répondre de ses actes », insiste l’avocat de la partie civile. Même s’il n’est pas parvenu à formellement établir la culpabilité de Joseph, Aurélien et Gafari, faute de preuve palpable, il note que les faits sont constants chez Constant Bio Jacques.
Emmanuel Opita du ministère public dans sa réquisition a aussi eu une pieuse pensée à la victime et lui a rendu un hommage. L’avocat général a salué l’engagement du corps de la paix pour ses œuvres humanitaires.
Pour la défense par contre, les mis en cause dans ce dossier sont des innocents qui ont passé plus de huit (08) ans en détention à la place des vrais auteurs. Ils plaident pour leur acquittement.
La cour présidée par Hubert Arsène Dadjo après avoir délibéré conformément à la loi déclare non coupables les accusés et ordonne qu’ils soient immédiatement mis en liberté.
ABP/BKM/TB