Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Le peuple a faim et s’impatiente : Le PR (Talon) joue avec le temps
Publié le mardi 7 mars 2017  |  Matin libre
Patrice
© aCotonou.com par DR
Patrice Talon, President du Bénin




A la présidence de la République le week-end écoulé, Patrice Talon a parlé aux rois de la partie septentrionale du pays. Au-delà des autres considérations, ce qui a retenu l’attention, c’est le moratoire que le président de la République (PR) demande à nouveau au peuple béninois qui s’impatiente de voir les réalisations concrètes du gouvernement de la Rupture, installé depuis 11 mois.

Le Chantre de la Rupture, du Nouveau départ et du Bénin Révélé avait envie de s’adresser à son peuple. Et, à défaut d’une tournée comme il l’avait fait courant mi-novembre 2016 dans le Nord-Bénin, il s’est servi des têtes couronnées. Une chose est sûre, l’objectif est atteint. Patrice Talon a réussi à faire passer son message, abondamment relayé d’ailleurs par la presse. « (…) La situation est difficile. La vie est dure dans le pays. Manger est difficile. Il n’y a pas de travail. Nous le savons et je le savais aussi très bien. Mais pourtant, je me suis engagé. J’ai promis que les choses vont s’inverser, que la situation ne restera pas ainsi. Je voudrais vous prier encore de me faire confiance. Les difficultés des uns et des autres génèrent de l’impatience. Lorsqu’on a faim, lorsqu’on a des besoins, on est impatient. Que ce soit en Afrique, en Europe, chez les Blancs ou les Noirs, le besoin, ce qui nous manque nous rend impatient. Et c’est légitime que les concitoyens soient si impatients. Mais, construire exige du temps. Surtout ce qui est gâté met du temps à être reconstruit (…) ». En lisant entre les lignes, on peut se rendre compte que le chef de l’Etat est bien conscient que ça ne va pas dans le pays et que ça gronde. Mais la question qu’on pourrait se poser est que jusqu’à quand ses concitoyens devront patienter pour constater les effets de la mise en œuvre du Programme d’actions du gouvernement (Pag) ? Patrice Talon a la réponse et l’a même soufflé à ses hôtes : « (…) Ce que je voudrais vous dire, c’est qu’il y a bientôt un an que je suis là, et vous n’avez rien vu. C’est vrai. Mais vous m’avez élu pour 5 ans. Je ne ferai pas 5 ans pour vous montrer ce que nous sommes en train de construire. D’ici un ou deux ans au maximum, vous verrez concrètement de vos yeux que nous avons commencé à construire, la plupart des routes qui restent à construire. Vous verrez que la plupart des communes seront connectées par des voies carrossables. Vous constaterez que les marchés seront construits dans la plupart de nos villes. Vous constaterez que le système de santé sera amélioré et que presque tous les Béninois auront droit à la santé. Mon gouvernement et moi travaillons beaucoup. Bientôt, vous verrez d’autres usines créatrices d’emplois et de richesse s’implanter dans la partie nord de notre pays. Pour ceux qui attendent qu’il y ait davantage d’usines de coton pour l’égrenage, ils verront de leurs yeux que d’autres usines verront le jour bientôt (…) ». Patrice Talon a parlé, mais quand on fait le rapprochement, le discours est resté pratiquement le même que celui de Parakou. A presque un an d’exercice du pouvoir, le gouvernement et son chef continuent d’être éprouvés. Pour certains observateurs, c’est ni plus ni moins de la diversion, que le président Talon en arrive à répéter les mêmes choses. « (…) Quand je faisais la campagne, je suis venu à Parakou et je vous ai dit que j’étais préparé pour la fonction. Que je connais mon pays, que je sais à quel point le pays va mal, que j’étais prêt. Je vous affirme que je demeure prêt et je me suis déjà mis au travail. Mais les 7 mois qui viennent de s’écouler ont été éprouvants pour moi (…) parce qu’on dit ça fait 7 mois, mais ils ne font rien du tout. Il ne fait rien du tout depuis 7 mois. C’est vrai qu’on travaille à construire ce qui va être mis sur le chantier, mais ça fait aussi beaucoup de petites choses (…) Je veux simplement dire par là que j’ai besoin de votre mobilisation. J’ai besoin que mes compatriotes soient déterminés pour serrer encore la ceinture afin qu’on parvienne rapidement à résoudre les problèmes qui se posent à notre pays (…) Nous allons construire le pays. Vous allez commencer à avoir les effets très bientôt, mais au même moment, il est nécessaire de serrer la ceinture ». Si l’on se réfère à ce discours de Parakou, les Béninoises et les Béninois sont désormais fixés sur le « très bientôt » de leur président. Ils n’ont qu’à serrer davantage la ceinture, et à résister à tout, pendant environ 12 mois encore.

Le facteur temps comme prétexte…

Tout porte à croire aujourd’hui que Patrice Talon, face à la dure réalité du pouvoir, joue avec le facteur temps. Bien qu’ayant été forgé opérateur économique, il n’est pas un novice. Le PR voit venir à grandes enjambées le 6 avril 2017 et sait que le bilan de ses 12 mois à la tête du pays sera fait. Dans cette attente, il cherche des situations atténuantes. C’est pourquoi certains estiment que ses propos tenus ce week-end sonnent comme une échappatoire ou un faux-fuyant. En effet, l’an dernier déjà certains proches du régime avaient trouvé d’excuse en avançant que l’actuel gouvernement n’exécutait que le budget insignifiant laissé par l’équipe de Yayi Boni. Mieux, depuis un an, Patrice Talon qui a déclaré à Parakou qu’il n’aime pas « être objet de trop de pression », a embrigadé les libertés en interdisant des manifestations. Sans opposition, il a donc disposé du temps comme il l’entendait. Et pourtant ! Malgré le Budget de 2010 milliards à lui accordé par l’Assemblée nationale, il continue de se plaindre et demande encore un délai de grâce. N’est-ce pas là une volonté manifeste de vouloir toujours maintenir le peuple dans les conditions précédemment décrites ? Deux ans de délai de grâce, et donc un tacite pacte de non-agression, c’est ce que demande implicitement Talon à la jeunesse, à l’armée, aux organisations syndicales, à la société civile, à la classe politique, aux conducteurs de taxi-motos, aux femmes des marchés; bref, aux différentes couches de la nation. Parviendra-t-il à avoir une suite favorable à sa demande auprès de ce beau monde qui trouvait déjà très longue, l’attente des 12 premiers mois ? Les prochaines semaines nous situeront.

W.B
Commentaires