Beaucoup de collégiens de notre pays connaissent bien cette phrase (épitaphe) trouvée sur la tombe d’une femme romaine exemplaire de l’antiquité, qui revient souvent dans les dissertations : « Elle fila de la laine et resta dans sa maison ». La condition de la femme connu beaucoup d’évolutions mais fait aujourd’hui l’objet d’une négligence grave. Selon les statistiques de l’Institut Nationale de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE), résumé dans « Principaux indicateurs sociodémographiques et économiques (RGPH-4, 2013) », les religions les plus pratiquées au Bénin en 2013 sont le christianisme (48,5%) et l’islam (27,7%). Ces deux religions sont suivies des adeptes des religions traditionnelles vodoun (11,6%) et ceux qui pratiquent la religion traditionnelle autre que le vodoun (2,6%). En sommes 90,4% des Béninois pratiquent ces trois grandes religions.
Lorsque nous arpentons les temples, les églises et les mosquées de ces différentes religions, il ressort des prescriptions bibliques, islamiques et endogènes, une réalité défavorable pour la femme.
Selon le Saint Coran, « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, (…). Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous de leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes Haut et Grand ! » La Sourate AN-NISA (LES FEMMES), Verset 34. Cette même idée est également développée dans d’autres sourates et versets : Sourate 2, AL-BAQARAH (LA VACHE) verset 223.
Dans la Sainte Bible, il est établi que la femme a été créée après l’homme et pour lui. Genèse chapitre 2 verset 21 et 22 : « Alors l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme ». L’idée d’un être complémentaire et soumis est bien développée par la Bible, notamment dans l’épitre de l’Apôtre Paul aux Ephésiens 5 : 22-24 : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses ». L’homme est le chef de la femme avec pour obligation d’aimer la femme au point de donner sa vie pour elle comme Christ l’a fait pour l’Eglise poursuit le chapitre.
A priori, les religions endogènes ne font guère une meilleure place à la femme. Elle est condamnée à jouer les seconds rôles et à rester soumises à son mari. Mais est-ce en réalité le vrai message des livres saints ? Ou alors, les hommes interprètent ces textes en leur faveur ?
En clair, l’on retient que du point de vue des prescriptions religieuses adoptées par plus de 90% des hommes et des femmes du Bénin, la femme, parce qu’elle est le sexe faible (comme le mentionne la Sainte Bible dans 1 Pierre 3 : 7 : « Maris, montrez à votre tour de la sagesse dans vos rapports avec vos femmes, comme avec un sexe plus faible », doit demeurer dans la soumission et laisser l’homme jouer les premiers rôles. Dans ces conditions, comment peut-on avoir un discours officiel optimiste ? 9 Béninois sur 10 confessent une vision de la promotion de la femme qui n’est pas en phase avec le discours officiel. Cette situation devrait nous interpeller afin qu’on puisse clarifier les prescriptions des trois grandes religions du pays et rechercher une cohérence entre le discours politique et les réalités socioreligieuses de notre pays. C’est tout le sens qu’il convient de donner au Projet de la Fondation Le Municipal d’organiser un débat sur la question. L’objectif général poursuivi est d’organiser une conférence publique d’information et un débat de fond sur la perception des confessions religieuses dominante au Bénin sur la condition de la femme en lien avec le thème de la JIF 2017. Cette conférence aura durant le mois de la célébration de la JIF 2017. Comme résultat attendu, on peut indiquer une clarification des prescriptions religieuses afin de les rapprocher du discours officiel sur la promotion de la femme. Ce discours devrait prendre en compte les réalités religieuses de notre pays. De même, des pistes de solution et de stratégies sont proposées pour positionner la femme au cœur des réformes institutionnelles et politiques en cours dans notre pays.
Bonne fête à toutes les femmes et que vive le Bénin, un pays où les hommes et les femmes travaillent main dans la main pour le développement de la nation.
Mme Esther OROU, Consultante, Présidente du Comité d’Organisation
du Projet « Prescriptions religieuses sur la femme et pertinence du
discours officiel dans la perspective d’une planète 50 - 50 d’ici 2030 ».