Fini le round d’observation, révolue l’époque où on craignait de critiquer la gouvernance du chantre de la Rupture, du Nouveau départ puis du Bénin révélé, Patrice Talon. En effet, au regard des derniers développements de l’actualité au Bénin, il semble que plus rien ne sera comme avant.
Après 100 jours voire 6 mois de gestion du Pouvoir d’Etat, le gouvernement Talon n’avait essuyé pour autant de critiques. Seulement quelques rares têtes aussi bien politiques que de la société civile osaient opiner sur la gouvernance des actuels hommes forts du pays. Au-delà des raisons avancées et qui seraient relatives à une période de grâce, il y a que le président de la République était craint. Télécommande hier sous l’ancien régime Yayi, à cause de son pouvoir financier, il est celui-là qui a aujourd’hui la force publique avec lui. Et c’est une lapalissade en affirmant que Patrice Talon a concentré le pouvoir dans ses mains. Mais avec le débat sur la révision de la Constitution, surtout par rapport à la façon dont l’Exécutif conduit le projet, le mythe de la peur de Talon est brisé. De jour en jour, les langues se délient pour non seulement dénoncer ou s’opposer à la méthode adoptée par le gouvernement, mais aussi pour rappeler les nombreuses dérives commises sur les onze mois de gestion. Outre les magistrats (à travers l’Unamab avec à sa tête Michel Adjaka) qui ont donné de la voix et sont passés à la vitesse supérieure, il y a aussi des praticiens du Droit à l’instar de Me Sadikou Alao ; des éminents juristes dont Roberto Serge Prince Agbodjan et des professeurs agrégés du Droit public tels que Joël Aïvo, Dandi Gnamou sans oublier l’ancien Garde des Sceaux Victor Prudent Topanou qui ont aussi secoué le cocotier. En tout cas, du 16 mars (jour du transfert du projet de la nouvelle Constitution au Parlement) à ce jour, le mercure est monté d’un cran. Il y a même un géant front menaçant de prendre d’assaut l’Assemblée nationale qui est créé à cet effet. Le Front de sursaut patriotique constitué d’une vingtaine de partis politiques, mouvements, associations et syndicats, à savoir le Plp de Léonce Houngbadji, le Psd Bélier, le Pvr de Loth Houenou, la Fesyntra-Finances de Laurent Metongnon…, a lancé le mot d’ordre pour que le peuple aille occuper l’esplanade du Palais des Gouverneurs à Porto-Novo, dans la nuit de ce jeudi à demain vendredi, jour de l’ouverture de la session demandée par l’Exécutif pour se pencher sur le projet.
A cette allure, le Pouvoir de la Rupture, de plus en plus acculé, risque de passer de sales temps pour le reste du mandat si entre temps, il ne changeait pas de fusil d’épaule quant à sa méthode ou son approche de gérer le pays.
Worou BORO