Le bilan de l’an 1 de sa gouvernance et le rejet, à l’Assemblée nationale, de son projet de révision de la Constitution ont précipité les choses. Plusieurs fronts sont ouverts autour du chef de l’Etat, Patrice Talon.
Sauf révision des différentes positions, le Bénin s’apprête à vivre à nouveau, quatre années tumultueuses. Si entre 2012 et 2016 c’était plus une bipolarisation, c’est-à-dire un combat entre l’ancien chef de l’Etat, Yayi Boni et son ennemi Patrice Talon devenu président, aujourd’hui, la bataille s’annonce sur plusieurs fronts. Et, Patrice Talon l’aura voulu, du fait de sa gouvernance. En effet, les douze mois passés à la tête du pays, le président de la République et son gouvernement ont essuyé beaucoup de critiques venant de leurs concitoyens. Au-delà, après l’échec de son projet phare portant modification de la loi fondamentale du Bénin, le président de la République, tout furieux, s’est engagé à faire désormais la politique ; lui qui a martelé que ce sont « des mains visibles » qui l’ont empêché d’atteindre ses objectifs. Et avec son bout de phrase « j’aviserai », la confusion s’est installée dans les esprits, quant à son mandat unique de 5 ans qu’il avait juré faire à la tête du pays. Tout compte fait, les derniers développements de l’actualité montrent clairement que ça couve…
Yayi Boni
Véritable tour de contrôle, Yayi Boni se refusera de vivre au loin les prochaines législatives et communales, dans la perspective de 2021 pour ce qui est de la présidentielle. Certains observateurs affirment d’ailleurs que ces échéances électorales ne se feront pas sans l’ancien chef de l’Etat, qui voudra montrer sa suprématie dans certains fiefs. Tout ceci se fera par le jeu politique. Et comme un bis repetita de la période 2012-2016, tous les coups seront au rendez-vous.
Sébastien Ajavon
Sa récente sortie médiatique a renseigné davantage sur sa position dans le landerneau politique. Avec Patrice Talon et lui, plus rien. Si le roi de la volaille qui hésitait, a pu démissionner de la tête de certaines des structures qu’il gère, pour déclarer publiquement qu’il est désormais sur le terrain politique, il faut craindre un combat de gladiateurs. Sébastien Ajavon qui n’a pas digéré l’humiliation à lui faite dans le dossier 18 kg de cocaïne veut marquer à la culotte la gouvernance Talon. Et pour ceux qui ont suivi le patron des patrons béninois, il dit qu’il va mettre la barre haut. Patrice Talon tout en pensant développement doit aussi faire face aux éventuels assauts de son ancien allié de la coalition de la Rupture.
Martin Rodriguez
Très loin des frontières béninoises, il est aussi l’un des opérateurs économiques frustrés par la gouvernance Talon. Du secteur coton à la gestion hôtelière, Martin Rodriguez a été déplumé. Pendant combien de temps va-t-il se contenir encore sur les quatre ans à venir ? Certains analystes estiment qu’il faut se méfier de ce silence qui pourrait détonner à tout moment chez l’opposant numéro1 déclaré à Patrice Talon, les toutes premières heures après son élection à la magistrature suprême. Le combat Talon-Rodriguez, cela ne date pas d’aujourd’hui. Et l’histoire étant têtue, quelque chose pourrait également provenir de là.
Candide Azannai
Même s’il n’est pas un pouvoir financier à l’instar de ceux cités précédemment, il reste que ses prises de position nuisent dangereusement. Depuis sa démission le 27 mars 2017 du gouvernement qu’il a contribué à installer, il ne parle pas encore. Mais déjà des actes pour dire non, au projet de révision de la Constitution de Patrice Talon. En attendant de se remettre sur la scène, Candide Azannai a été reçu par l’ancien Médiateur de la République, Albert Tévoedjrè. Mais avec ses récents échanges de correspondances avec le président Talon, duquel il sollicite une passation de charges, on peut s’imaginer que le clash Azannai-Talon pourrait avoir d’autres développements dans les jours et mois à venir.
D’autres fronts
En dehors de ces personnalités les plus-en vue, il y a bien d’autres qui pourraient grossir la liste. Dans le milieu politique ou sur le terrain du syndicalisme, des acteurs pourraient être cooptés. La seule option pour Patrice Talon de vaincre toutes les velléités, c’est de travailler à bien mettre en exécution le Programme d’action du gouvernement, satisfaire les revendications les plus urgentes des travailleurs. L’autre chose, ne pas se lancer dans les vaines polémiques.
Worou BORO