La présidentielle française du 23 avril 2017 a porté en triomphe le fondateur du mouvement ’’En Marche’’ Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour avec plus de 23% et Marine Le Pen, candidate du Front National, arrivée en deuxième position avec 21% des suffrages. Invité de l’émission Afrique soir Rfi de ce 24 avril 2017, le dernier ancien 1er Ministre du gouvernement Yayi, Lionel Zinsou, s’est prononcé sur ce scrutin. L’ancien candidat arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle, estime que les français ont donné leur chance à des candidats plus indépendants et plus intéressés à l’Afrique.
Selon l’ancien élève de l’ancien Ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, les deux candidats au second tour ont une vision du développement économique pour le continent africain. Avant de s’accorder beaucoup plus sur les idéaux du candidat arrivé en tête du premier tour, l’ancien Ministre béninois précise que Emmanuel Macron et Marine Le Pen ne sont pas distants en ce qui concerne la politique de la France avec l’Afrique. « Emmanuel Macron a des idées extrêmement claires pour l’Afrique et il les a exprimées dans son livre ‘’Révolution’’ », a-t-il déclaré. En effet, dans ledit livre, Macron donne un premier aperçu de son programme de développement. Sur l’une des émissions communes animée avec les dix autres candidats, il avait déclaré : « Je souhaite par ailleurs relancer notre aide au bilatérale en Afrique pour faire face au défi du développement. Je souhaite notamment mobiliser plus de financements, publics et privés, pour financer les infrastructures et les PME africaines, qui sont créatrices d’emplois. Je veux promouvoir le rôle des femmes et doubler le financement des projets liés à l’égalité femmes-hommes. Je pense qu’il est essentiel que la France soit plus à l’écoute de la société civile et de la jeunesse africaines.
Sur le plan des valeurs, Lionel Zinsou affirme que le fondateur du mouvement ’’En marche’’ aura à lutter pour une totale indépendance de l’Afrique vis-à-vis de l’Europe, puisqu’il est d’avis que « la colonisation est un crime contre l’humanité ». Emmanuel Macron l’avait affirmé lors de son voyage en Algérie, en février dernier. « J’engagerai une revue politique et militaire des bases militaires françaises en Afrique, notamment au regard de la lutte contre le terrorisme. Dans le même temps, je veux faire du renforcement des capacités sécuritaires africaines nationales et régionales un objectif prioritaire pour la France et pour l’Europe. Nos partenaires européens doivent s’y investir davantage. Je salue à ce titre l’engagement majeur de l’Allemagne au Sahel ». Avec de tels propos, l’ franco-béninois, l’homme qui a pris la tête du géant européen du capital-investissement, PAI Partners, ne doute pas sur la capacité du certainement le prochain Président de la France a révolutionné la relation France- Afrique.
« C’est quelqu’un qui est tout à fait partisan d’un travail avec l’Afrique pour le développement dans le respect du continent, par le partenariat en matière économique », témoigne-t-il, à propos de Macron.
Marine Le Pen a de belles idées malgré tout !
«L’Afrique, avec ses centaines de millions de jeunes et ses gigantesques ressources naturelles, dispose d’un considérable potentiel de prospérité et de puissance. Pourtant, rien n’est gagné. Un chemin important a été parcouru. La forte croissance liée aux cours élevés des matières premières a permis d’engager le développement d’un certain nombre de pays. Seulement, le développement est allé de pair avec un creusement des inégalités, ce qui génère des frustrations pouvant, à terme, susciter des troubles sécuritaires ». Selon Lionel Zinsou, Marine Le Pen, malgré qu’elle soit accablée de tous les noms d’oiseau du fait de l’idéologie de son parti, le Front national, dispose d’un plan qui, du reste, tient la route. En témoigne cette lecture qu’elle fait de la jeunesse africaine. C’est une lecture qui, à en croire les propos de l’ancien 1er Ministre mérite une attention particulière. Elle avait même affirmé sur une émission : « La France n’a aucune légitimité à se prononcer sur la vie politique nationale de tel ou tel pays. Mais elle doit dénoncer les violences et les violations des processus démocratiques lorsqu’elles sont manifestes. Et ne pas tenir deux discours selon les amitiés ou les intérêts financiers ou personnels, comme on peut trop souvent le constater. Nous devons être intraitables sur le bon usage de l’argent du contribuable français : l’aide en Afrique sera conditionnée à la bonne gouvernance et au respect de l’Etat de droit. »