La lutte contre la criminalité pharmaceutique est davantage musclée au Bénin depuis vendredi 24 février dernier, notamment avec l’opération Pangea IX. Si l’engagement du gouvernement de contrer l’industrie mortelle des médicaments contrefaits est à saluer, il faut reconnaitre que l’acte qui sera le plus salutaire aujourd’hui sera de gagner le pari de l’accessibilité des produits pharmaceutiques.
L’opiniâtreté des populations (plus de 85% selon une étude réalisée) à recourir aux étalages pour se soulager plutôt que les pharmacies se justifient en partie par le fait que les médicaments en pharmacie ne soient pas aussi accessibles que ceux taxés de contrefaits. Quand bien même les populations restent convaincues en majorité que le “médicament de la rue tue’’, la sensibilisation n’a pu prendre le dessus sur l’accessibilité des marchands d’appoint vendant souvent les produits à l’unité en raison faible pouvoir d’achat des populations par rapport aux médicaments vendus en officine. D’où la nécessité pour le gouvernement et les acteurs du sous-secteur de la pharmacie d’œuvrer à favoriser l’accès des médicaments aux populations. Il s’agira prioritairement de revoir, d’une manière ou d’une autre, à la baisse les coûts des médicaments en officine et surtout réviser la carte pharmaceutique de sorte à assurer une couverture intégrale du territoire national en officine de pharmacie. Au lendemain du démarrage de l’opération PangeaIX, le Syndicat indépendant des pharmaciens du Bénin (Siphab) a invité les populations à recourir aux officines pour se procurer les médicaments et à réclamer au besoin les génériques qui sont des médicaments de qualité à moindre coût. Mais il faut aller loin et détourner définitivement l’attention des pauvres populations des médicaments vendus à la criée. Faut-il pourtant le rappeler, d’après une étude de l’Oms, 200.000 décès par an pourraient être évités, si les médicaments prescrits contre le paludisme étaient conformes à la réglementation et capables de traiter réellement la maladie.Au Bénin, selon une étude récente du ministère de la santé, plus de 6 000 personnes seraient impliquées dans le commerce de faux médicaments et 85 % de la population s’approvisionneraient sur le marché informel.Le gouvernement du Nouveau départ aurait donc gagné le pari de la lutte contre la criminalité pharmaceutique si le défi de l’accessibilité des produits en officines parvient à être relevé.
Aziz BADAROU