Le rapport de la Commission technique en charge des réformes politiques et institutionnelles ne reflèterait pas les points de vue d’une bonne partie des commissaires. Le juge Michel Adjaka a souligné hier mardi sur Soleil Fm. Une position qui alimente davantage la suspicion qui entoure le projet de révision de la Constitution sous la Rupture.
Les fruits des travaux de la Commission dirigée par Joseph Djogbénou payés à grands frais (près de 500 millions F Cfa) ne seraient pas consensuels. Ils correspondraient à la volonté de quelques commissaires réputés proches du gouvernement de la Rupture. Certains propos du président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) montrent à tout le moins que le rapport de ladite Commission est bien contestable. « Nous avons demandé si nos aspirations ont été prises en compte dans le rapport et on nous a dit oui mais nous n'avons pas vu nos propositions dans le rapport Djogbénou», a en effet déclaré Michel Adjaka sur Soleil Fm hier. Alors qu’il était président d’une sous-commission, il n’a pu être associé à l’élaboration du rapport général. Son opposition au projet de réduction du nombre de mandats présidentiels justifierait ce traitement. Le juge a indiqué que plusieurs autres responsables de sous-commission ont subi le même sort que lui. Les propositions de Michel Adjaka et de plusieurs autres personnes constituaient vraisemblablement des blocages. Et il fallait les écarter pour que les choix imposés par les collaborateurs loyaux de Patrice Talon soient retenus. Pour beaucoup, les propos du président de l’Unamab confirment que les travaux de la Commission présidée par Me Joseph Djogbénou n’étaient que de trompe-l’œil. Ils n’étaient que de simples formalités puisque le Chef de l’Etat et ses collaborateurs avaient des objectifs déjà définis qui sont à inscrire dans le nouveau texte constitutionnel. Une méthode plutôt suspecte qui donne raison à tous ceux qui dans l’opinion appellent à la vigilance. En réalité, tout prouve que le gouvernement de Patrice Talon compte réaliser contre vents et marées le toilettage de la loi fondamentale. Le "compétiteur né" veut visiblement inscrire dans son bilan, la révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Il est décidé à montrer qu’il a relevé un défi face auquel ses prédécesseurs ont lamentablement échoué. Pour ce faire, il a voulu se donner tous les moyens y compris ceux qui ne sont pas orthodoxes. La Commission Djogbénou a produit un rapport presque imposé par une minorité. Dans l’optique de faire adopter à l’Assemblée nationale le projet de révision de la Constitution jusque-là invisible, Patrice Talon ne devrait reculer devant rien. Le risque existe donc. Les grandes voix doivent davantage se mobiliser pour la veille citoyenne indispensable. Le gouvernement et son chef définissent lentement et certainement une procédure de révision constitutionnelle exclusive pouvant affaiblir et détruire le processus de démocratisation en cours.
Mike MAHOUNA