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Débat sur la révision de la Constitution : Les grands absents
Publié le mercredi 29 mars 2017  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Me Robert Dossou ancien Président de la Cour constitutionnelle, éminent spécialiste du droit et du droit maritime fort de près d`un demi-siècle d`expérience en la matière.




Plusieurs grandes voix manquent toujours au débat sur la révision de la Constitution. Ce sont des personnalités qui pourraient davantage éclairer le choix des Béninois.

Certaines personnalités n’ont pas encore affiché leur position à propos du processus de révision de la Constitution récemment enclenché. Beaucoup attendent leurs appréciations pour se faire une religion sur le projet déjà décrié de Patrice Talon. Au nombre de ces voix, on compte le député Janvier Yahouédéou. Très engagé dans la lutte contre la corruption, il avait dénoncé les visées opportunistes qui entouraient le projet de révision de la Constitution sous l’ancien président Mathieu Kérékou. Il s’était également battu contre l’initiative prise sous le régime de Yayi Boni. A travers affiches et dépliants, le député de la 24ème circonscription électorale avait fustigé les pièges qui infectaient le projet que voulait imposer l’ancien président Yayi aux Béninois. De son côté, l’ancien juge constitutionnel, Robert Dossou n’a pas également pris position. Celui-là même qui a été président du comité préparatoire de la Conférence nationale et qui a d’ailleurs une longue pratique de la Constitution du 11 décembre 1990, dispose d’une expertise avérée. Il s’était certes insurgé contre l’idée de limitation des partis politiques lors du colloque organisé par le Centre de droit constitutionnel le 28 février dernier à l’occasion des 27 ans de la Conférence nationale. Mais sa lecture du projet de révision du gouvernement de la Rupture est toujours attendue. Ses éclaircissements devront être d’apport indéniable au débat. Seulement, beaucoup affirment que l’ancien président de la Cour constitutionnelle serait tenu par un devoir de réserves. L’autre mémoire vivante dont le silence inquiète est Maurice Ahanhanzo-Glèlè. Désigné comme le Père de la Constitution du 11 décembre 1990, il avait présidé une commission technique chargée de la relecture de la Constitution sous le président Yayi Boni. Cet ancien Professeur de droit public avait également critiqué le projet de révision rédigé sous le Changement. Cette année, Maurice Ahanhanzo-Glèlè est moins audible sur le sujet. A part l’appel à la mobilisation lancé aux jeunes lors de la célébration des 27 ans des assises historiques de Plm Alédjo, l’ancien président de la Haute Cour de justice n’a pas accordé d’interview sur le sujet brûlant.

Détchénou et Soglo toujours absents…

Très présente sur la scène politique nationale sous le régime du Changement, Célestine Zanou se fait de plus en plus rare. Celle-là qui s’était engagée contre la révision opportuniste de la Constitution observe un mutisme intriguant. Une position qui amène des observateurs à souligner qu’elle s’est obligée à garder le silence car son candidat lors de la dernière présidentielle, Abdoulaye Bio Tchané est aujourd’hui le numéro 2 du gouvernement de Patrice Talon. Elle a peut-être signé un pacte de non-agression avec la Rupture. Le Doyen Antoine Détchénou ne parle plus, lui non plus. Alors qu’il s’était beaucoup illustré malgré son âge avancé sous Yayi Boni, le président du Front citoyen pour la sauvegarde des acquis la démocratie est aphone depuis avril 2016. L’ancien Directeur de cabinet de l’ancien président Ahomadégbé qui avait combattu la révision de la loi fondamentale sous Yayi Boni a perdu sa voix aujourd’hui. L’ancienne députée Hélène Aholou Kèkè, a, elle, pratiquement disparu de l’arène politique depuis l’élection de Patrice Talon. Sur la question cruciale de révision de la Constitution, l’avocate est également totalement absente. Idem pour le Médiateur de la République, Joseph Gnonlonfoun. Ancien magistrat et ancien ministre de la Justice, il n’a pas encore opiné sur ce sujet qui engage la vie de toute la Nation. Or, ancien président de la Commission électorale nationale autonome, il en a vu d’autres. C’est un homme d’expériences dont la qualité des réflexions devrait plutôt influencer le grand débat en cours. La réaction de Bruno Amoussou n’est pas moins importante. Mais depuis que le gouvernement a envoyé son projet au Parlement, le président de l’Union fait la Nation (Un) n’a toujours pas rendu publiques ses observations. Sa position actuelle, parce que l’Un est plutôt proche du pouvoir, pourrait-elle l’empêcher de faire une lecture juste du projet initié par Talon? Si la question est bien difficile, Bruno Amoussou a, lui, une responsabilité à assumer, et une mission à accomplir devant l’histoire. Son apport compte. Last, but the least, l’ancien président Nicéphore Soglo. En 2013, il avait mis en garde Yayi Boni contre une réforme constitutionnelle intéressée. Cette fois-ci, l’ancien Maire de Cotonou n’a pas encore rompu avec la discrétion. Or, sa parole est très attendue. Comme lui, les autres personnalités citées ont toutes des rôles à jouer pour que le projet de révision envoyé au Parlement soit amendé enrichi ou simplement retiré.

Mike MAHOUNA
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