La Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb) et la Fesyntra-finances mobilisent leurs militants pour un géant sit-in sur l’esplanade de l’Assemblée nationale demain, jeudi 16 mars 2017. Les responsables syndicaux décident enfin de descendre dans la rue pour protester contre les restrictions de libertés, la gestion des affaires publiques et deux propositions de loi introduites au parlement par l’Exécutif. Dans un entretien accordé à votre journal hier, mardi, 14 mars 2017, le secrétaire général de la Cstb, Paul Essè Ikoa dit toute sa déception de la gouvernance du régime du Nouveau départ.
« La motivation de notre sit-in, c’est que de partout fusent des contestations par rapport à la gouvernance de Patrice Talon. Cette gouvernance est basée sur l’option du “tout privé“. Les travailles du Ministère de l’économie et des finances fustigent les éléments allogènes qui ne sont pas du ministère des finances mais qu’on place ;les enseignants rejettent les inspecteurs retraités ; les diplomates n’acceptent pas que des non diplomates occupent des postes stratégiques dans leur secteur. Mais au lieu d’écouter et de voir de quoi cela retourne, le Président Patrice Talon prend ses désirs comme des lois qui sont au-dessus de tout le monde », a déclaré Paul Essè Iko. A l’en croire, il n’est plus question de laisser le régime de Patrice Talon gérer de façon autocratique le pays. Rappelant les raisons motivant le mouvement d’humeur projeté pour ce jeudi, le bouillant syndicaliste pointe du doigt accusateur deux propositions de lois transmises au parlement par l’Exécutif. « Il préfère passer par certains députés pour introduire une proposition de loi portant régime général d’emploi des collaborateurs extérieurs de l’Etat. Si cette loi est votée, le Président Talon accomplirait ainsi l’une des promesses faites lors de sa visite à son maître français, François Hollande, pour combler soit disant un «désert de compétences» au Bénin, par le recrutement des cadres ayant des compétences de niveau élevé dans des domaines spécifiques, domaines que lui seul connaît. Ces collaborateurs extérieurs sous contrat avec l’Etat, sont recrutés et peuvent occuper toutes fonctions de responsabilité dans les services centraux ou déconcentrés de l’Etat, des Institutions de l’Etat, des collectivités territoriales décentralisées et des établissements publics. Ils peuvent occuper toute fonction dédiée aux Agents de l’Etat. Tenez-vous bien, leur rémunération et les autres avantages sont fixés par le contrat qui les lie à l’Etat (contrat de collaboration) ou le contrat par lequel une prestation de placement de collaborateurs extérieurs effectuée par une société d’intérim au profit de l’Etat (contrat de placement). Voilà comment le compétiteur né pense régler un problème aussi sérieux du capital humain dans notre pays.
Qu’en est-il de la seconde proposition de loi ?
La seconde proposition de loi qui fait jaser est celle fixant les conditions et la procédure d’embauche de placement de la main-d’œuvre et de résiliation du contrat de travail en République du Bénin. « Si, à juste titre, les partenaires sociaux incriminent la législation du travail en vigueur, notamment la loi n°98-004 du 17 janvier 1998 portant code du travail, est-ce une raison suffisante pour faire introduire une proposition de loi par des députés qui ignorent tout, des débats antérieurs ? Pourquoi le réformiste Président joue auplus malin en n’introduisant pas un projet de loi discuté préalablement avec les partenaires sociaux ? Cette proposition de loi en plus de plusieurs incongruités qui la caractérisent, donne une large possibilité aux privés d’embaucher et de débaucher comme ils veulent. Levons-nous pour contrer ces propositions de lois scélérates et la mauvaise gouvernance du Président Patrice Talon », a affirmé Paul Essè Iko pour appeler à la mobilisation générale de tous les travailleurs.
Aziz BADAROU