Pour ce voyage dans le verbatim, votre rubrique ‘’Président d’un Jour’’ foule le sol de la maison Adjahouto. Nous sommes au quartier Gbodjè dans la commune d’Abomey-Calavi. Aude Freddy Adjahouto, 18ans, élève en classe de terminale D au Collège d’enseignement général (Ceg) Le Méridien, est notre hôte.
Matin Libre : Et si d’entrée, on faisait un plongeon dans la vie de notre hôte. Qui est-il ?
Le président Aude Freddy Adjahouto : Aude Freddy Adjahouto est le fils de Antonin Adjahouto, agent à la retraite à l’Industrie béninoise des corps gras (Ibcg), et de Monique Kassa, vendeuse. Freddy Adjahouto, c’est le benjamin d’une famille de trois enfants. Je suis fan de la musique, de l’ambiance. Je n’aime pas trop rester calme. A part ça, Freddy est un peu pagailleur, un peu rigolo. Je vis la vie comme je la sens. Je prends les situations telles qu’elles viennent et sportivement. En matière de mets, je raffole du Cassoulet.
La semaine dernière, notamment le 08 mars 2017, le monde entier a célébré la Journée internationale de la femme. Une énième célébration pour quel changement ?
Pour plusieurs changements. Pour plus de priorités aux femmes, plus d’ouverture aux femmes africaines et à toutes les femmes du monde.
La théorie, elle est bien aisée…
C’est vrai. L’idée a toujours été une bonne idée au début mais, elle a été retardée par la politique ou encore par d’autres actions. Mais je pourrais au moins faire d’autres promesses. Cette fois-ci, ce serait une aubaine, quelque chose de vrai.
Est-ce qu’on peut s’attendre qu’après vous, une femme soit portée au Palais de la Marina ?
Cela dépend du peuple béninois. Je pense travailler sur ça si je trouve que la femme est une femme battante. Une femme battante est pour moi, une femme dévouée au travail, une femme en qui, on ressent l’envie de vouloir faire, de vouloir bien faire, de vouloir développer un pays. Au Bénin,elles ne sont pas nombreuses à militer dans la politique. Cela pourrait être dû au fait que dès le bas-âge, les enfants ne sont pas bien encadrées. Ce qui fait qu’elles n’ont plus l’idée de travailler ou de réfléchir. Elles veulent vivre sous la dépendance d’un homme. Les hommes dirigent la politique.
Que pensez-vous de la proposition de loi qui porte le nombre de femmes à l’Assemblée Nationale à 24 ?
Cette loi est bonne.
La gouvernance au Bénin, un mot?
Le Bénin est en développement.
Comme toujours...
C’est vrai que les gens se plaignent mais, aucune loi ne peut être adhérée par tout le monde. Mais, il y a la manière. Maintenant, pour répondre à votre question sur la gouvernance, quand je prends le secteur de la santé, ces derniers temps, on est en train d’arrêter ceux qui vendent les médicaments frelatés. C’est vrai que ce n’est pas une bonne pratique mais les médicaments de la pharmacie ne sont-ils pas un peu trop chers pour nous Béninois qui sommes un peu pauvres comme des rats d’Eglises? Si l’on devrait arrêter ce phénomène, ce n’est pas de cette manière.C’est avec ces médicaments frelatés que certains arrivent à nourrir leurs familles. Pourquoi ne pas leur trouver un autre travail?point d’interrogation. Aussi, ces derniers temps, nous assistons au retour de la fièvre Lassa. Ça pourrait être une défaillance du système sanitaire contre ce virus.
Est-ce à dire que nos autorités n’avaient pas pris leurs responsabilités comme cela se devait ?
Il y a une défaillance au niveau du système. Il y a eu une négligence à ce niveau.
Clinique sans électricité, forfait journalier hospitalier anarchique, avez-vous fait le même constat?
