La tournée entamée par le Front national pour un sursaut patriotique (PCB, Alliance FCBE et PLP)vers les personnalités politiques et chefs d’institutions républicaines suit son cours. Hier, mercredi 29 mars 2017, c’est le tour des religieux notamment des hommes en soutane de la Conférence épiscopale de Cotonou de s’enquérir de leur amertume et plaintes relatives au projet de révision de la constitution.
Après leur visite au domicile du professeur Albert Tévoédjrè et leur rencontre avec les sages de la cour constitutionnelle, les acteurs du Front national pour un sursaut patriotique composé du PLP, du PCB et de l’alliance FCBE ont mis le cap sur la Conférence épiscopale du Bénin. Dans l’après-midi de ce mercredi 29 mars 2017, le coordonnateur de l’alliance FCBE, Eugène Azatassou, le conseiller aux affaires politiques de l’ex chef d’Etat Boni Yayi, le professeur Amos Elègbè, le secrétaire général de la Fésyntra-Finances et membre du PCB, Laurent Métognon, le président du PLP, Léonce Houngbadji et bien d’autres personnalités ont sonné le président de la conférence épiscopale sur les griefs portés contre le projet de loi constitutionnelle du chef de l’Etat Patrice Talon. A en croire le coordonnateur des FCBE, Eugène Azatassou interrogé au terme des échanges, cette descente vers le clergé catholique n’est pas le fruit d’un hasard. « Le clergé catholique a toujours œuvré pour qu’il y ait la paix, la concorde et pour que nous puissions retrouver la voix du développement au moment où le chaos s’annonçait », a-t-il déclaré. Il est alors indispensable qu’il soit informé de la doléance du Front patriotique. Celle de solliciter le chef de l’Etat Patrice Talon à retirer son projet de loi du parlement et qu’une assemblée constituante soit réunie pour discuter d’un nouveau projet qui pourra prendre en compte toute la perspective de développement, de cohésion nationale du pays. « C’est pour ça que pour nous, cette constitution ne pourra être révisée que lors des assises nationales qui pourront déboucher sur une constituante et un référendum pour permettre au peuple béninois de se doter d’une constituante pour lui, pour son développement, pour la démocratie et non pour un clan et pour les normes liberticides et anti-démocratiques », a-t-il ajouté. Une appréciation qui a été largement soutenue par ses pairs. Il est à noter que cette tournée du Front tient sa source du projet de révision de la constitution soumis depuis peu à la commission des lois de l’Assemblée nationale. Ces acteurs politiques fustigent les lois liberticides et anti-démocratiques contenues dans ce projet et comptent informer les diverses personnalités et chefs d’institutions de ces dérives afin que ce projet soit retiré de l’Assemblée nationale et révisé lors d’une assemblée constituante.
Ils ont dit
Eugène Azatassou, Coordonnateur de l’alliance FCBE:« Nous demandons que le gouvernement retire le projet du parlement »
« Nous sommes allés rencontrer le président de la Conférence épiscopale. Au delà de lui, nous nous adressons à tous les catholiques et chrétiens en général parce que l’heure est grave. Les lois liberticides sont en train d’être prises, la constitution qui renferme des normes démocratiques et liberticides est en étude actuellement à la commission des lois. Telle que cette constitution est taillée sur mesure, telle qu’elle renferme notre constitution de 1990, elle ne peut pas être étudiée et adoptée dans ces conditions. Nous avons transmis à la conférence épiscopale notre demande que le gouvernement retire tout simplement le projet du parlement et qu’une assemblée constituante soit réunie pour discuter d’un nouveau projet qui prend en compte toute la perspective de développement, de cohésion nationale de notre pays. C’est pour ça que pour nous, cette constitution ne pourra être révisée lors des assises nationales qui pourront déboucher sur une constituante et un référendum pour permettre au peuple béninois de se doter d’une constituante pour lui, pour son développement, pour la démocratie et non pour un clan et pour les normes liberticides et anti-démocratiques. Voila ce que nous sommes partis dire à la conférence épiscopale. Nous avons tenu à les remercier d’avoir fait aussi vite parce qu’à tous les tournants de notre histoire, le clergé catholique a toujours œuvré pour qu’il y ait la paix, la concorde et pour que nous puissions retrouver la voix du développement au moment où le chaos s’annonçait ».
