L’heure est grave. Les temps sont durs, et seul l’homme du 6 avril 2016 peut s’expliquer sur les options de sa gouvernance qui font bien grincées des dents dans différents secteurs de la vie socio-économique nationale. Patrice Talon n’entend pas se dérober à cet exercice qui frise ni plus, ni moins, une opération de reddition de comptes. Il en a fait le serment. Le jeudi prochain, dans la salle de réunion du comité interministériel au palais de la présidence de la République, le chef de l’Etat devra faire face à un réquisitoire des secrétaires généraux des confédérations et centrales syndicales sur son mode de gouvernance politique et socio-économique. Le diagnostic des partenaires sociaux est sans appel, et en demandant une rencontre d’échanges avec le président de la République à ce sujet, ce n’est sans doute pas pour une partie de plaisir. Face à face, Talon et les partenaires sociaux se dire la vérité sur l’état de la nation. Au menu des échanges, il est à retenir entre autres, les préoccupations liées à la liberté et à la gouvernance économique. Selon la feuille de route soumise au ministère du travail et des affaires sociales, il s’agira notamment pour Patrice Talon de s’expliquer sur les actes attentatoires à l’expression des libertés à travers la privation des libertés individuelles et collectives à l’Uac, la mauvaise gouvernance à travers les passations de marchés gré à gré, la liquidation des sociétés d’Etat dans le secteur de l’agriculture, de l’aéronautique en déniant aux travailleurs de ces structures le droit à des mesures sociales d’accompagnement, la nationalisation de certains hôtels confiés aux privés qui soulève un problème d’incohérence dans la politique économique du gouvernement. Les syndicats veulent aussi comprendre la politique de déguerpissement brutal des espaces publics, les mesures du gouvernement face aux sérieuses difficultés de l’école béninoise… En somme, la rencontre entre le chef de l’Etat et les partenaires sociaux s’annonce bien émouvante. Il est à espérer que les conclusions de ces assise, contribuent au maintien de la paix, mais surtout à plus de justice sociale.
Arnaud DOUMANHOUN