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Accès à la terre : Les activités de maraîchage en difficulté à Houéyiho
Publié le jeudi 2 mars 2017  |  La Nation
Echanges
© aCotonou.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Echanges croisés entre journalistes et communicateurs ouest-africains autour du phénomène de la dégradation des terres
Lomé, du 3 au 7 octobre 2016. Hôtel IBIS. Atelier sous-régional de renforcement des capacités des hommes et femmes de média et de communicateurs sur la thématique de Gestion Durable des Terres et des Eaux (GDTE) dans les pays SAWAP (Programme de la Banque Mondiale/FEM pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest -Sahel and West Africa Programme-). Atelier pratique s`inscrivant dans le cadre de la mise en oeuvre du BRICKS (Projet de Renforcement de la résilience par le biais de services liés à l’innovation, à la communication et aux connaissances) par le CILSS, l`OSS et l`UICN-PACO.




L’accès à la terre demeure un casse-tête pour certains des maraîchers sur le site de Houéhiyo. Cet état de choses empêche les producteurs de développer leurs activités.

L’accès des maraîchers à la terre est une préoccupation sur le site de Houéhiyo à Cotonou. Sur ces superficies où s’étend de la verdure, des producteurs travaillent avec des moyens de bord sans connaître le développement de leurs activités.

A Houéyiho, l’un des plus anciens et grands domaines dédiés au maraîchage, au moins 314 agricultrices et agriculteurs se partagent environ 13 hectares. De petits lopins de terre sont réservés à chaque acteur. Ceux disposant des plus grands espaces ont une certaine ancienneté.
Marie Vianou passe pour l’une des « doyennes » du site. Cette septuagénaire totalise plus de 50 années d’expérience sans grand avancement depuis le démarrage des activités du site le 5 janvier 1972. « Quand on travaille dans la vie, c’est pour connaître une ascension. Mais ici, nous n’évoluons pas », se plaint-elle.
L’ancien président de l’Association des maraîchers de Houéyiho, Gérard Adounsiba, y a fait son parcours. « C’est depuis 1977 que j’ai officiellement commencé par travailler ici. Depuis quarante ans, le domaine des 1000 m² que j’ai toujours occupé n’a pas augmenté d’un seul centimètre-carré », souligne-t-il. « J’ai commencé le maraîchage ici quand j’étais en classe de 5e. Entre-temps, j’ai grandi et vieilli. Aujourd’hui, j’ai une famille à nourrir, des enfants à scolariser, mais j’ai toujours occupé le même espace », renseigne-t-il. Selon lui, l’accès à la terre sur le site relève d’un parcours de combattant. « Nous n’avons pas suffisamment d’espaces pour le nombre que nous faisons. Nos nombreuses démarches pour changer la donne n’ont pas prospéré. Si nous y sommes, sachez que c’est par nécessité », se résigne-t-il. Mais Gérard semble être encore plus chanceux que d’autres.
Joël Bassadji capitalise aujourd’hui une douzaine d’années d’expérience sur le site et n’occupe que 150 m² hérités de son père. S’il a commencé les activités tout jeune, les temps ont changé. Il doit désormais nourrir une famille de deux enfants en travaillant sur la même superficie. Ce qui suscite des grincements de dents de sa part. L’actuel président de l’Association des maraîchers de Houéyiho, Charles Bèwa, n’en dira pas moins.

Le site Agblangandan insuffisant

Le site de maraîchage de Houéyiho est l’une des neuf zones d’agriculture urbaine qui ont poussé au cœur de la capitale économique du Bénin. Il représente environ 45% de la surface exploitée par les maraîchers de la ville.
L’alternative trouvée par l’Etat pour le désengorger n’a pas permis de prendre en compte tous les producteurs. Pour le moment, les maraîchers ne se gênent pas pour se rabattre sur d’autres sites du fait de manque d’espaces pouvant les contenir. Le site d’Agblangandan érigé en leur nom, selon Gérard Adounsiba, est insuffisant pour les abriter tous. Aujourd’hui, ils sont encore plus de 300 maraîchers titulaires à exercer à Houéyiho.
En réalité, l’avenir du site dépend de la volonté de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna). L’autorité aéroportuaire a déjà essayé plusieurs fois de mettre fin à l’occupation de ce domaine qui est sa propriété. Mais les démarches des occupants à son endroit l’ont sans doute dissuadée au point où ils se confortent dans leurs positions.
« Si nous exerçons encore ici, c’est grâce à la compréhension et à la générosité de l’Asecna», soutient l’ancien président de l’association des maraîchers de Houéyiho.
L’accès des agriculteurs à la terre reste une alternative pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Bénin. Sur le site des maraîchers de Houéyiho par contre, cet idéal est loin d’être concrétisé. Le domaine n’est pas extensible et les producteurs se retrouvent coincés sur le site. Ce qui les empêche d’étendre leurs activités. « Nous sommes réduits dans nos interventions. Il n’y a pas de structures appropriées pour nous accompagner », se plaint encore Gérard Adounsiba. Lui et ses collègues plaident alors pour la création d’un village maraîcher à Cotonou par le Gouvernement en vue de décongestionner le site et de promouvoir la culture maraîchère au Bénin?

Pas de contamination

Le site de maraîchage de Houéyiho se retrouve dans l’axe d’atterrissage des avions sur la piste de l’aéroport international Cardinal Bernadin Gantin. Ce qui suscite quelques inquiétudes dans le rang des consommateurs quant à la contamination des produits maraîchers par des substances toxiques. Sur ce point, l’ancien président des maraîchers, s’inscrit en faux. « Des Allemands sont venus faire plusieurs prélèvements pour des analyses sur nos plantes dans des laboratoires chez eux. Lesquelles n’ont rien révélé d’anormal », se réjouit-il. De quoi les installer confortablement dans leur position en attendant des solutions pérennes.
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