Le politologue Guillaume Moumouni a fait part de son analyse de la gestion politique par l’équipe gouvernementale en place. Lire ci-dessous l’intégralité de l’entretien accordé à votre journal.
Le Matinal : Qu’est ce qui selon vous a marqué les douze premiers mois du régime Talon ?
Guillaume Moumouni : On peut dire que les douze premiers mois du mandat du président Talon ont connu « grosso modo » des temps forts. D’abord, les six premiers mois ont été ponctués par des maladresses administratives de début de mandat qui ont dans une certaine mesure tôt fait de donner l’impression d’un certain règlement de comptes heureusement vite oublié. Ensuite, il y a eu une certaine célérité qui a permis au chef de l’Etat de régler ses comptes avec l’Etat béninois. Je pense que le rétablissement du pays est un peu le dernier acte de ce processus.
Le Programme d’actions du gouvernement (Pag) est-il un fait majeur de ces douze premiers mois ?
Les six derniers ont connu un certain coup d’accélérateur par rapport au début d’exécution du programme d’Actions du gouvernement. On retiendra surtout l’opération de libération de l’espace public qui a connu diverses fortunes et l’élaboration et la divulgation du programme d’actions du gouvernement. Je dois dire qu’en dehors des actions d’éclats, on attend de voir comment le gouvernement va exécuter son programme de 9 mille 9 milliards de francs Cfa. Au demeurant, ce qui m’intrigue personnellement, c’est l’option ultra libérale qui semble se dessiner avec tout ce que cela comporte comme affaiblissement de l’Etat vis-à-vis des privés et enfin le projet de révision constitutionnelle.
La révision de la constitution est-elle un bon point pour le bilan ou non ?
Il faut craindre pour ce dernier dossier, c’est-à-dire le projet de révision constitutionnelle. Sa maladresse est contenue dans la demande de révision en procédure d’urgence. Elle me révèle ce que j’appelle les vieux démons. Ceux-là sont liés à la suspicion de piège ou peut-être de révision opportuniste. Ceux qui s’y adonnent n’en sortent pas grand-chose, mais c’est le fait de demander que le travail se fasse au pied levé qui amène peut-être à douter un peu de l’intention qui se cache derrière. Cela peut donc être de nature à arrêter le processus enclenché.
Est-ce que pour vous, la création de nouvelles préfectures est un acte fort ?
Il faut saluer à ce niveau le courage du Chef de l’Etat dans la gestion de l’épineux dossier de détermination des chefs-lieux de département, même si on n’est pas d’accord avec la désignation de quelques chefs lieux.
Comment entrevoyez-vous les prochains mois?
Je dirai un certain malaise plane sur la cité et la démission du ministre Candide Azannaï est peut-être une des variables explicatives. Comme le dit l’anglais « wait and see ».
Propos recueillis par : Rèliou Koubakin
Transcription : Léonce Adjévi