La majestueuse industrie de trafic de faux médicaments, "Adjégounlè", est tombée. Depuis vendredi dernier, c’est un vide serein qui règne dans ce lieu vieux comme le monde. Une prouesse du Nouveau départ.
Le rituel de la libération de l’espace public entamé depuis quelques mois a été célébré à Adjégounlè. Les bulldozers déversés au marché Dantokpa ont broyé tout sur leur passage. Pas d’âme qui bouge, un vide plat règne sur cette partie du marché Dantokpa depuis vendredi. Jamais, par le passé, un gouvernement n’a osé toucher à cette grosse machine. C’est de l’audace tout simplement. Le régime du Nouveau départ bouscule les habitudes et confond les plus confiants. « Jamais Adjégounlè ne peut être atteint », entendait-on souvent. Mais grâce à la ténacité du gouvernement du Nouveau départ, le mythe est tombé. Adjégounlè, cette forteresse imprenable, n’existe plus. En effet, logé au cœur du grand marché international Dantokpa, ce grand centre où s’exerce le commerce de faux médicaments a fonctionné au nez et à la barbe de tous les gouvernements avant même le renouveau démocratique. Il a résisté à tout. Même les menaces des autorités ne l’ont jamais fait frémir. Les devises qui transitent par ce canal et les intérêts aux contours multiples qui s’y logeaient dans leur ramification et dans leurs constitutions confortaient les maîtres des lieux dans la certitude que rien de pareil ‘’au drame’’ du vendredi n’allait se produire. Ils étaient très sereins. Mais, face aux bulldozers, la panique a été générale. Une œuvre de salubrité dont le régime du Nouveau départ, qui actionne les manettes et fonce sans état d’âme, peut être fier. Mais, n’était-il pas temps ? Le Bénin a touché le fond en matière de vente de faux médicaments. Ceci n’est plus une information, car les chiffres au niveau mondial interpellent. Plus d’une décennie déjà que la fondation Chirac interpelle le Bénin. Plus d’une décennie déjà que les institutions et structures internationales publient des rapports sur la situation du Bénin. Plus d’une décennie déjà, mais l’apathie des régimes successifs et leur impuissance face au règne de cette puissance a assez duré. Le Bénin n’en peut plus désormais de multiplier ces mauvais scores dans ce domaine. Il serait même acceptable d’être le dernier au plan économique que d’être une plaque tournante de faux médicaments. Il s’agit d’une mauvaise image qu’il faut corriger. Le régime Talon s’y attèle. Il faudra l’encourager
Fin d’Adjégounlè, fin des faux médicaments ?
La mesure de libération de l’espace public a nettoyé Adjégounlè, mais rien ne certifie que le traffic va s’arrêter. Il s’agit d’une machine portée par des hommes et femmes qui ont du métier. Le gouvernement a réussi le plus dur, mais il n’est pas au bout de ses peines sur le plan de la lutte contre les faux médicaments. Il ne faut plus se leurrer désormais, certains acteurs influents de cette machine sont logés dans le système formel. Des sociétés de vente en gros de produits pharmaceutiques profitent de la faiblesse des lois contre le trafic de faux médicaments pour alimenter le marché parallèle. Au cours de leur sortie il y a quelques mois, le Collectif des pharmaciens du Bénin contre le trafic et le commerce illicite des médicaments a fait des déballages insoutenables sur le traffic alimenté par des structures formelles. Ils ont même réussi à intercepter d’importantes quantités de médicaments. Mais, il a semblé que les puissances d’argent et les différentes formes de pression dans ce domaine n’ont pas permis d’aller loin dans la lutte. Sans une volonté politique affirmée, cette lutte risque d’être vaine. A Adjégounlè, y a-t-il que de faux médicaments ? Une autre paire de manche qui mérite d’être scrutée.
AT