A ce niveau, je trouve que c’est un problème du Ministère de la santé. Au niveau des hôpitaux, nous constatons que les prix sont un peu abordables même si ce n’est pas trop abordables pour certains. Au niveau des cliniques, on dirait que c’est pour enrichir leurs poches. Au niveau de certaines cliniques, nous constatons que le prix est un peu bas et accessible à tout le monde mais, dans certaines cliniques, c’est comme si cela était seulement réservé à ceux qui ont de l’argent. Donc, c’est au Ministère de la santé de pouvoir réglementer cette injustice. Au niveau du secteur énergétique, entre temps, le président Yayi Boni nous avait dit qu’il allait construire un barrage pour que le Bénin soit énergétiquement indépendant mais, à la suite, nous n’avons plus rien constaté. Le président Talon est venu, il a dit qu’il n’y aura plus de délestage. On a constaté ça pendant un bon moment. Nous aimerions que le Bénin soit indépendant sur le plan énergétique. Cela pourrait nous permettre d’installer des usines dans notre pays parce que quand on n’a pas d’énergie, comment peut-on installer des industries dans un pays? Par exemple, nous produisons le coton; nous ne pouvons pas le transformer. Nous l’envoyons à l’extérieur. Ces gens transforment notre coton et nous vendent les tissus plus chers. Donc, il faut que nous cherchons à être indépendant sur le plan énergétique et aussi produire pour que le Bénin devienne vraiment indépendant. La politique à mettre en place ne manque pas en réalité. Mais en réalité, ce sont les détournements de fonds. Comme vous le savez, le président ne peut pas tout gérer à la fois. Nous avons appris dans ce pays qu’il a eu un ministre qui avait détourné des fonds mais, à la suite, nous n’avons plus rien constaté. Ce ministre en question, devrait être puni par la loi mais, c’est comme s’il avait fait et que rien ne pouvait le poursuivre. Il a fait et tout était normal. Entre temps, on nous avait parlé du pétrole. Il y a une industrie appelée ‘’pétro-libs’’ dont je connais le dirigeant. Il était en charge de cette affaire pour extraire le pétrole au Bénin mais quelques temps après, on a appris un détournement. Mais le responsable de cette action n’a pas été poursuivi. Que s’est-il passé à la suite ? L’impunité
A ce rythme le Bénin sera toujours en voie de développement !
Bon, cela a été des régimes passés. Attendons de voir. Mes hommes de mains et moi, nous allons nous battre pour faire taire l’impunité.
L’éducation sous nos cieux, quelle appréciation en faites-vous ?
Je pense que le secteur de l’enseignement, il y a quelque chose qui ne va pas. Nous nous basons seulement sur ce qu’on nous a envoyé. Pourquoi dans nos établissements ou collèges, l’on n’enseigne pas nos langues? Pourquoi nous ne valorisons pas nos langues, notre culture? Au niveau des cours qui sont donnés au collège, on aura à parler de philosophie, mathématiques, anglais, mais, est-ce qu’il y a une matière propre à nous, qui vient de notre culture qu’on pourra nous enseigner et qui sera facile à maîtriser? point d’interrogation. Pourquoi c’est seulement nos lycées qui subissent la formation technique, pourquoi ne pourrait-on pas amener aussi ce genre de formation au niveau des collèges parce que dans l’enseignement général, une personne qui a son Bepc et continue en terminale, il n’a encore rien choisi. C’est comme si, il faisait tout ensemble. C’est comme s’il se perdait. C’est après le Bac qu’il va commencer à se chercher. Pourquoi ne pas lui permettre de se chercher en même temps après son Bepc? Ce sont des interrogations que j’aimerais bien améliorer en tant que président.
C’est notre souhait en tout cas. Quel sera votre mot de la fin monsieur le président ?
J’aimerais remercier votre organe de presse Matin Libre. Merci pour l’aubaine, l’initiative de permettre à nous jeunes de nous exprimer sur beaucoup de points. Je pense que c’est une bonne initiative qui doit avoir beaucoup de l’ampleur. Je n’ai pas un mot de la fin. Il restera toujours des choses à dire.
Cyrience KOUGNANDE