Les autorités béninoises ont demandé le retrait de l’accréditation à Jean-Paul Monchau, Ambassadeur de France près le Bénin et demandent au Quai d’Orsay, son remplacement. La raison, l’ire provoquée par le classement du Bénin comme zone à risque. Même si les responsables de l’Ambassade de France près le Bénin refusent de confirmer l’information, les observateurs y voient le refus du gouvernement béninois d’admettre la réalité des risques d’enlèvement et d’attentat au Bénin annoncés par le Quai d’Orsay. Les plus avertis prédisent que le gouvernement devra ravaler sa décision une fois la colère présidentielle tombée.
Le Bénin ne veut plus de Jean-Paul Monchau comme Ambassadeur de la France. Les autorités béninoises l’ont fait savoir hier à la représentation française. En effet, dans un message posté sur le site de son ministère des Affaires étrangères, la France inscrit une partie du Nord Bénin dans la zone rouge et déconseille à ses ressortissants de s’y rendre. La communauté française au Bénin a reçu les mêmes avertissements et des conseils de prudence dans ce sens. Ce faisant, les autorités françaises, mal informées par leurs représentants à Cotonou, ont tôt fait de semer la panique au sein des populations et de jeter du discrédit sur l’image de notre pays.
Démenti
Il n’en fallait pas plus pour sortir les autorités béninoises de leurs réserves. Que ce soit le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique ou son collègue des Affaires étrangères, ils ont élevé une vive protestation contre ces informations qui, selon eux, sont totalement sans fondement. Par la même occasion, ces ministres ont exigé que l’Ambassadeur Jean-Paul Monchau apporte les preuves de ses allégations.
" L’information donnée par le Quai d’Orsay est sans fondement et ceux qui les ont transmises à la partie française ne mesurent pas l’impact négatif qu’elles peuvent produire sur la situation sécuritaire au Bénin ". Ainsi s’exprimait le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Benoit Dègla qui n’explique pas pourquoi l’Ambassadeur de France près le Bénin, Jean-Paul Monchau ne peut pas sacrifier au respect des règles diplomatiques avant de divulguer un communiqué aussi sensible. On lui reproche de ne s’être pas rapproché des autorités béninoises en charge de la sécurité encore moins des autorités diplomatiques avant d’envoyer au Quai d’Orsay, les informations erronées qu’il aurait reçu de la part de l’un de ses compatriotes.
Divorce
Le gouvernement béninois a donc manifesté une vive protestation à cette attitude de l’Ambassadeur français qui est, selon lui, impardonnable. Et, la conséquence logique pour tout pays qui se respecte, c’est de demander le rappel de ce diplomate. C’est justement ce qu’ont fait les autorités béninoises en retirant leur accréditation au diplomate français qui est désormais persona non grata au Bénin. D’ailleurs des sources dignes de foi indiquent que Jean-Paul Monchau a été rappelé à Paris pour des consultations d’usage. Avec cette décision des autorités béninoises, ce n’est pas évident qu’il revienne au Bénin en tant qu’ambassadeur.
Les faits
Rappelons que l’information qui est aujourd’hui à la base de la brouille entre la France et le Bénin au point où les autorités béninoises ont exigé le rappel de l’Ambassadeur Jean-Paul Monchau, serait partie d’un entretien entre un couple français et un honorable député dans un hôtel à Malanville. Au cours de cet entretien, le député aurait imprudemment annoncé la présence de Boko Haram au Bénin. Il n’en fallait pas plus pour que ce couple français transmette l’information sans aucune précaution au Quai d’Orsay qui, à son tour, déclare une partie du Bénin, zone orange. Bien que l’information divulguée par les Français ne soit pas fondée, le ministre de l’Intérieur estime que les forces de défense et de sécurité sont suffisamment mobilisées pour renforcer la sécurité du pays par ces temps difficiles pour la sous-région avec la crise malienne et autres. Un effort que Jean-Paul Monchau qui ne rate pourtant aucune occasion pour louer les efforts faits par le gouvernement sur tous les plans, n’a malheureusement pas su apprécier à sa juste valeur. Sinon, il n’aurait pas accepté la divulgation de telles informations. En attendant la réaction du Quai d’Orsay, les autorités béninoises rassurent la communauté française notamment que toutes les dispositions ont prises pour garantir la liberté de circulation sur l’ensemble du territoire national et l’invite par conséquent à ne pas céder à la panique.