Le gouvernement de la Rupture pencherait pour la réduction des partis politiques. Des proches du pouvoir soutiennent l’idée. Mais plusieurs universitaires s’insurgent contre cette future réforme.
Plusieurs universitaires ont dénoncé la limitation programmée des partis politiques au Bénin. Hier mardi à la faveur de la Table ronde sur les 27 ans de la Conférence nationale initiée par le Centre de Droit constitutionnel et la Faculté de droit et de science politique (Fadesp) de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), ils ont crié haro sur le baudet. « La limitation des partis est une idiotie», a déclaré le Professeur Denis Amoussou Yéyé. L’ancien Président de la Cour constitutionnelle, Robert Dossou montrera que « la liberté ne se saucissonne pas ». « Il ne faut pas limiter les partis politiques. Les limiter, c’est ouvrir la voie à la dictature», a-t-il prévenu.Le multipartisme ou encore le pluralisme politique alimente la vie démocratique, à en croire le Professeur de droit, Philippe Noudjènoumè. « On ne saurait limiter les partis politiques par un décret. Ça ne marchera pas au Bénin. Ce sera une grosse faute », a-t-il affirmé. Et le Professeur Sylvain Akindès de préciser : « Je suis complètement contre la limitation des partis politiques ». Pour ces têtes pensantes, se lancer dans cette entreprise, c’est attiser un drame. A les entendre, la Conférence nationale a libéré les énergies longtemps embrigadées par le régime militaro-marxiste. Le multipartisme constitue selon eux, un moteur pour la démocratie. Il l’entretient et la renforce. Certes le Bénin fait face aujourd’hui à un multipartisme débridé, mais il ne doit pas, à en croire Philippe Noudjènoumè, être analysé comme une catastrophe. Contrairement donc à certains soutiens du gouvernement qui font déjà les plateaux de télévision et de radio pour révéler cette réforme du gouvernement, l’intelligentsia affiche ses craintes.Le député Orden Alladatin avait déclaré le 12 février dernier que la scène politique devrait être faite de trois ou quatre ensembles politiques dans les prochains jours. Si la réforme devrait être décrétée, elle devrait manifestement provoquer un lever de boucliers tant l’initiative est liberticide, voire très dangereuse. Pour les universitaires, le principe reste la liberté. Beaucoup pensent qu’il faudra peut-être changer les modes de scrutin, notamment le scrutin à liste avec représentation proportionnelle ou redéfinir le financement public des partis politiques.
A.S