Le suspense reste entier quant à l’issue que peut connaître la demande formulée par le chef de l’Etat de voir étudier en procédure d’urgence le projet de loi portant révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Non pas parce que l’étude en elle-même est sujette à une quelconque remise en cause, mais plutôt qu’il va falloir qu’à l’occasion de la session extraordinaire qui s’ouvre à cet effet le vendredi prochain, que les députés tranchent sur l’option de la procédure d’urgence. Et c’est là que se trouve l’inquiétude. C’est la toute première barrière que devra franchir ce projet. En convoquant cette session extraordinaire du vendredi 24 mars 2017, Me Adrien Houngbédji donne ainsi l’occasion aux députés de se prononcer sur la demande du gouvernement de voir étudier en procédure d’urgence le projet de loi en question. Et personne ne peut prédire de l’issue de cette rencontre. Cependant, deux hypothèses majeures se dégagent de cette équation. D’une part, les représentants du peuple votent pour la demande du gouvernement et déclenchent l’étude de ce projet de loi, selon la procédure souhaitée, et au bout de deux semaines, le verdict tombe et le dossier est évacué. Cette hypothèse est peu pausible.
D’autre part, ils rejettent la demande de l’Exécutif et décident de prendre le temps nécessaire pour examiner le projet de loi soumis à leur appréciation, et le vote n’interviendra que plus tard. Et cette hypothèse est la plus plausible. C’est dire que le vendredi prochain, les députés de la 7e législature seront face à leur responsabilité. Mais avant, l’on pourrait assister à une adresse du premier magistrat à son peuple. Elu par plus de 65% des Béninois, sur la base d’un projet de société portant sur les réformes politiques et institutionnelles, Patrice Talon peut être amené à s’adresser à son peuple, au sujet de cette réforme majeure de son projet de société, qui enfle les suspicions et soulève de vives polémiques. Cela ne lui ferait que du bien. Les Béninois ont besoin d’être rassuré.
Arnaud DOUMANHOUN