Laurent Metognon, représentant du PCB: « Le projet de la constitution qui est sur la table des députés constitue un danger pour notre pays »
« La conférence épiscopale a un rôle très important à jouer. Vous savez le rôle que Mgr Isidore de Souza a joué lors de la conférence nationale dans notre pays. Il y a des éléments qui ne peuvent pas échapper à la mémoire du peuple béninois. Alors nous pensons que le projet de la constitution qui est sur la table des députés aujourd’hui constitue un danger pour notre pays. Alors, le parti communiste qui est membre du front pour le sursaut patriotique se retrouve avec les gens des Fcbe aujourd’hui, pour sauver le peuple du danger qui est la révision en force de la constitution. Nous demandons au clergé d’intervenir parce que, lorsque le peuple est en danger aujourd’hui, ils savent et ils connaissent les mots pour pouvoir ramener la paix. Tous au tant que nous sommes, c’est la paix que nous voulons. Mais si les rapports de force sont tels que le peuple est obligé de dire à ses députés, méfiez vous, nous vous avons à l’œil, il faut qu’ils ne se donnent pas à l’argent du président de la république pour voter des lois liberticides contre le peuple parce que le peuple les a à l’œil. Le lundi si par extraordinaire le projet devait passer en plénière, ils verront le peuple à l’Assemblée nationale, sur l’esplanade. Nous en avons déjà l’habitude. Nous l’avions fait le 16, le 23 et le 24 mars dernier. Nous le ferons encore. Demain nous serons encore dans les rues parce que le peuple en a marre. Le peuple a faim et ne veut pas que l’impunité soit érigée dans une constitution comme règle. Il ne veut pas que les institutions soient fragilisées dans notre pays. Il ne veut pas qu’un président ratifie les prêts pour notre pays et discute après. Nous pensons que c’est tout cela qui énerve et nous sommes venus voir le clergé.»
Léonce Houngbadji, président du PLP: « Nous ne permettrons pas à Talon de détruire notre démocratie »
« Vous savez, le clergé est au sein du peuple. Il n’est pas en dehors du peuple béninois. Il vit ce que les béninois vivent. Donc nous sommes venus leur exprimer nos sérieuses appréhensions. Et nous sommes très heureux de constater que le clergé aussi étant dans le pays vit aussi les mêmes situations que nous. Nous sommes en train de faire le tour pour rencontrer tous les responsables à divers niveaux de notre nation, les personnalités politiques, religieuses et morales. Parce que si nous finissons de faire tout cela, et que le chef de l’État ne nous écoute pas, et comme nous avons l’habitude de le dire, nous allons passer à la vitesse supérieure. Nous n’allons jamais lui permettre de détruire notre démocratie. Tout ce qu’il est en train de faire actuellement, remet en cause les options fondamentales de la conférence nationale, remet en cause les libertés fondamentales, publiques, installe la dictature dans le pays. Et pour nous, le message est clair. Il n’a qu’à retirer purement et simplement le projet qu’il a envoyé à l’Assemblée et qu’il organise un dialogue national ou dialogue politique national pour que nous puissions nous retrouver autour d’une table pour discuter des questions de la Nation. Il y a mieux à faire. La priorité, c’est de s’occuper du quotidien du béninois, s’occuper de la faim des béninois, de l’emploi pour les jeunes, de l’autonomisation pour nos mamans dans les marchés. C’est cela le plus important aujourd’hui. La révision ne va pas régler les questions de la pauvreté, de la précarité, de la misère. Le président de la conférence épiscopale nous a écoutés religieusement. Il a pris bonne note de nos observations pertinentes. Nous allons continuer les consultations pour que le peuple béninois puisse se mobiliser, pour que nous puissions défendre la patrie qui est en danger sous Patrice Talon.»
Rastel DAN