Egreneurs, producteurs, chercheurs et acteurs de la filière coton sont en atelier à Dassa-Zoumé depuis ce mercredi 19 avril, pour faire le bilan et procéder à la planification des activités de la recherche cotonnière. Durant trois jours, ces acteurs s’attelleront à trouver les recettes pouvant permettre au coton béninois de connaître de nouveaux jours glorieux.
Le succès de la dernière campagne cotonnière avec plus de 400 000 tonnes de coton-graine produites est loin de combler les acteurs de la filière, notamment l’Association interprofessionnelle du coton (Aic). Cette dernière entend aller encore plus loin et ambitionne de passer désormais d’un rendement de 1 tonne à l’hectare à 3 ou 4 tonnes à l’hectare. Et pour atteindre ce but, ils veulent se donner les moyens nécessaires. Il s’agit de réunir tous les acteurs ainsi que les chercheurs pour en évaluer toutes les possibilités et surtout mettre à contribution les dernières innovations techniques mises au point par la recherche cotonnière dans les domaines de l’agronomie et des techniques culturales, de l’amélioration variétale, de la protection phytosanitaire et au plan socio-économique des systèmes de culture à base de coton. C’est dans ce cadre que se tient depuis hier à Dassa-Zoumé un atelier de bilan et de planification des activités de la recherche cotonnière.
Les participants réfléchissent sur plusieurs thématiques : « Création et sélection de variétés de cotonnier adaptées aux différentes zones agro-écologiques au Bénin », « Doses régionalisées de Npksb et technique d’adaptation au changement climatique pour l’amélioration de la productivité de la culture cotonnière », « Méthodes de lutte contre l’Hélicoverpa armigera et autres ravageurs du cotonnier ».
Mathieu Adjovi, président de l’Aic, procédant à l’ouverture de la rencontre, a félicité le Gouvernement d’avoir ramené la quiétude dans la filière. Ce qui a permis de travailler ensemble pour redonner à la filière coton, la place qui est la sienne avec environ 430 000 tonnes au rendez-vous. Ce niveau de production n’a jamais été atteint au Bénin, fait-il remarquer.
Quand le coton va bien, c’est tout le Bénin qui se porte bien puisque plus de 50% des Béninois vivent du coton, souligne-t-il. Cela indique la place qu’occupe le coton dans l’économie béninoise avec plus de 75% des recettes d’exportation, ajoute-t-il, en se fondant sur des chiffres de l’Institut national de la statistique et d’analyse économique (Insae).
Faire mieux que par le passé
Mathieu Adjovi indique que les prévisions d’emblavures envisagées pour la campagne 2017-2018 sont de 450 000 ha, soit une augmentation de 7% par rapport à la dernière campagne. Toutefois, le président de l’Aic fait observer que, pour sa structure comme pour les autres acteurs du coton, l’accent doit être désormais mis, non pas sur l’extension des superficies, mais sur la densification des rendements pour garantir un niveau de production plus élevé. A cet effet, annonce-t-il, « Nous avons retenu un programme d’intensification sur 5 000 hectares ». Un programme qui s’étendra progressivement sur certaines communes tout en impactant d’autres producteurs identifiés sur la base du volontariat.
A l’ouverture des travaux de cet atelier, le maire Nicaise Fagnon, ancien directeur général de la Sonapra donc bien averti des questions liées au coton béninois, a salué cette proactivité de l’Aic qui permet de toujours faire mieux que par le passé. Il a tout de même émis le vœu que les travaux de cette rencontre aillent au-delà des thématiques prévues pour évaluer les difficultés réelles que rencontrent les différents acteurs à commencer par celles des producteurs qui continuent de peiner face à l’accès aux intrants par exemple, et qui ont besoin aujourd’hui de changer, entre autres, de méthodes de production aussi. Il évoque la situation des producteurs de sa commune qui n’ont fait que 560 tonnes du fait des aléas climatiques. Il plaide aussi pour la réhabilitation des pistes rurales afin de faciliter l’évacuation du coton des champs durant les campagnes de commercialisation.
Il est soutenu par Françoise Comlan Assogba, chercheur et secrétaire général du ministère en charge de l’Agriculture, pour qui, tous les acteurs de cette filière doivent se sentir concernés par cette rencontre qui donnera le top pour la mise en œuvre des outils agricoles afin de relever le défi du développement économique.
Il est à noter que cet atelier prendra fin demain vendredi avec de nouvelles résolutions pour le coton béninois.