Inquiétant ! Lancés à pleine vitesse, de précieux dispositifs pour tirer le développement du Bénin vers le haut sont foudroyés par d’expéditifs éclairs de la Cour constitutionnelle. A un rythme régulier, des lois unanimement votées à l’Assemblée nationale passent de vie à trépas. Adoptée le 15 Avril 2017 par les députés, la loi portant régime général d’emploi des collaborateurs externes de l’Etat n’aura, elle, vécu que quatre petits jours. Avant elle, la loi fixant les conditions et la procédure d’embauche, de déplacement de la main d’œuvre et de résiliation du contrat de travail en République du Bénin votée le 21 mars 2017 et celle sur le Partenariat Public-privé adoptée par les parlementaires le 11 octobre 2016 n’auront pas connu un meilleur sort. Mis à mal par ce tsunami juridico-constitutionnel, le projet de société du président Talon est malencontreusement au carrefour des ennuis.
Basé sur le Partenariat Public-privé et d’attirantes conditions législatives et réglementaires pour les investisseurs, le Programme d’actions du gouvernement reste, pour le moment et après les coups de boutoir des sept sages, orphelin de légitimes réformes pour sa survie. Pourtant, tous, sommes-nous conscients que pour sa marche vers le progrès, notre pays a besoin d’être réinventé. Dans un village planétaire où la concurrence est impitoyable, tous nous savons que pour construire un Bénin radieux, l’apport des capitaux privés est indispensable.
Mais, à l’état actuel de notre législation, il ne faut pas se voiler la face. Aussi longtemps qu’en Chine, en Inde, au Nigeria, en Côte d’Ivoire, les capitalistes auront des conditions plus favorables, ils ne viendront pas investir au Bénin. Evidemment, la vérité blesse. Mais, c’est la loi de l’offre et de la demande et nos sanglots n’y pourront rien. Tant que nous serons accrochés au code du travail sous sa forme actuelle, l’embauche exponentielle escomptée ne peut être qu’un vain mot. Malheureusement, les tentatives pour sortir de l’immobilisme et gagner le combat de la modernité rencontrent le veto de la Cour constitutionnelle.
Alors, même si les décisions de la Haute juridiction sont sans recours et s’imposent à tous, il y a lieu de prendre au sérieux ces freins anti réformes et d’agir. Sinon, quel Bénin de demain réservons-nous à nos enfants ? Continuer avec cette allergie suicidaire aux changements qui tiennent compte des réalités de l’heure et donc au développement de la nation ou se donner la main pour surmonter les écueils ?
Dans tous les cas, personne ne doit se satisfaire de ce méli-mélo entre la Cour constitutionnelle, le parlement et le gouvernement. C’est évident, privés des nouvelles lois plus incitatives pour les employeurs et la jeunesse en quête d’emploi, les Béninois respirent un suffoquant état d’abandon. Et, sur le long chemin pour un Bénin révélé, pour avoir le tonus pour faire des bonds qualitatifs, de l’eau faudra-t-il dans le vin des institutions de la République. Quoiqu’il en soit, dans un monde où seuls les intérêts comptent, le Bénin stoppé dans son élan par les décisions Dcc 17-087 et Dcc 17-088 du 20 avril 2017 ne peut pas se satisfaire de cette situation. Institutions de contre-pouvoir dans ses prérogatives ou pas, il est impératif de trouver l’alchimie nécessaire pour permettre au Bénin du Nouveau départ de gagner le pari des ambitions contenues dans le PAG. Et pour ça, obligation et même urgence ont les présidents Talon, Houngbédji et Holo de se concerter. Autrement, à continuer par composer avec un juridisme improductif, la démocratie censée nourrir le peuple ne survivra pas. Cette fracture, pendant qu’il est encore temps et autant qu’il est possible, il faut l’éviter.
Angelo DOSSOUMOU