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Nouvelle déclaration du PR sur le mandat unique : Talon n’a pas digéré le rejet
Publié le lundi 10 avril 2017  |  Matin libre




C’est désormais clair. C’est en 2021, au terme du quinquennat en cours, que Patrice Talon avisera s’il sera candidat ou non à sa propre succession. Pour le simple fait de n’avoir plus insisté sur ce qu’il ne fera qu’un seul mandat, engagement pris en 2016 et qui l’a d’ailleurs distingué des autres candidats pendant la campagne électorale, le chef de l’Etat laisse libre cours aux commentaires.
L’un des facteurs qui ont concouru à l’élection de Patrice Talon au Palais de la Marina, c’est bien cet engagement de faire un seul mandat de 5 ans et d’en faire un mandat de transition. Patrice Talon a battu campagne pour, et les Béninois y ont massivement adhéré. Et en guise d’assurance, il réitère sa volonté de ne faire qu’un seul mandat. On était le 6 avril 2016 à son investiture au stade Charles de Gaulle à Porto-Novo. Devant Dieu, les mânes des ancêtres et devant la Nation toute entière, Patrice Athanase Guillaume Talon martèle : « ...C’est pourquoi je ferai de mon mandat unique, une exigence morale en exerçant le pouvoir d’état avec dignité et simplicité. Je m’acquitterai de mes devoirs de président de la république avec humilité, abnégation et sacrifice pour le bien-être de tous (…) ». Et pour être on ne peut plus rassurant sur sa promesse, le chantre du Nouveau départ, profite de l’occasion de la fête nationale de l’indépendance pour s’expliquer à nouveau : « Si par extraordinaire le mandat unique ne passait pas, dans tous les cas je ferai le mandat unique à titre personnel... », extrait de son entretien à cœur ouvert, le 1er août 2016. Mais chose paradoxale, qui va alimenter pendant longtemps les débats, c’est quand le même chef de l’Etat, moins d’un an après, revient sur ses propres propos. En effet, il a fallu que 22 députés votent contre le projet de révision de la Constitution, synonyme de rejet, malgré les 60 pour et une abstention, pour que Patrice Talon change de langage. Son projet phare qui devrait consacrer la constitutionnalisation du mandat unique, son vœu cher, n’a pas été accepté et le président de la République qui était sûr de faire aboutir son initiative, ne s’en revient pas du tout. C’est à trois députés près que les donnes ont été bouleversées. Même si l’ancien homme d’affaires, devenu président, dit avoir pris acte du résultat des délibérations du Parlement, tout en renonçant à une quelconque réintroduction du projet sous son mandat, il n’en demeure pas moins que Patrice Talon a reçu cet échec comme un affront. En témoigne sa réponse, quand, au cours de sa sortie télévisée de samedi dernier, les journalistes lui demandaient s’il tient toujours à son mandat unique ou s’il y a renoncé. D’abord le chef de l’Etat a feint la question et après relance, il a mis près de trois minutes à s’expliquer ; puis il lâche : « Je n’ai pas d’aversion pour la fonction, encore moins pour la charge (…). 2021 c’est encore loin, en 2021, en fonction de mon ressenti, j’aviserai ». C’est ce bout de phrase qui aura retenu l’attention de plus d’un, dans ce débat de près de deux heures.

Quel crédit désormais à la parole présidentielle ?

La parole présidentielle doit être sacrée. Le chef de l’Etat étant une institution, il doit normalement œuvré pour qu’il n’y ait pas crise de confiance entre son peuple et lui. Mais avec cette versatilité notée dans les déclarations sur le même sujet, Patrice Talon perdrait davantage la confiance de ses concitoyens qui avaient déjà des appréhensions sur le projet de révision de la Constitution qu’il a envoyé à l’Assemblée nationale, et surtout sur les conflits d’intérêts qu’on reproche à sa gouvernance. Quelle bonne intention, quel bon projet pourrait-il avoir désormais sans que ses compatriotes ne l’accusent de viser 2021 ? Comment au cours du débat, le même Patrice Talon qui se dit être de bonne foi, veut que le peuple croit en lui quand les minutes d’après, il n’a pas pu maintenir sa position sur cette question de mandat unique ? Quel crédit dorénavant à la parole de Patrice Talon ? Gère-t-il le pays au gré des humeurs du moment ? La réaction du président de la République ressemble en tout cas, à une sorte de réplique à la hauteur de l’affront que lui ont fait les 22 députés et le peuple qui, en majorité, a dit que la révision n’est pas le plus urgent. Patrice Talon semble leur signifier ceci : comme vous avez jeté du sable dans ma machine, vous payerez le lourd tribut avec mon éventuel second mandat auquel j’ai renoncé au départ. Sinon, il aurait pu en toute responsabilité dire qu’il avait déjà dit maintes fois qu’il ne fera pas de second mandat surtout qu’il n’avait pas dit au peuple qu’il fera un seul mandat à condition que sa volonté de constitutionnaliser le mandat unique soit faite. Il semble en tout cas que ce n’était pas le contrat entre le peuple et lui. De toutes les façons, 2021 est encore loin, mais cette déclaration fera beaucoup de vagues.

J.B.
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