Le Président du Front des Républicains pour le Développement de la ville de Porto-Novo (Frd) réagit et clarifie sa position sur des sujets importants de l’actualité nationale. Jacques Migan analyse le contexte politique actuel marqué par une offensive médiatique du Gouvernement, des rebondissements dans l’affaire de 18 kg de cocaïne et la volonté du Chef de l’Etat de faire plus de la politique. Sur chacun des points, l’ancien bâtonnier a défendu la vision du Président Talon et souhaité que les Béninois accompagnent le Chef de l’Etat dans la mise en œuvre du Programme d’actions du Gouvernement.
Jusque-là, le gouvernement de la rupture s’est confiné dans ce qu’il appelle ’’ la normo communication". Mais juste après l’échec du projet de révision de la Constitution, nous voyons que Patrice Talon multiplie les sorties médiatiques. Selon vous, ne s’est-il pas réveillé trop tard ?
Je vais dire d’entrée qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Encore que ce que vous appelez la ‘’normo communication’’ n’est pas un mal en soi, à mon avis. Le Gouvernement du Président Patrice Talon, a, sans doute, réalisé que le fait de se taire sur un certain nombre de situations créait des malentendus dans l’opinion, favorisant la désinformation et les rumeurs malveillantes par des personnes de mauvaise foi.
Il ne s’agit pas de propagande, mais d’assurer une communication minimale nécessaire à la lisibilité et à la visibilité des actions et projets du Gouvernement en place. Et c’est, me semble-t-il, ce que fait le Président actuellement.
Maître Migan, on vous a vu dernièrement défendre Ajavon Sébastien dans l’affaire des 18 kg de cocaïne. Votre avis sur la poursuite judiciaire qu’il a engagée contre l’État béninois concernant ce dossier.
Effectivement, j’étais l’un des avocats qui avaient été constitués pour la défense de Monsieur Ajavon dans cette affaire. A l’issue d’une décision de justice, le plaideur qui n’est pas satisfait de la décision rendue a la possibilité d’engager des recours. Ces recours peuvent être formulés devant les juridictions internationales en cas d’épuisement des voies de recours internes. Je ne suis pas Conseil de Monsieur Ajavon dans la procédure actuelle. Vous comprendrez que je ne puisse me prononcer.
Beaucoup de Béninois suivent vos réactions face à l’actualité politique du pays et s’étonnent que vous preniez aujourd’hui le contre-pied parfait de la position de Asg.
Qu’appelez-vous prendre le contre-pied parfait de Ajavon ? Je n’ai rien contre Monsieur Ajavon. Ma perception et ma conviction sont celles-ci. Je trouve simplement qu’il serait fâcheux pour le Bénin et son développement que des acteurs majeurs tels que le Président de la République et Monsieur Ajavon se livrent une bataille sur le terrain politique au détriment d’une alliance dans l’intérêt de développer notre pays. Monsieur Ajavon est un homme d’affaires prospère. Je trouve que notre pays gagnerait à voir ses deux fils unis pour son développement économique.
Nous savons que vous avez été l’un des ardents défenseurs du ‘’oui’’ pour la révision de la Constitution. Si vous étiez en position de conseiller le chef de l’Etat en la matière, que lui auriez-vous suggéré de faire ? Laisser tomber simplement cette affaire de révision ou revenir à la charge quand il aura la majorité voulue ?
J’ai soutenu le projet de révision de la Constitution parce que le contenu du projet me semblait digne d’intérêt. Au final, le projet de révision de la Constitution présenté par le Gouvernement a été rejeté à la phase de la recevabilité. Faut-il s’en réjouir ? Faut-il désespérer ? Ni l’un ni l’autre. Rien n’est compromis de manière irrémédiable. N’oublions pas que le Chef de l’Etat a fait des réformes politiques et institutionnelles un axe majeur de son quinquennat. Ce rejet n’exprime pas une hostilité absolue à toutes réformes constitutionnelles. D’ailleurs, le fait qu’il y ait eu 60 députés qui ont voté pour la recevabilité du projet montre à suffisance l’opportunité de la révision. Le vote de cette majorité démontre qu’une grande partie de la classe politique est contre l’immobilisme. Le rejet du projet révèle plutôt une nouvelle forme d’expression de revendications politiques. Il peut également se justifier par un travail d’explication du projet de réformes insuffisant. Il me semble nécessaire d’expliquer clairement le pourquoi, le comment et les avantages que la démocratie béninoise pourrait en tirer aussi bien auprès de nos élus que de nos compatriotes. Ce projet de réforme constitutionnelle doit être avant tout un débat à caractère technique et non l’occasion d’exprimer une opposition à la politique menée contre le Chef de l’Etat. Enfin, le Chef de l’Etat a, cependant, toujours la possibilité de réintroduire le projet après avoir pris en compte les propositions pertinentes et constructives pour que cette réforme institutionnelle soit une réussite. La démocratie béninoise en ressortirait grandie et renforcée.
Mais pour l’instant, vous avez entendu le Chef de l’Etat dire qu’il faut passer à autre chose. Passons donc à autre chose.
Le Président de la République se veut désormais plus politique que réformateur, n’est-ce pas une manière de ne pas honorer les engagements qu’il a pris lors de la campagne électorale ?
Votre lecture des choses me semble assez simpliste et hâtive et donc très réductrice. Au-delà des engagements pris pendant la campagne, le Gouvernement a proposé un programme au peuple béninois : le Pag. Accompagnons et suivons le gouvernement dans ses actions et dans l’exécution de son programme. A la fin, nous ferons le bilan. Je sais qu’il sera positif. Mais c’est mon point de vue. Tout le reste relève de la spéculation.
Pour les élections législatives prochaines, avez-vous l’ambition d’être candidat ou pensez-vous soutenir une liste ?
Il n’y a pas d’élection dans le pays, me semble-t-il, avant deux ans. Pendant ce temps, beaucoup de choses peuvent se passer. Je pense qu’on n’a pas besoin fondamentalement de disposer d’un mandat électif pour contribuer au développement de son pays. Mais en son temps, j’aviserai.
Vous êtes un digne fils de Porto-Novo, que pensez-vous de la politique de réhabilitation de la ville capitale par les gouvernements successifs et qu’attendez-vous surtout du gouvernement de la rupture dans ce domaine ?
Porto-Novo a été délaissée depuis les indépendances et comme vous le dites, par tous les gouvernements successifs. Le Gouvernement du Président Talon a pris l’engagement de la réhabiliter et de lui donner les attributs d’une capitale digne du nom. Et cette promesse connaît déjà un commencement d’exécution. Il y a des axes du Pag qui sont dédiés à des projets majeurs à mettre en œuvre à Porto-Novo. Aussi, voyez-vous, des Institutions importantes comme le Ministère de la Justice ont déjà été transférées là-bas. Ça, ce n’est pas des mots, c’est du concret. Pour le reste, donnons le temps nécessaire au Président pour réaliser son programme. Le peuple est pressé. Le peuple nourrit des attentes. C’est légitime. Mais il y a aussi des contraintes. Je réitère que le changement attendu aura bien lieu.