En un an d’exercice du pouvoir d’Etat, le Président Patrice Talon et son gouvernement ont initié plusieurs réformes pour l’assainissement du cadre de vie et la protection des ressources naturelles. Retour sur les faits marquants de ces 12 derniers mois de gouvernance dans le secteur de l’Environnement.
S’il y a un secteur dans e lequel le Gouvernement Talon a été plus actif ces 12 derniers mois, c’est l’assainissement du cadre de vie. Au moins trois conseils des ministres sur cinq ont été consacrés à des problèmes majeurs relatifs à l’assainissement du cadre de vie, à la destruction des ressources forestières et aux menaces qui pèsent sur la biodiversité, puis à la problématique de gestion des déchets. La toute première décision du Gouvernement a été la prise de mesures conservatoires face aux menaces graves qui pèsent sur les ressources forestières.
Le Conseil des ministres du 13 avril 2016 a en effet décidé de la suspension de l’exportation de bois ainsi que des agréments d’exploitation des produits forestiers. Une décision qui a suscité la flambée du prix du charbon de bois, mais qui selon les acteurs, était nécessaire. « Il faut reconnaître que, avant l’avènement du Gouvernement Talon, il y avait un désordre en matière d’exploitation forestière. J’ai vraiment apprécié la décision de suspension qui a été prise pour voir clair dans la filière », a déclaré Jean Cossi Ganglo, Professeur titulaire des sciences forestières.
De nouvelles directives dans le secteur du bois
Quelques semaines après, la commercialisation de bois d’œuvre, de bois de feu et de charbon a été autorisée, puis en mars dernier, de nouvelles directives ont été définies et adoptées en conseil des ministres. Il s’agit entre autres de l’exportation de toute essence de bois à l’exception de celles issues des plantations domaniales et privées, l’interdiction des essences issues des forêts naturelles relevant du domaine classé de l’Etat, la mise en place d’une ceinture de contrôle autour des zones de production. Des mesures sur lesquelles le Professeur Ganglo porte des réserves : « Cette décision, même si elle est utile, doit être assortie d’une condition. On ne peut exploiter une forêt sans un plan d’aménagement. C’est seulement dans ces forêts qu’on peut savoir dans l’espace et dans le temps, ce qu’il faut prélever sans compromettre l’avenir des ressources forestières ». Pour sa part, le Professeur Djego, Vice-doyen de l’Ecole d’aménagement et de la gestion de l’environnement de la Faculté des sciences agronomiques approuve également les réformes, mais émet aussi des réserves en ce qui concerne la gestion des parcs animaliers. « Je voudrais attirer l’attention du Gouvernement que ce ne sera pas trop bien de confier les parcs exclusivement aux privés. Il faut que l’Etat veille à ce qui se fait et y participe également ».
Le déguerpissement : une opération au gout d’inachevé
L’opération de libération de l’espace public a été la réforme phare du Gouvernement pour l’assainissement du cadre de vie. Toutes les principales artères des villes de Cotonou, Abomey-Calavi, Ouidah, Abomey, Bohicon, Porto-Novo, Parakou, et Sèmè-Kpodji ont été dégagées. Les bâtisses érigées sur le domaine public n’ont pu résister à la furie des bulldozers, notamment à Cotonou. Même Dantokpa et la zone commerciale de Missèbo n’ont pas été épargnés. Dans un contexte de crise économique et sociale, l’opération, bien que appréciée, n’a pas été du goût des populations. « Moi je pense que ce n’était pas une priorité pour que le Président Talon le fasse en moins d’un an. Même s’il tenait à le faire, ça aurait pu être mis en œuvre progressivement, suivi en même temps d’aménagement. Les gens en seront plus convaincus. Là maintenant, c’est comme si rien n’a été fait », fulmine Constantin, une des victimes du déguerpissement à Ste Rita. Les trottoirs sont progressivement occupés à nouveau par les populations. La nature ayant horreur du vide, des espaces libérés et des terre-pleins centraux sont transformés à certains endroits de la ville de Cotonou en des dépotoirs. Dans le même temps, la libération des berges lagunaires jonchées de déchets est toujours attendue.
Opération pollueur-payeur : un coup d’essai mais…
L’annonce de l’opération pollueur-payeur, prévu pour démarrer le 7 novembre dernier a bousculé les habitudes des automobilistes à Cotonou. Par peur des pénalités de 10.000F Cfa à 35000 selon le véhicule, les usagers affluent vers les sites retenus. L’affluence a été perceptible, pour quelques semaines dans les garages de concessionnaires ou ceux subventionnés par l’Etat. Cependant, la répression n’a pas eu lieu. Le Ministère du Cadre de vie dit viser à travers cette mesure une prise de conscience des populations. « A travers la mise en œuvre de cette mesure, les populations ont pris conscience d’elles-mêmes de l’importance de faire la maintenance de leurs moyens de déplacement. « Cet engouement aide le ministère à atteindre les objectifs fixés que sont la protection de la santé, de l’environnement et la participation au développement économique de notre pays », a expliqué Marcos Waïdi, Directeur de la Gestion des pollutions, nuisances et police environnementale.
De nouveaux défis
Le déguerpissement des berges, le dragage des plans d’eau, l’interdiction de l’importation des sachets plastiques, l’aménagement des espaces libérés, la maitrise des risques de pollution sur le champ pétrolifère de Sèmè, la mise en place d’une politique de gestion rationnelle et de valorisation des déchets, sont autant de défis que le Gouvernement doit relever les prochains mois. Les jalons étant déjà posés, les populations attendent des actes concrets pour apprécier les actions menées. « Une fois le déguerpissement fait, la nature a horreur du vide. Si on ne valorise pas les espaces libérés, ils ne pourront accueillir que des déchets. Il faut que l’Etat central puisse penser à valoriser ces espaces et à mettre en place un système plus opérationnel pour que le flux de déchets soit maîtrisé afin de ne pas atterrir sur les espaces libres », a déclaré Directeur de l’Ong Bethesda Bénin. Et pour renforcer les actions en cours pour l’assainissement du cadre de vie, le Président de la Commission développement rural et Environnement du Conseil Economique et Social, le Professeur Michel Boko préconise l’interdiction de l’usage des sachets plastiques. « Le Congo Brazzaville a une usine qui produit des sachets plastiques. Quand ils ont décidé d’interdire l’utilisation des sachets plastiques, cela a été interdit. Nous, on n’en fabrique pas mais on accepte de les importer. Il faut interdire les sachets plastiques sinon, notre cadre de vie ne sera jamais propre », a-t-il souligné.
Fulbert ADJIMEHOSSOU