A tout le moins, le vote des députés, hier mardi 04 avril 2017, met fin au processus enclenché depuis les travaux de la Commission Djogbénou. Si le chef de l’Etat, Patrice Talon, tient à réviser la Constitution, il devra donc attendre. Sinon proposer un nouveau texte, et aller plus tard au référendum.
60 oui, 22 non et 01 abstention ! C’est par ce score serré que les députés de la 7ème législature ont rejeté, mardi 4 avril 2017, le Projet de révision soumis à leur appréciation par le Chef de l’Etat, Patrice Talon. A défaut d’être un mardi noir, ce jour consacre la séparation des pouvoirs, mais surtout clos un débat, qui par sa perversité, allait finir par polluer négativement une mandature bien débutée par l’équipe au pouvoir. Que d’encre et de salive inutilement coulées dans des critiques et des approximations faciles par les adversaires du Nouveau départ. Le projet porté avec une conviction certaine par le président de la République ne connaîtra donc pas de suite. Faute des ¾ de députés requis, les parlementaires ont préféré remettre à plus tard la tentative. Et pourtant, cette Constitution, de l’avis de tous, mériterait d’être amendée tout au moins. Bien de ses dispositions sont aujourd’hui caduques, voire difficiles à appliquer vu l’évolution des choses. En définitive, l’histoire enseignera à une partie de la classe politique et de la société civile, contrairement à ce que les gens supputaient à gauche et à droite, que le Parlement n’est pas encore une caisse de résonance. Ce vote vient de le démontrer. Mieux, à l’issue de ce scrutin parlementaire, on peut désormais se convaincre de ce que Patrice Talon ne cherchera jamais à mettre le Parlement à sa botte, ni de transformer les députés en godillots. C’est une nouvelle leçon politique à ceux qui, malgré le temps, n’arrivent toujours pas à se défaire de leur lorgnette fatiguée, à faire confiance aux députés.
Malgré la bonne foi du chef de l’Etat
Sans doute que le projet de révision n’avait pas reçu l’assentiment de tous. En effet, malgré sa profession de bonne foi, maintes fois répétées, Patrice Talon n’a pas pu ôter le doute de l’esprit de beaucoup de ses compatriotes. Une vilaine campagne de désinformation a été même organisée dans les communes reculées, pour faire accroire de fausses vérités aux populations. D’autres craignaient la suppression de leurs privilèges, avec la nouvelle nomenclature de la Constitution proposée. C’est le cas par exemple des magistrats du siège qui craignaient, à tort ou à raison, que leur principe d’inamovibilité soit remis en cause si la nouvelle loi fondamentale arrivait à être acceptée. Il y a eu aussi l’épineuse question du mandat unique qui a braqué l’opinion nationale, et une partie de la classe politique. En voulant empêcher l’idée que se font certains présidents de s’éterniser au pouvoir, ne voulant pas raccrocher après le premier mandat, Patrice Talon a certainement touché un point sensible, peut-être encore trop sensible. Le mandat unique, l’une des propositions phares de la nouvelle Constitution, a été purement mal comprise. Par ailleurs, les commentaires suscités en général par le texte démontrent que beaucoup ne sont pas au même niveau d’information ou au même diapason que le chef de l’Etat. Patrice Talon a certainement voulu aller vite. En proposant de réviser cette loi fondamentale une année après son entrée en fonction, il avait pour objectif d’éviter les confusions et amalgames de fin de mandat. Il ne s’agissait surtout pas de réviser pour créer une nouvelle République, afin de mieux réussir ses réformes. Ce que beaucoup de députés n’ont sans doute pas compris.
W.N