Déjà plusieurs semaines que les enseignants contractuels recrutés depuis 2008 boycottent les activités académiques pour exprimer leur mécontentement quant à la non satisfaction de leur plateforme revendicative. Une grève jugée inopportune par le ministre de tutelle, Lucien Kokou car des démarches rassurantes auraient été entreprises par le gouvernement pour leur donner gain de cause. Seulement que le ministre ignore que ces enseignants ont à plusieurs reprises été victimes de duperie de la part des autorités et que seuls les actes concrets comptent désormais. Une réaction loin d’encourager les grévistes à la reprise…
« Depuis ce matin (ndlr lundi 10 avril 2017), il y a une commission qui travaille sur la question. En son sein, il y a leurs délégués qui siègent…ils ont déposé leur motion qui porte encore sur ce problème pour lequel leur délégué est en commission à Bohicon. Cela ne s’entend pas », déclarait le ministre Lucien Kokou au cours de sa sortie médiatique. Suffit-il de mettre sur pied une commission pour donner l’assurance que les revendications des manifestants seront satisfaites ? La question mérite bien d’être posée au regard des critiques acerbes de l’autorité ministérielle. Encore que, ceux dont il s’agit sont des enseignants qui trainent depuis des années les mêmes revendications et qui malgré, les nombreuses commissions constituées, n’ont jamais eu gain de cause. Longtemps victimes de duperie de la part des autorités, on ne devrait pas espérer que les enseignants contractuels lâchent facilement prise juste après la mise sur pied d’une commission. Les accusations du ministre Lucien Kokou sont donc loin d’être fondées et la sortie est plus qu’inopportune que la grève en cours. Chose curieuse, le ministre qui juge inopportune, la grève estime dans le même temps que le point de revendication relatif au relèvement du montant horaire des enseignants vacataires de 1500 FCFA à 5000 FCFA ne pourra connaitre une issue favorable. « Les partenaires techniques ne sont pas d’accord à ce qu’on relève le taux de vacation. En revanche, ils donnent leur accord pour qu’on fidélise les enseignants. Le gouvernement est d’ailleurs dans cette démarche. En témoigne le recrutement de 3432 enseignants pour le compte du secondaire », précise-t-il. Remettant en cause les compétences des enseignants vacataires, le ministre affirme que les derniers concours de recrutement ont permis de jauger le niveau de ces derniers. Dans le domaine de la formation, du plan de carrière, l’autorité exprime la nécessité de renouer avec les normes en la matière. « Je voudrais prier les syndicats d’enseignants de chercher à soumettre leurs doléances au cadre de concertation pour trouver solution à leurs revendications. Le réponse ne se trouvera pas dans la rue », fait-il savoir. L’idéal pour l’autorité serait de s’atteler à satisfaire les revendications ou trouver d’autres stratégies de négociation avec les enseignants grévistes. Ceci pour relancer les activités académiques et minimiser les dégâts de fin d’année. A quelques jours seulement des examens scolaires, la réaction de l’autorité ministérielle n’est pas de nature à sauver les meubles mais plutôt envenimer la situation. A qui profiterait la poursuite du mouvement de paralysie ? Le ministre est simplement passé à côté de la plaque.Rassemblés au sein de l’intersyndicale des enseignants du secondaire, ces derniers exigent outre leur reclassement, la reconnaissance de leurs diplômes professionnels, la poursuite de la formation des cohortes de stagiaires par la correction des arrêtés de mis en formation bloqués depuis 2014, la prise immédiate des arrêtés d’application du décret portant statut particulier des corps des personnels enseignants de l’enseignement du second degré.
Aziz BADAROU