La Rupture n’aura duré qu’un an. Le 1er anniversaire passé et le constat fait d’une insatisfaction générale, le chantre de la Rupture a changé d’approche. Petit-à-petit, la méthode Yayi tant décriée, apparait aujourd’hui comme le système de gouvernance qu’il faut adopter pour qu’en 2021, Patrice Talon puisse ‘’aviser’’.
Retour à la case départ donc. La Rupture ou du moins le semblant de rupture n’aura duré qu’un an. Un an de rétropédages, d’amalgame, de décisions et de lois prises (environ une dizaine), pour être ensuite cassées par la Cour. En réalité, il n’y a jamais eu une vraie Rupture. Mais il aura fallu le rejet du projet de loi sur la révision de la Constitution, pour que le Chef de l’Etat, dépité, trouve maintenant qu’il lui faut changer de méthode, communiquer plus, se rendre à l’évidence qu’il exerce après tout une fonction hautement politique. Dès lors, des ministres sont envoyés à l’intérieur du pays pour vulgariser le Programme d’action du gouvernement et faire le bilan des un an de gestion. Pour le moment, c’est le ministre du Transport et des Infrastructures Hervé Hêhomey qui s’adonne à cette randonnée au pays Agonli. Mais nul doute que d’ici peu, d’autres lui emboiteront le pas. Des ministres et autres directeurs de sociétés, jugés éloquents, sont envoyés sur les plateaux de télévision pour parler de la gouvernance Talon. Dimanche, c’est le directeur de la Loterie nationale du Bénin Gaston Zossou qui s’est prêté à l’exercice. Hier, c’était le tour du ministre de l’Economie et des finances Romuald Wadagni. Même la Douane est utilisée pour investir les chaînes de télévision afin de répondre à un allié politique tombé en disgrâce. On se croyait en plein régime Yayi avec des acteurs différents ou parfois les mêmes comme c’est le cas de la Douane lors du conflit né de la suspension de Bénin Control.
En revenant sur sa promesse de faire cinq ans, le Chef de l’Etat a ouvert une campagne électorale précoce. Les Béninois ne se font aucune illusion sur le sens qu’il faut donner à la phrase désormais célèbre : « en 2021, j’aviserai ». Dans la tête de tous, c’est qu’il sera sur la ligne du départ en 2021. Aussi, au niveau des hommes politiques, ceux qui nourrissent encore le rêve d’être président en 2021 continuent d’explorer toutes les options pour faire réintroduire au parlement le projet de loi sur la révision de la Constitution. Ce n’est pas tant les autres réformes qui les préoccupent mais celle de mandat unique en vue de contraindre l’actuel locataire de la Marina à respecter son engagement. Une façon de le pousser vers la porte de sortir en 2021. Dans le rang des fidèles, les privilégiés du régime Talon, c’est un soulagement car ils auront à profiter encore des avantages du pouvoir durant 10 ans. Le peuple quant à lui renoue avec une habitude, celle d’un pays éternellement en campagne électorale. D’une fausse Rupture, on revient utiliser les mêmes armes que le régime défunt parce que maintenant, il faut penser à rempiler. A quand alors le Nouveau départ ?
B.H