Alors que les derniers évènements ne pronostiquaient pas en faveur d’une rencontre aussi proche entre eux, le chef de l’Etat, Patrice Talon et Nicéphore Soglo auront un face à face, ce vendredi 14 avril à la présidence de la République.
Sa prise de position contre le projet de révision de la Constitution et son implication dans le rejet du texte par les députés font partie du jeu démocratique, mais ne signifient pas la fin de ses rapports avec le chef de l’Etat. Ainsi doit-on analyser la démarche de l’ancien président de la République, ex-maire de Cotonou, Nicéphore Soglo à l’endroit de Patrice Talon. A sa demande, le président de la République a accepté le recevoir ce vendredi dans ses bureaux à la présidence. Ce scénario imprévisible, du moins après seulement quelques jours du rejet du projet de révision constitutionnelle, vient démentir complètement les pronostics. La plupart des observateurs ont laissé croire que les portes du Palais de la Marina seront fermées pendant longtemps à l’ancien président de la République qui a demandé à échanger avec le chef de l’Etat. Erreur. Bien que l’ayant accusé d’être l’un des instigateurs du rejet des réformes politiques et institutionnelles à l’Assemblée nationale, Patrice Talon ne l’a pas laissé sur le quai. En tout cas, ce rendez-vous est bel et bien inscrit dans l’agenda du locataire du Palais de la Marina. On peut imaginer que les thèmes de leurs échanges porteront sur les derniers développements de l’actualité, avec comme plat de résistance, le sujet sur la révision. En se plaçant dans ce contexte, il faut rappeler que les Soglo n’ont eu aucun scrupule à accepter une alliance contre nature avec le camp de l’autre ancien président de la République, Yayi Boni, dont on connait l’état des relations avec Patrice Talon, pour faire échec au projet de ce dernier. Même s’il faut considérer que c’est une entente de circonstance, le but visé a été atteint. Les délibérations de l’Assemblée nationale ont sans doute surpris le chef de l’Etat et cet échec lui sert déjà de cas d’école, comme quoi, en politique rien n’est sûr. Depuis qu’il est intervenu sur Rfi, au micro de Christophe Boibouvier, évoquant que c’est fini le projet de révision et qu’il avisera s’il sera candidat ou non en 2021, ses déclarations ont provoqué une ébullition dans les états-majors des partis politiques et même dans la rue. Avant cela, il y a eu son entretien télévisé sur trois chaînes locales de télévision, au cours duquel, il laisse planer l’incertitude au sujet de son avenir politique. Piqué au vif et prenant sans doute conscience de cette malheureuse aventure, on se demande comment le chef de l’Etat va accueillir Nicéphore Soglo. Celui-ci réussira-t-il à se dédouaner auprès de Patrice Talon en prouvant sa bonne foi dans l’activisme antirévisionniste dont il a fait preuve face au projet. Déjà, la déclaration rendue publique hier, jeudi 13 avril devant la presse, par l’ancien président de la République donne des arguments à l’idée selon laquelle il ne veut pas faire le jeu de Yayi Boni et de ses acolytes qu’il accusent d’avoir battu le record des scandales durant leur règne. Et mieux, parlant de la révision, Nicéphore Soglo a indiqué dans sa déclaration, que son action était dirigée contre la démarche et non contre le chef de l’Etat à qui il conseille de rechercher le consensus après avoir changé un bon nombre d’articles. Sans doute qu’on aura une rencontre du genre : « dis moi, ce que je t’ai fait et je te dirai ce que je te reproche. D’autres sujets d’intérêt national qui n’avaient pas été abordés lors de la visite du chef de l’Etat chez les Soglo le 30 janvier 2017, le seront à cette occasion.
Réconcilier Talon et Ajavon
Se faire le facilitateur pour la réconciliation entre Patrice Talon et Sébastien Ajavon : tel est l’exploit auquel veut se livrer l’ancien président de la République. Les deux alliés politiques d’hier, plus que jamais en conflit depuis l’affaire des 18 kg de cocaïne découverts au port de Cotonou dans un conteneur destiné à Cadjaf Comon de Sébastien Ajavon, se donneront-ils la main un jour, au nom de la réconciliation ? Nicéphore Soglo y croit et compte inviter le chef de l’Etat à jouer le jeu. Se plaçant quelques fois au-dessus de la mêlée, ou prenant parfois parti face à des questions d’intérêt commun, force est de reconnaître que l’ancien président de la République joue avec son charisme pour aider à la résolution de bon nombre de situations difficiles.
FN