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Esther Orou, présidente du comité d’organisation de la Jif au Municipal : « Que la femme ne laisse personne lui fixer des limites »
Publié le mercredi 8 mars 2017  |  La Nation
Esther
© aCotonou.com par DR
Esther Orou, présidente du comité d’organisation de la Jif





Esther Orou est spécialiste en développement et gestion de projet. Elle est la présidente du comité d’organisation de la Journée internationale de la femme au niveau de la Fondation « Le Municipal ». Elle pense qu’il faut donner une autre orientation à l’organisation de la Jif au Bénin pour mieux impacter les femmes rurales.

La Nation : Comment vont se dérouler les manifestations de la Journée internationale de la femme, sans le folklore habituel ?

Esther Orou : Au-delà de l’aspect fête, nous voulons faire passer un message, c’est pourquoi nous avons décidé d’inviter des personnes ressources qui vont pouvoir se prononcer par rapport au sens réel de cette célébration. L’organisation de cette journée vise la promotion de la femme. Nous devons poser des actes qui vont dans ce sens. Au lieu d’acheter des pagnes et de s’investir dans des folklores pour célébrer l’événement, nous allons donner des conférences publiques. Nous avons pris les dispositions pour que le message puisse vraiment passer et impacter positivement nos communautés à travers les débats qui seront menés au cours de ces conférences afin que l’information puisse être relayée dans toutes les autres communes. Je rappelle que le municipal intervient dans les 77 communes du Bénin. Cette fois, nous ne comptons pas faire une fête habituelle comme beaucoup d’organisations le font chaque année.

Avez-vous déjà eu l’occasion de vivre les manifestations de la Jif dans d’autres pays ?

En tant que spécialiste du développement et du genre, j’ai souvent suivi cette célébration ailleurs en dehors du Bénin à travers des conférences-débats qui s’organisent. Et précisément dans la sous-région africaine. Je peux vous dire que la manifestation se fait souvent avec assez de fêtes, avec les femmes habillées en uniformes et c’était beaucoup plus la festivité qui est mise en avant. Ce qui fait que le message a malheureusement tendance à être noyé dans les célébrations. Donc c’est la différence que je constate entre ce qui est organisé chez nous au Bénin et ailleurs.

Y a-t-il une particularité au niveau du Bénin par rapport à la sous-région ?

Même si la particularité existe, elle n’est pas grande, parce que le Bénin célèbre également la Jif à travers beaucoup de spectacles. Par contre dans les pays développés, nous constatons que l’accent est beaucoup plus mis sur les conférences-débats dans les universités animées par les Ong qui interviennent dans plusieurs domaines tels que le genre et le développement. Ces genres de conférences permettent de faire passer des messages. A l’occasion de cette fête, des articles sont même réalisés dans ces pays, qu’on diffuse plus tard dans des universités.

Identifier et primer des femmes battantes, cela peut-il contribuer à valoriser davantage la femme ?

La décoration des femmes pour les encourager à travers ce qu’elles font, est une très bonne chose. Cependant il ne faudrait pas juste décorer la femme, mais plutôt faire à l’avance un travail de fond qui consiste à amener la femme elle-même à comprendre qu’elle représente un maillon important au sein de la société et qu’en aucun cas, elle ne devrait reculer devant certains discours qui, en réalité, ont tendance à les ralentir dans leur élan. Pour ma part, le message de la promotion de la femme doit être encore plus approfondi au niveau du genre.

Qu’est-ce que l’organisation d’une telle fête apporte concrètement aux femmes rurales ?

C’est pour que cette manifestation impacte désormais les femmes des campagnes que nous avons choisi au niveau du municipal de descendre cette fois-ci dans les 77 communes de Bénin pour avoir un contact direct avec ces femmes. C’est la nouveauté de cette année. La fête ne doit pas être centralisée seulement au niveau des femmes intellectuelles. Les femmes en milieu rural jouent un grand rôle en matière de développement. Et cela va se faire par l’intermédiaire des mairies qui nous aident à avoir ces femmes comme public cible. Nous voulons les impliquer dans tous les débats afin qu’elles aient l’occasion de dire leurs besoins et leurs difficultés. Elles doivent savoir qu’elles ont quelque chose à apporter au processus de développement.

Le thème de cette année est relatif aux prescriptions religieuses et aux discours politiques. Pourquoi ce choix ?

Nous sommes partis du constat selon lequel, les responsables religieux ne sont pas souvent bien associés aux questions liées à la promotion de la femme. Or ils ont une grande influence au niveau de notre communauté. Nous avons donc trouvé qu’il serait nécessaire de les associer dans le but d’avoir leur opinion par rapport à cette question de la promotion de la femme. La Constitution béninoise prône l’égalité des sexes, donc chaque acteur doit agir dans ce sens. L’égalité dont nous parlons ici est l’égalité par rapport aux opportunités. Nous aimerions que les écrits religieux qui valorisent la femme soient désormais mis en exergue pour qu’on ait le même discours partout.

Est-ce que la manière dont la fête est célébrée au Bénin apporte de grands changements dans la vie des femmes?

J’ai toujours constaté qu’il y a plus de fête que de message à chaque célébration. Et la manière dont elle est célébrée semble noyer le message que nous voulons porter. C’est pour cela que Le Municipal veut que cette fois-ci, il y ait un message.

Quel est ce message ?

Le message principal du Municipal pour cette édition est : « Journée internationale de la femme 2017 pour impacter les communautés à la base dans la promotion de la femme avec l’implication des religieux pour une conciliation du discours public et celui religieux ». Et nous voulons y travailler pour dire aux femmes qu’elles sont capables, qu’elles ont des potentialités pour vraiment contribuer au processus de développement. Que la femme ne laisse jamais quelqu’un lui fixer des limites. Qu’elles fassent tout pour se surpasser dans tout ce qu’elles font. C’est ce que j’ai de particulier à dire vaux femmes à l’occasion de cette fête?

Lazare AKPAHOU
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