Plus d’illusions pour le président ! Le cœur grippé par les intoxications et le douloureux blocage politique à l’Assemblée nationale, Patrice Talon se met en mode ménage et s’offre de nouveaux manteaux. Mieux adaptés pour la traversée du quinquennat 2016-2021 et pour prévenir d’éventuels désagréments lors des joutes électorales, les costumes flambant neufs du chef de l’Etat, forcément, lui font changer de look. Ainsi, du style discret et purement technocrate, pour le deuxième round de sa gestion du pouvoir, l’actuel locataire de la Marina ajuste sa cravate et se décide à redonner à la fonction présidentielle, toute sa dimension politique.
Il aura fallu que le quatrième président de l’ère du renouveau démocratique soit piqué au vif par le rejet de son projet de révision de la Constitution, pour qu’il le comprenne. Gérer un pays comme le Bénin, c’est s’armer techniquement mais surtout politiquement. Désormais, obligé de renoncer à sa réforme constitutionnelle et, en 2021, d’aviser sur sa promesse du mandat unique, le chantre du Nouveau départ n’entend plus se laisser surprendre. Et, que la classe politique se le tienne pour dit. Pour les quatre prochaines années, le nouveau cap implique la création d’un courant de pensée tant pour l’exécution record du PAG que dans l’animation virile de la vie politique.
En plus clair, ceux qui ont toujours pensé que jusqu’ici, il manquait à l’appel, un savant dosage ‘‘technique-politique’’ dans la gouvernance Talon, sont servis. Message finalement bien compris par le chef de l’Etat qui, par lui-même, a pris la mesure du défi à lui lancé par ses adversaires politiques et agira en conséquence. En somme, un petit mal pour un bien. Et donc, plus que jamais pour les 48 mois qu’il lui reste de son mandat, il misera sur un resserrement des rangs autour des 60 députés qui, le 4 avril 2017, lui ont accordé leur confiance. Pour toutes ces raisons, avec le Nouveau départ annoncé où, il est dit que les choses se passeront autrement sur le ring politique,
Talon est prêt, autant qu’il donnera des coups, à en recevoir.
D’abord, pour 2021 avec le potentiel candidat qui avisera au moment opportun, le compte à rebours doit dorénavant se décompter autrement. Dans un pays où certains n’avaient les yeux rivés que sur la fin du mandat en cours, forcément, avec la nouvelle structuration, les cartes sont à rebattre. D’autant que, de la dernière réfrigération à l’hémicycle, la victime en a tiré beaucoup de leçons, au centre, remet-il, dès à présent, la balle pour des duels plus engagés.
En tout cas, pour ce match, toutes les minutes vont compter. Et pour remporter le gain de la partie, Patrice Talon n’a d’autre choix que la réussite du Pag, des actions à impact social, mieux cerner le volet politique de sa gouvernance et miser davantage sur la communication. Qui a dit que les compromissions politiques plombent le développement et que le Bénin est constamment en campagne ? Patrice Talon l’aura appris à ses dépens. A royalement ignorer que si tu ne fais pas la politique, elle te fera la peau, il est aujourd’hui contraint à un douloureux mea culpa. Certes, le développement en premier, mais place maintenant au style Talon plus politique. En son temps, les Béninois aviseront.
Angelo DOSSOUMOU