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Le Fsp chez les anciens présidents : Soglo et Yayi prônent le consensus
Publié le mardi 4 avril 2017  |  Matin libre
Nicéphore
© Autre presse par DR
Nicéphore Soglo, le Maire de Cotonou




Entamé depuis peu, le Front pour un sursaut patriotique a continué le tour des institutions et personnalités politiques en vue de recueillir les avis de ceux-ci sur le projet de révision de la Constitution qui fait polémique et dont l’étude est prévue pour ce jour au Palais des gouverneurs. Hier, lundi 3 avril 2017, le Front avec à sa tête, Eugène Azatassou, Amos Elègbè, Jean Cocou Zounon, Léonce Houngbadji, Alassane Tigri…, était aux domiciles des anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi. Plaidant pour le retrait pur et simple du projet de révision, le Front peut désormais compter sur le soutien des anciens présidents qui s’inscrivent eux aussi dans la logique de débat devant aboutir à un large consensus national avant toute révision de la loi fondamentale.

Lire les impressions de quelques membres de la délégation après la rencontre avec les deux anciens présidents

Jean Cocou Zounon,
Porte-parole du Front pour un sursaut patriotique :

« Nous avons rencontré le Président Soglo. Nous avons parlé de la situation actuelle du fait que le projet de révision de la constitution établit une nouvelle constitution avec des droits donnés au Président de la République qui institut, comme le Président Soglo l’a dit, la légalisation de Ségbana. Le président de la République en tant que président du Conseil national de renseignement peut faire arrêter, espionner, torturer sans responsabilité pénale. Le président Soglo nous a dit qu’il a toujours été du côté du peuple même dans les combats contre la colonisation. Il a été d’accord avec nous pour dire que ça ne se passera pas et qu’il faut que le président de la république écoute le peuple, qu’il faut revenir au constituant originel qu’est le peuple, ne pas pouvoir se donner le droit d’endetter le pays, de signer et de ratifier des accords de financements, de supprimer des institutions, d’en créer des nouvelles, ne pas s’occuper du peuple et laisser la réflexion à un cabinet dans les mains des hommes d’affaires dont la vision est autre que celle d’un chef d’Etat qui va s’occuper du développement, de la faim, de la misère et de la désolation de son peuple. Dans les grandes lignes, il y a eu cet accord avec le président Soglo qui nous a souhaités bon vent. Il nous a félicités et a lancé quelque chose qu’on ne peut pas hypothéquer. L’avenir de la jeunesse avec cette constitution qui ne prend pas en compte l’avenir de notre pays, les libertés, les droits fondamentaux du peuple et qui accapare tout. Nous continuons notre combat. Je profite pour dire à tous que le Front pour un sursaut patriotique a déjà commencé un sit-in devant le siège de l’Assemblée nationale, à partir d’aujourd’hui jusqu’au vendredi prochain. Il continue demain pour accueillir les députés et leur dire de rejeter le projet. Qu’ils ne prennent pas la responsabilité de confisquer la liberté du peuple. On ne peut pas toucher à 36% le contenu d’un texte et dire que cela peut se faire par la voix parlementaire. Il faut qu’on revienne au constituant originel. C’est l’appel que nous lançons pour que le pas puisse revenir à ses fondamentaux. Aujourd’hui, il y a même une crise gouvernementale et un ministre de la défense, principal artisan de votre combat, démissionne. Cela doit donner à réfléchir. Il ne faut pas s’entêter sinon, à la désolation va s’ajouter le désespoir et lorsqu’il y a le désespoir, on ne sait plus où cela nous conduira. A ce moment, le président de la république sera le fauteur de troubles. C’est ce que nous demandons et espérons qu’il entendra notre voix, de retirer ce projet et d’en appeler à une assise nationale, à des états généraux d’où sortira une assemblée constituante».

