Les députés présents à l’Assemblée ont rejeté vendredi dernier, l’examen en procédure d’urgence du projet de loi portant révision de la Constitution, demandé par le président de la République.
Juste après la remise en cause de la demande de l’Exécutif, des responsables proches du pouvoir ont commencé par étaler les divergences de la coalition de la Rupture.
Le député de l’Union fait la Nation, Guy Mitokpè, qui a voté contre la procédure, a avoué qu’il n’y a pas d’urgence sur la question de la révision de la constitution. ’’Nous avons des urgences dans la République sur les questions de l’emploi des jeunes, de la qualité de la eau, sur le campus ...’’, a souligné l’élu de la seizième circonscription électorale. Le fait de demander une session extraordinaire est déjà en elle-même une procédure d’urgence, a-t-il expliqué.
Selon lui, le Président de la République a été probablement piégé par certains de ses collaborateurs. ’’Nous exigeons qu’il y ait clarification de ce qui s’est passé. Visiblement, ce qui s’est passé ressemble à une trahison’’, soupçonne le Secrétaire général du parti Restaurer l’espoir. Il faut fouiller pour savoir ceux qui ont fait signer ce papier au chef de l’État, insiste le député suppléant du ministre délégué chargé de la défense nationale.
’’Nous nous sommes battus pour l’avènement de la Rupture non pas contre un individu mais pour des principes, pour une Nation plus forte’’, a rappelé le député. Et d’ajouter : ’’Nous nous sommes battus pour un Bénin plus fort afin que les Béninois et les Béninoises soient fiers de leur Nation’’.
M. Mitokpè prévient que ’’ce qui a conduit et induit le Changement (régime de Boni Yayi, ndlr) en erreur, peut aussi conduire et induire la Rupture (régime de Patrice Talon, ndlr) en erreur, prévient-il.
Le député Rachidi Gbadamassi fait aussi une autre lecture du rejet de la procédure d’urgence. ’’Le gouvernement est dans son plein droit en demandant une session extraordinaire pour l’examen en procédure d’urgence. Mais l’Assemblée nationale vient de confirmer son indépendance en rejetant l’étude en procédure d’urgence’’, a précisé l’élu de la huitième circonscription électorale. Ce rejet est, selon lui, une occasion pour les députés d’aller recueillir l’avis de leurs mandants sur le projet de révision de la loi fondamentale.
Par rapport aux mouvements de protestation qui s’organisent çà et là contre la révision de la constitution, M. Gbadamassi estime qu’on ne doit pas faire pression sur le parlement. ’’On doit respecter le principe de séparation des pouvoirs. Ceux qui font la pression violent la constitution’’, rappelle-t-il. ’’C’est comme si on veut légiférer à notre place’’, dénonce l’élu du peuple. ’’Nous allons voter selon notre intime conviction et dans le sens de l’intérêt général’’, assure le député qui a soutenu Patrice Talon au second tour de la présidentielle 2016.
Cette première journée de l’ouverture de la session extraordinaire sur la révision de la constitution montre que les leaders de la coalition au pouvoir n’ont pas les mêmes appréciations sur le sujet.
Ce dossier qui agite toutes les couches sociopolitiques du pays risque de prendre l’allure de ’’Touche pas ma Constitution’’.
Dossou Mialo