La chaine de télévision privée Canal3 Bénin a reçu hier quatre invités autour de la question de la révision de la Constitution, qui nourrit actuellement toutes sortes de polémiques au Bénin. Etaient sur le plateau, l'ancien ministre de Yayi, Victor Topanou, le professeur Ibrahim Salami, Urbain Amégbédji de la Société civile et Iréné Agossa. Quatre invités donc qui ont des avis contradictoires sur le sujet.
''Le projet est mal parti et le dialogue manque '', ce sont là les propos du premier intervenant de ce débat pour fustiger le dialogue de sourds qui s'observe autour de ce projet. A en croire, Urbain Amégbédji, acteur de la Société Civile, et Coordonnateur de l'Ong Africa Obota, l'imprescriptibilité des crimes économiques autour duquel les révisionnistes entretiennent le débat est une disposition déjà prévue par le texte de lois portant lutte contre la corruption, récemment voté par le parlement. Et donc, on n'a plus besoin de l'insérer dans la Constitution avant que cela ne s'applique. Mieux, il a relevé et fustigé, dans le nouveau projet de loi portant révision de la Constitution, une certaine fragilisation du pouvoir législatif au profit du pouvoir exécutif, et de celui du juge constitutionnel. Il estime également que l'initiative populaire, qui est un nouveau facteur qui sera ajouté à la Loi fondamentale, n'est pas adaptée au régime constitutionnel béninois. Cette initiative populaire qui n'est appliquée nulle autre part qu'en Suisse, selon Urbain Amégbédji, ne s'applique dans aucun régime présidentiel, comme le notre, au monde. En l'insérant dans le système constitutionnel béninois, cela changera systématiquement, selon lui, le régime présidentiel, ce qui fera appel à un changement de république.
Pour Iréné Agossa, président du mouvement "Le Nationaliste", qui soutien fermement le projet de réforme constitutionnelle engagée par le gouvernement de Boni Yayi, c'est une révision qui permettra d'assainir les Finances Publiques et qui permettra d'instaurer une certaine orthodoxie de gestion financière, à travers la constitutionnalisation de la Cour des Comptes et de l'imprescriptibilité des crimes économiques dans le cadre de la moralisation de la vie publique et de la lutte contre la corruption. Aussi a-t-il soutenu la constitutionnalisation de la Cena et l'initiative populaire que prévoit le nouveau projet de loi portant révision de la Constitution du 11 décembre 1990.
Du côté de Ibrahim Salami et de Victor Tokpanou, les réactions sont presque identiques puisque ces deux invités, faisant référence aux tournées des ministres, dénonçant respectivement la politisation et la personnalisation du débat autour de ce projet de révision. L'autre point de divergence entre les quatre invités de l'émission, se situe au niveau de la procédure engagée par le gouvernement. Iréné Agossa, à travers ses arguments, a essayé d'appuyer l'option faite par le gouvernement de n'intégrer les différentes modifications retenues au texte initial de décembre 1990, suite à son vote par l'Assemblée Nationale, qu'après approbation de la population par voie référendaire, qui devra faire objet d'une large consultation nationale. Battant en brèches les arguments de son vis-à-vis, Urbain Amégbédji, croit savoir que le projet de loi de réforme constitutionnelle devait d'abord faire l'objet d'une large consultation nationale, avant même son introduction à l'Assemblée Nationale. Aussi a-t-il insisté sur le consensus national qui doit servir de base à ce projet de révision constitutionnelle.