Proposition sincère et désintéressée ou hypocrisie politique voilée ?
A l’occasion du conclave parlementaire d’Agoué, l’autre semaine, le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, est revenu sur une importante question politique qu’il avait lancée dans l’opinion depuis quelques mois : ‘’Comment améliorer la représentativité des femmes dans les instances de décision, en général, et au parlement, en particulier ? Depuis lors, le sujet fait débat. A la faveur de la célébration de la journée internationale de la femme (JIF), hier mercredi, la proposition de Me Houngbédji pour améliorer la représentation des femmes au parlement béninois a encore focalisé toutes les attentions.
Par Jacques SEGLA
Faut-il le rappeler, au Parlement béninois, les femmes ne représentent que 8% des députés de la 7ème législature. Ce faible taux de représentativité de la gent féminine avait récemment chatouillé la sensibilité du président Houngbédji, qui n’a plus tari de propositions pour améliorer cette tendance. Le sujet était à l’ordre du jour du séminaire tenu à Agoué, la semaine écoulée. En effet, pendant deux jours, les députés ont travaillé d’arrache-pied sur la question. A l’arrivée, les députés ont fait plusieurs recommandations, visant notamment à obtenir le consensus sur la révision de l’article 26 de la Constitution et à saisir l’opportunité des réformes politiques et institutionnelles en perspective, pour intégrer les éléments de l’exposé des motifs adoptés à l’atelier. Dans cette optique, il sera question de dégager un siège de député par circonscription électorale pour les femmes. Ce qui induira, à n’en point douter, une augmentation de sièges de députés au parlement. Ainsi, de 83 actuellement, le nombre de députés passera à 107. Hier mercredi, ce clin d’œil soudain des députés à la gent féminine est passé au peigne fin, à travers plusieurs fora. On se demande si ce coup de cœur en faveur des femmes est vraiment sincère et désintéressé, ou s’il est entaché de l’hypocrisie légendaire de nos hommes politiques. Surtout que ces députés n’ont pas eu la générosité de libérer les 24 sièges dans le nombre qu’ils font actuellement au parlement. Qui est fou. Nombre de Béninois voudraient donc savoir si aucun calcul politicien ne sous-tend cette brusque ouverture d’esprit de nos députés à la cause de la gent féminine. Leur adhésion au projet de révision de la constitution sera-t-elle conditionnée par la prise en compte de leurs recommandations relatives à la modification de l’article 26 de la constitution, qui, on le sait, interdit toute discrimination ? Plusieurs femmes politiques de haut rang nourrissent beaucoup d’appréhensions par rapport à cette proposition des députés ; parce que, selon elles, la parité ne peut se décréter au détour d’une loi. C’est la femme même qui doit se battre pour sa prise en compte régulière dans les instances de délibération dans notre pays. A l’évidence, la proposition des députés a presque occulté le thème principal de la célébration de la 22ème édition de la JIF 2017, placée sous le signe de la valorisation du travail féminin. Certes, tout le monde reconnaît que le peuple béninois est très suspicieux, et crédite difficilement ses dirigeants de bonne foi. Mais à bien des égards, ce clin d’œil des députés à l’endroit des femmes ressemble à un « cadeau empoisonné », donc loin d’être désintéressé.
Morosité de la situation sociale au Bénin
Le président Patrice Talon appelle à la patience
Par Roger Omondjagou
Le président Patrice Talon n’est pas déconnecté des dures réalités que vivent actuellement les Béninois qui l’ont porté au pinacle, il y a un peu moins d’un an. « La vie est dure dans le pays. Il n’y a pas de travail. Nous le savons et je le savais aussi bien. Mais pourtant, je me suis engagé. J’ai promis que les choses vont s’inverser, que la situation ne restera pas ainsi. Je voudrais vous prier encore de me faire confiance. D’ici un ou deux ans, vous verrez ce que nous avons commencé à construire ». Ce sont là des propos tenus par le chef de l’Etat, lors de sa rencontre avec les rois du nord-Bénin. Des propos empreints d’humilité, qui prouvent à suffisance que Patrice Talon a bien connaissance de l’austérité que subit actuellement son peuple. Mais il apaise, et promet que des lendemains meilleurs vont essuyer toutes ces larmes.