Perspective de la présidentielle 2021 : Talon lance une campagne électorale précoce

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Publié le mardi 11 avril 2017 | Matin libre

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Patrice Talon, Président du Bénin

Les quatre prochaines années de la Rupture pourraient être faites davantage de tensions. Et pour cause, Patrice Talon pourrait bien se représenter à la présidentielle de 2021. Cette probabilité ne devrait laisser indifférents les potentiels aspirants à la fonction suprême.

La sortie médiatique du Chef de l’Etat de ce week-end chamboulera tout sur l’échiquier politique national. Car contrairement à la promesse faite durant la campagne électorale de 2016 et les propos tenus le 1er août dernier, Patrice Talon pourrait bien tenter de conserver le pouvoir en 2021. « Le mandat unique, c’est fini… La révision de la Constitution, c’est terminé… On n’en parle plus… La règle générale reste valable pour les autres y compris moi… Patrice Talon n’a pas d’aversion pour la fonction pour laquelle le peuple l’a élu. La question de 2021 aurait pu être réglée. Mais désormais 2021 est loin… En 2021, j’aviserai. ;», a-t-il en effet déclaré le samedi dernier sur la télévision nationale. Le Chef de l’Etat n’a pas clairement signifié qu’il sera dans la course pour la présidentielle en 2021, mais il n’exclut plus une telle éventualité. Certains observateurs soulignent que les ambitions politiques de Patrice Talon ont évolué et qu’il y a de grandes chances qu’il cherche à faire deux mandats.Cette évolution du discours présidentiel change dorénavant tout. Tous ceux qui comptent occuper le fauteuil présidentiel devront se lancer tôt dans la bataille politique. Patrice Talon voudra se donner tous les moyens pour rester un candidat crédible en 2021. Pour cela, le successeur de Yayi Boni devra relever un défi : réussir les quatre prochaines années. Seulement, il devra inévitablement affronter ses adversaires. Patrice Talon a publiquement montré sa volonté de remettre en cause sa parole. Ses potentiels adversaires n’hésiteront pas, eux, à lui mettre les bâtons dans les roues pour qu’il connaisse moins de succès à la fin de son mandat. Ils formeront une opposition solide pour mettre en difficulté la Rupture qui continue d’ailleurs de chercher ses marques un an après la prise de pouvoir. Les contestations sociales pourraient s’amplifier vu que le gouvernement fait d’ailleurs la sourde oreille face aux revendications des travailleurs. A l’Assemblée nationale, l’opposition politique risque également de se restructurer et de se renforcer. Une restructuration pouvant amener le gouvernement à recourir à des mesures exceptionnelles généralement présentées comme moins démocratiques. Certains anciens alliés de la Coalition de la Rupture (y compris certains actuellement présents au gouvernement) pourraient se retourner contre Patrice Talon qui n’exclut plus de violer l’accord politique signé entre les deux tours de la présidentielle de 2016. Les mouvements sociaux et les blocages politiques devraient dresser le lit à une gouvernance bien agitée. Toute chose qui ne permettra à Patrice Talon, dont la cote de confiance est déjà au plus bas dans l’opinion, de refaire son image afin de légitimer ses futures prétentions. L’annonce faite ce week-end est du pain bénit pour certains anciens alliés politiques comme le milliardaire Sébastien Ajavon. Les Béninois pourraient se lancer plus tôt que prévu dans une campagne électorale précoce. Toutefois de nombreux observateurs reconnaissent que Patrice Talon, qui a pu lui-même identifier des mains invisibles le samedi dernier, se précipite dans un engrenage qui pourrait lui rendre la tâche difficile.

A.S