Tout est parti du clin d’œil de Sébastien Ajavon à l’endroit de l’ex-ministre de l’Economie et des finances lors de sa dernière sortie médiatique. Le magnat de la volaille ayant déclaré son admiration pour ce « jeune brillant » selon les termes employés par Sébastien Ajavon, il fallait que les chantres de la Rupture trouvent quelque chose pour prouver que cette amitié entre les deux hommes s’était établie sur du faux dans le dos du peuple. C’est alors qu’on s’est intéressé à l’historique de l’exonération de la Tva sur la viande congelée sous le régime défunt.Le but est de montrer que c’est l’ex-ministre des Finances qui a ajouté le groupe de mots « ou congelée » à « viande à l’état frais » en vue de permettre à son « ami » Sébastien Ajavon de profiter de cette recommandation de l’Uemoa pour les exercices budgétaire 2015-2016, faisant ainsi perdre des milliards à l’Etat.
Mais de nos investigations, il ressort qu’on n’a fait exprès de cacher la vérité au peuple. Car, ce qu’on n’a pas dit dans cette histoire, c’est en 2014 que la loi sur l’exonération des produits congelés a été introduite à l’Assemblée nationale. Celui à qui la Rupture veut faire porter le chapeau n’était même pas ministre des Finances en ce temps. En 2015, la mesure a été reconduite et ce sont les députés qui ont demandé qu’elle soit étendue du poisson à la viande. Le ministre, la cible de l’insinuation mensongère, n’était pas en son temps d’accord pour la simple raison que cela détruirait la production locale. C’est alors qu’un député, avec en main des statistiques, est intervenu pour démontrer à la plénière que la production locale ne couvre même pas les 15% de la demande nationale. Ce qui veut dire qu’on pénaliserait les consommateurs si on devrait appliquer la taxe sur les congelés qui sont un produit de premières nécessités surtout dans un contexte de Tarif extérieur commun de la Cedeao qui avait démarré en janvier 2015. Le ministre des Finances d’alors avait demandé que la valeur en douane soit relevée à 800FCFA pour compenser le gap. Les documents existent et peuvent l’attester.
De plus, la décision d’exonérer tel ou tel produit, jugé de grande consommation, ne se prend pas par arrêté ministériel mais plutôt par une loi votée à l’Assemblée nationale. Cela est connu de tous que ce n’est pas un ministre qui choisit, à sa convenance, les personnes qui devront bénéficier d’exonération mais les députés. De deux choses l’une. Le ministre Wadagni le sait-il ? Si oui, pourquoi cette insinuation tendant à faire croire que c’est son prédécesseur qui s’est arrangé pour que la viande congelée soit exonérée de taxe ? A moins que ça soit de la mauvaise foi. Et s’il ne le sait pas, peut-être qu’il n’est pas à sa place. Car, le vote de loi, qu’elle soit un projet ou une proposition, fait partie des prérogatives des députés et une fois la loi votée, le ministre se charge de la mettre à exécution. Si donc il y a effectivement une main invisible qui a œuvré à ce que les députés optent pour l’exonération de la Tva sur la viande congelée, peut-être faut-il la chercher du côté de ceux qui, en cette période, étaient désignés comme ‘’télécommandes’’.
Worou BORO