Le gouvernement et la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (Fésen) n’avancent pas les mêmes chiffres relativement à l’amélioration des conditions de vie et de travail dans les écoles, collèges ainsi qu’au niveau des enseignants. Ainsi, alors que le gouvernement plaide au niveau des populations pour une rentrée scolaire 2013-2014 apaisée, la Fésen crie à la misère et au délabrement de l’école béninoise. Elle appelle « au combat ».
C’est une grosse campagne de communication que mènent actuellement les membres du gouvernement sur l’ensemble du territoire national. Ils ont reçu comme consigne d’aller passer « les bonnes informations » aux populations béninoises, notamment sur les efforts déployés par l’Exécutif en faveur du secteur de l’éducation. Et depuis, les ministres et autres cadres du palais s’y attèlent, chacun dans son fief. Dans le même temps, dans une correspondance datée du 24 septembre 2013, la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (Fésen), affiliée à la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), crie au ras-le-bol. Pour la Fésen, l’école béninoise va au délabrement. La correspondance signée du secrétaire général de la Fésen, Eustache Zinzindohoué, souligne un effectif pléthorique dans les classes et amphithéâtres, le déficit d’infrastructures, d’enseignants, le salaire de misère de ces derniers, les mutations fantaisistes, les défalcations sur salaires pour fait de grève et des programmes d’enseignement inadaptés. «Ce sombre tableau exige un port particulier de notre part. Ce n’est pas la multiplication des forums sur l’éducation qui résoudrait les problèmes (…) Le déficit d’enseignants de qualité, où les disciplines d’enseignement comme le français, la philosophie, les sciences physiques et les mathématiques sont en manque criard, ce n’est nullement un forum de plus qui le comblerait… ». Sur la base de ce tableau que la Fésen qualifie de sombre, elle exige la satisfaction de ses revendications. Au cas contraire, elle compte décider, lors des Assemblées générales des 03 et 04 octobre 2013, de la lutte à mener dans les écoles et établissements pour y arriver. Comme on peut le constater, pour la Fésen, la situation n’est pas aussi reluisante que le fait savoir le gouvernement aux populations lors des tournées des ministres.
Le gouvernement défend « ses actions »
Les tournées des ministres à la veille de la rentrée scolaire visent, entre autres, à lever un coin de voile sur les actions spécifiques entreprises par le gouvernement pour une rentrée scolaire apaisée. Une manière de contrecarrer la fronde des syndicats des enseignants. Parmi ces actions répétées aux populations, on peut citer « l’amélioration du salaire des enseignants (25% pour les enseignants du primaire et du secondaire et de 150% à 300% pour les enseignants du supérieur) (…), le reversement de 22.000 enseignants communautaires et contractuels locaux en contractuels de l’Etat ; le paiement de rappels aux enseignants ; l’organisation des visites médicales au profit des enseignants ; la construction et l’équipement de 6775 salles de classe au primaire, 1230 au secondaire ; le recrutement en cours de 1619 enseignants au profit des écoles maternelles et primaires publiques (…), l’organisation de la session du Conseil sectoriel pour le dialogue social relative à la préparation de la rentrée 2013-2014… ». Les ministres ont également pour mission de souligner « le paiement des différentes primes aux enseignants pour un montant d’environ 2,3 milliards de francs Cfa ». Bref, pour le gouvernement, rien ne devrait amener les enseignants à perturber la rentrée scolaire qui commence ce jour, jeudi 03 octobre 2013. Du coup, la guerre des chiffres a commencé sur le terrain. Mais du côté des syndicats de l’éducation nationale, Boni Yayi et son gouvernement n’ont pas encore fait les vrais efforts. Les yeux sont donc déjà rivés sur les Assemblées générales des syndiqués de la Fésen projetées pour les 03 et 04 octobre 2013.
Jean-Marie Sèdolo