A l’orée de la célébration, lundi 1er mai, de la fête internationale du travail, Philippe Noudjènoumè, le 1er Secrétaire du Parti Communiste du Bénin et président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche s’est adressé à la classe ouvrière. Lire ci-dessous l’intégralité de son message intitulé "Réfléchir à la question de la prise du pouvoir au profit des travailleurs et du peuple" dont Banouto a reçu copie.
"Dans quelques jours, la classe ouvrière et les travailleurs du monde célèbreront le 1er Mai, la Fête Internationale du Travail. Les travailleurs salariés du Bénin ainsi que des artisans participeront aussi à cette fête. Comme l’a toujours rappelé le Parti Communiste du Bénin, le 1er Mai n’est pas une date de bombance, mais de réflexion sur les sacrifices consentis et que consentent les travailleurs salariés, producteurs de richesses mais qui manquent du minimum vital pour vivre et de prise de résolution pour un avenir meilleur à eux et au peuple.
La situation actuelle de la classe ouvrière dans les pays capitalistes développés incite à cette réflexion. Face à la crise de son système, la grande bourgeoisie des pays capitalistes avec des programmes de libéralisme sauvage, rejette les effets de cette crise sur la classe ouvrière, désormais livrée à toutes sortes de misères et de précarités pendant que les patrons se taillent des millions de dollars ou d’euros de prébende par an. La duperie est mise en avant dans des élections où la haute finance renouvelle ses hommes au pouvoir pour la poursuite des mêmes politiques d’exploitation sauvage et de misère inhumaine pour les travailleurs et la majorité des peuples.
La faillite de la mondialisation libérale est désormais constatée. Aux Etats-Unis, c’est l’extrême-droite avec Donald TRUMP. En France, la classe ouvrière est désormais soumise à un choix impossible entre la peste et le choléra avec d’un côté, l’ultralibéral MACRON et de l’autre, l’extrême droite de Marine Le PEN.
Qu’en est-il dans les pays néocoloniaux et dépendants d’Afrique ?
C’est la même politique de misère pour les travailleurs et les peuples ; mais ceci doublé de la férocité de l’oppression et de l’exploitation de type colonial. Dans les pays de colonisation française en particulier comme le Bénin, la poursuite de la main-mise coloniale française est l’obstacle majeur au franc développement des forces productives, au franc développement du capitalisme. Les travailleurs et les peuples de nos pays n’ont pas encore la liberté de produire avec la persistance du pacte colonial et ses servitudes que sont : 1°- l’exportation brute des matières premières à l’étranger (comme le coton, l’anacarde …) ; l’importation de produits fabriqués à l’étranger pour la consommation locale (comme les habits Vlisco, les poissons et volailles congelés…) ; 2°- une monnaie confisquée au Trésor français ; 3°- une langue étrangère, le français imposée à l’administration et à l’éducation de nos enfants.
Les travailleurs et les peuples du Bénin souffrent à la fois du capitalisme et de l’insuffisance du développement du capitalisme.
Sans donc la levée de cet obstacle majeur, aucun développement franc des forces productives ne peut se réaliser ; aucun développement sérieux de la classe ouvrière en nombre et donc en conscience. Puisque nous n’avons pas le droit de transformer sur place nos produits, il n’y a pas d’industries dignes de ce nom.
Quelle est donc la mission de la classe ouvrière et de ses organisations révolutionnaires à l’étape actuelle de la lutte de nos peuples ?
Elle consistera essentiellement, tout en continuant de se battre pour une meilleure vente de la force de travail avec des revendications catégorielles, à s’engager dans le combat politique pour la fin des pouvoirs néocoloniaux et apatrides qui perpétuent le pacte colonial.
Ouvriers, travailleurs de toutes conditions,
C’est la politique du pacte colonial qui est aux commandes de notre pays le Bénin, avec l’autocrate Patrice Talon, patron de la SODECO, exportateur brut de notre coton ; celui-là qui n’a pas hésité en 2008 à priver nos petites industries textiles (CBT, COTEB) du peu de coton nécessaire à leur fonctionnement ; Patrice Talon, celui-là qui n’hésite pas à affirmer comme programme de gouvernement la non- transformation du coton en tissu au Bénin.
Patrice Talon non seulement incarne le pacte colonial, mais encore pousse l’agression contre les travailleurs, les petits artisans et petits vendeurs à son comble avec les mesures de désarticulation de la fonction publique, les fermetures d’entreprises publiques avec leurs lots de licenciements massifs et surtout les mesures de déguerpissements sauvages occasionnant déjà des morts innombrables.
Après avoir écarté de son chemin le danger de la recolonisation représenté par la candidature de Lionel Zinsou, la classe ouvrière et les travailleurs en général du Bénin ont désormais devant eux l’obstacle premier de Talon à lever. Leur mission aujourd’hui est de se lever tout de suite pour mettre fin à ce pouvoir.
Ouvriers, travailleurs de toutes conditions,
C’est le lieu de vous redire qu’aujourd’hui, les luttes économiques, avec les grèves économiques doivent être dépassées et mettre surtout l’accent sur la question de changement de la gouvernance actuelle, au risque de dissiper l’énergie des travailleurs et des masses.
L’histoire de l’Union Générale des Travailleurs de l’Afrique Noire (UGTAN) à la veille des indépendances est là pour nous inspirer.
L’expérience négative des combats des travailleurs et de leurs Organisations depuis 1960 est aussi là pour nous édifier. Que ce soit en 1963, 1967, 1969, 1975, 1989-90, à tous ces moments de grands mouvements sociaux, les travailleurs ont été les chevilles ouvrières des changements politiques, mais ont toujours abandonné le pouvoir aux mains des hauts bourgeois pour les défendre et les représenter aux gouvernements. Et ils ont été toujours trahis. C’est le lieu de se battre et de prendre le pouvoir pour eux-mêmes.
Le Parti Communiste du Bénin a montré la nécessité du pouvoir des travailleurs et des peuples pour tout décollage et avancement réel de notre pays, pour toute amélioration notable et durable de la situation des travailleurs. Mais, l’indifférence des travailleurs à l’égard de la question du pouvoir à leur propre profit permet à la haute bourgeoisie de s’en sortir jusqu’à présent.
Travailleurs de toutes conditions,
Vous avez commencé à vaincre le pouvoir autocratique, affameur et pilleur de Patrice Talon. Poursuivez donc le combat pour la bonne gouvernance du pays. Que chaque secteur en lutte s’intéresse aux autres et aille vers eux pour une unité et une cohésion de plus en plus serrées dans le combat de tous les travailleurs, de tout le peuple contre la Calamité qui nous gouverne, pour les Etats généraux du peuple en vue d’un autre pouvoir, le pouvoir des travailleurs et des peuples.
A tous les travailleurs, je souhaite une Bonne Fête de 1er Mai, Fête internationale du Travail !"
Cotonou, le 27Avril 2017
Philippe NOUDJENOUME