Eugène Azatassou,
Coordonnateur FCBE

« Comme ce fut le cas des autres étapes, nous avons parlé de la situation nationale actuelle et de nos inquiétudes notamment par rapport au projet de révision de la constitution à l’Assemblée nationale. Nous lui avons dit quelles sont nos appréhensions, et qu’il est pour nous inadmissible avec la nouvelle architecture proposée par le nouveau projet de révision de la constitution, de faire cette révision comme elle se fait actuellement. On ne peut pas se permettre de démembrer les autres institutions, de donner des pouvoirs supplémentaires à l’exécutif au dépend des autres institutions et d’espérer faire cela dans une révision tout à fait normale comme prévue par la constitution. Nous pensons que pour cela il faut retourner à l’institution qui a mis en place l’architecture actuelle et que cette architecture soit revue, corrigée par une institution analogue à savoir une assemblée constituante et à un dialogue inclusif. Ce n’est pas une question d’intelligence de réflexion mais il s’agit de régler ce problème de l’architecture institutionnelle de ce pays par l’instance qui est habilitée à le faire. Vous savez que le président Nicéphore Dieudonné Soglo est très souvent aux côtés du peuple. Il a dit qu’il faut que les responsables à divers niveaux écoutent le peuple pour qu’il soit satisfait de ce qui se fait. Or, apparemment, le peuple n’est pas satisfait de la révision qui est conduite de cette manière »

Gilbert Kouessi,
Représentant du Parti communiste du Bénin (PCB) :

« Notre préoccupation est de savoir pourquoi le président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, et le Président Talon, s’entêtent pour un refus unanime des grandes personnalités du pays, des spécialistes au rejet de la révision de la constitution. Le peuple ne veut pas du bricolage qui se fait. Le peuple veut manger et a faim. Aujourd’hui, il y a des choses qui se posent au niveau de la constitution. Il faut que le projet soit retiré et qu’on aille s’asseoir au niveau des assises nationales pour rediscuter des problèmes du pays »

Léonce Houngbadji,
Président du Parti pour la libération du peuple (PLP):

« Nous avons échangé avec le président Nicéphore Dieudonné Soglo. Nous sommes très heureux de cet échange parce que nous avons constaté qu’il est totalement en phase avec nous. Il soutient nos actions et estime que c’est l’avenir des jeunes qui est en train d’être hypothéqué, que nous avons un peuple rebelle et qu’il ne faut pas que Patrice Talon franchisse le rubicond. Il a dit que s’il ne le sait pas, qu’ils vont le lui rappeler et que ce qui se passe aujourd’hui dans le pays ne s’est jamais produit dans le passé. Nous avons aussi retenu de nos échanges que le texte qui a été proposé et envoyé à l’Assemblée nationale ne pourra pas être adopté par les députés et que le Président Soglo nous invite à nous mobiliser mieux que par le passé pour que de façon globale au niveau du pays et dans les départements, nous puissions mettre la pression et que chacun à son niveau puisse faire quelque chose. Nous avons vu un président confiant de ce que, ici, c’est le Bénin et que ce projet ne sera pas validé. Nous allons continuer le combat. Nous avons invité les populations à envahir l’Assemblée nationale, mardi, pour accueillir les députes parce que nous sommes déjà à terre et nous n’avons plus peur du couteau. Nous n’avons pas peur de Patrice Talon et nous lui montrerons qu’il ne connait pas en réalité le béninois. Il joue avec l’avenir des jeunes, de nos mamans, des étudiants, et il est temps qu’on dise trop c’est trop et qu’on mette fin à ces dérives, ces pratiques dictatoriales pour que nous puissions nous trouver autour d’une table pour dialoguer, mettre les reformes sur la table voir ce qui est bon pour le pays et travailler dans ce sens. Nous allons continuer avec d’autres consultations pour alerter l’opinion nationale et internationale. Le moment de passer à la vitesse supérieure est déjà là. Nous prenons notre temps pour expliquer aux uns et aux autres, expliquer aux leaders d’opinions, aux responsables d’institutions, personnalités politiques pour que quelqu’un ne vienne nous arrêter quand nous aurons passé à la vitesse supérieure ».
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