Nous sommes à Calavi Agori, dans la commune d’Abomey-Calavi, non loin du centre de santé d’Abomey-Calavi. A quelques pieds de là, un décor frappe la vue. Il est majestueusement installé au beau milieu des maisons et s’impose par son volume. Un géant dépotoir d’ordures, lieu de défécation pour certains, distraction pour les enfants, marché d’approvisionnement de plastiques pour d’autres. Seulement, la santé des populations reste exposée. Un véritable danger public qui, depuis 12 ans, passe inaperçu aux yeux des autorités communales.
Nous sommes dimanche 02 avril 2017. Sur les lieux, des enfants sac en main. Aux alentours immédiats du dépotoir, des maisons, une buvette, un atelier de coiffure, une vendeuse de denrées alimentaires, une salle de jeu, le centre de santé d’Abomey-Calavi, etc. Pour François, cela fait 12 ans que le dépotoir d’ordure a pris corps. Tout au début, signale-t-il, les avertissements, les sensibilisations n’ont rien changé à l’attitude des populations qui ont transformé ce terrain litigieux qui abritait une école primaire, en dépotoir d’ordures. Aujourd’hui, se désole-t-il, le fait est là et inquiète. L’air, à ce lieu, est souillé. Il est nauséeux et vomitif. Le risque de contracter des maladies est pesant. Au temps du maire Patrice Hounsou Guèdè, relate l’homme, il avait, entre-temps, demandé que les abords de ‘’l’édifice’’ soient nettoyés vu que de plus en plus, les ordures envahissaient l’espace. Et ce fut l’unique geste communal depuis 12 ans. Or, en face du dépotoir, informe Roméo, se trouve la maison familiale de l’actuel maire d’Abomey-Calavi, Georges Bada. «C’est vraiment un grand danger public. Là où vous êtes maintenant, si on vous sert à manger, c’est des mouches qui viendront se poser dessus. L’autorité communale ne joue pas sa partition. L’actuel maire de Calavi, c’est ici (indiquant du doigt Ndlr) sa maison familiale. Les Badas sont ici. Il sait ce qui se passe. Pour aller chez son père, il passe par ici, ce pavé», s’indigne-t-il. La vendeuse d’ananas et autres denrées installée à côté du dépotoir bien que dérangée par les mouches, dit n’avoir autre choix. «Il faut bien qu’on mange, je n’ai pas d’autres choix», lâche-t-elle. Ce dépotoir, poursuit Roméo, n’honore pas la commune d’Abomey-Calavi. A l’entendre, «C’est une colline d’ordures. J’attire l’attention du maire pour dire qu’il ne joue pas son rôle. Ce n’est pas loin de la Mairie non plus. Les femmes viennent souvent chercher des plastiques qu’elles revendent, des enfants se promènent sans chaussures, or, il court des dangers. Là-dessus, il y a des tessons de bouteilles, des fers. On ne peut pas admettre, dans une ville, qu’il y ait de pareilles situations. J’appelle ça de la négligence, or, les conséquences sont vraiment énormes. Il y a des maladies virales».
Les explications du docteur Uriel Dassoundo
«C’est la santé publique qui est mise en jeu», indique le spécialiste en santé et sécurité au travail, expert en santé et environnement à la Polyclinique de l’Amitié ‘’ Le Bon Samaritain’’. «Vous aurez des maladies du péril hydro-fécales, c’est-à-dire des maladies liées à l’eau et aux selles. Que ce soit les adultes ou les enfants mais beaucoup plus les enfants qu’on ne contrôle pas, qui mettent la main n’importe où et après la ramène à la bouche à tout moment. Nous avons par exemple, le choléra, la fièvre typhoïde, les maladies digestives. En générale, tout ce qu’il y a comme infections digestives. Les parasitoses intestinales, les vers, vous en aurez de toutes sortes. On a aussi des maladies comme le paludisme que vous pouvez avoir. Là où il y a des ordures, les moustiques sont souvent présents», affirme-t-il. La plupart des maladies liées aux piqûres de moustiques et la plupart des maladies liées à la digestion, fait-il savoir, c’est souvent «ce qu’on a comme affections quand on a des tas d’ordures aux alentours».
Cyrience KOUGNANDE