Cotonou - Le "Front pour le sursaut patriotique", mouvement d'opposition béninois créé récemment, s'est élargi jeudi à une trentaine d'organisations qui ont adopté une Charte pour faire barrage au président Patrice Talon, au pouvoir depuis un an.
Le Front rassemblait jusqu'à présent une vingtaine de syndicats, associations et partis d'opposition dont les Forces cauris pour un Bénin émergent, une alliance regroupant les anciens soutiens de l'ex-président Thomas Boni Yayi.
Il est né fin mars pour exiger le retrait d'un projet controversé de révision constitutionnelle voulu par le chef de l'Etat, finalement abandonné après le refus du Parlement d'examiner le texte le 4 avril.
"Le pouvoir de Patrice Talon après seulement une année d'exercice s'est illustré par la négativité dans tous les domaines", a déclaré devant ses membres à Cotonou le porte-parole du Front, Laurent Metognon.
La jeune coalition dénonce le bilan économique de Patrice Talon, élu en mars 2016 après avoir fait une carrière prospère dans les affaires, ainsi que "l'opacité dans la gestion du bien public et la transformation progressive de tout le patrimoine national en une propriété quasi privée", selon la déclaration commune du Front, qui s'inquiète de possibles conflits d'intérêts entre l'ancien chef d'entreprise et le secteur privé.
Les détracteurs du chef de l'Etat réclament également "la levée des mesures" de suspension prises en décembre 2016 à l'encontre de certains médias proches de l'opposition - notamment Sikka-Tv, propriété de Sébastien Ajavon, candidat malheureux à la dernière présidentielle.
Ils affirment aussi vouloir se battre pour "obtenir l'indemnisation et le relogement des populations déguerpies", dans le cadre d'opérations très impopulaires lancées depuis janvier par M. Talon pour embellir les villes et dégager les routes, dans le cadre de sa politique de "rupture".
Le projet de révision constitutionnelle - promesse de campagne de M. Talon, qui prévoyait notamment l'instauration d'un mandat présidentiel unique - avait suscité ces dernières semaines de vives protestations populaires au Bénin, l'opposition dénonçant une tentative de passage en force par la voie législative et l'opacité du texte.
Le petit pays d'Afrique de l'Ouest traverse actuellement une situation économique difficile, touché de plein fouet par la récession qui secoue son voisin nigérian et principal partenaire commercial, géant pétrolier affecté par la chute des cours mondiaux du baril.
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