Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, l’Union des Professionnels des Médias du Bénin s’est adressée à travers une déclaration aux hommes des médias. L’occasion a été saisie pour rappeler aux acteurs les défis à relever.
Déclaration de l’UPMB
Chers hommes et femmes des médias,
« Des esprits critiques pour des temps critiques : rôle des médias dans la promotion des sociétés pacifiques, justes et inclusives » : est le thème qui a retenu l’UNESCO en 2017.
Avant tout propos, comment ne pas profiter de cette célébration pour rendre un hommage mérité aux hommes et femmes des médias de mon pays, toutes catégories confondues, notamment ceux d’entre nous qui ont comme bréviaires le code de l’information et de la communication, le code de déontologie, ces outils qui, au-delà de l’éthique qui doit hanter tout professionnel, accompagnent les professionnels des médias pour une presse de qualité.
Dans notre environnement médiatique, ce n’est pas exagéré d’affirmer que nous avons réussi le pari d’une presse qui sait s’éloigner de l’incitation à la haine : la haine raciale, la haine ethnique ou religieuse. Sauf quelques dérapages, vite réparés, les avis et opinions publiés au quotidien, concourent à la promotion des valeurs constitutionnellement admises comme la paix, le respect de la morale etc. Et c’est sans fausse modestie que nous proclamons que la presse béninoise, malgré tout, prend la place qui est la sienne dans l’Etat de droit que la plupart des Béninois s’évertuent à construire.
Toutefois, à l’occasion de cette célébration, la faîtière des professionnels des médias ne saurait passer sous silence les violations et autres atteintes aux libertés de presse dont sont victimes, souvent, les professionnels des médias.
Au Bénin, du 03 Mai 2016 au 03 Mai 2017, aucun journaliste n’a été assassiné comme nous l’avons vécu, malheureusement, les années antérieures. Il est aussi vrai que les cas de bastonnades, d’atteinte à l’intégrité physique et morale ont baissé. Seulement, il ne serait pas juste de passer sous silence les cas d’intimidations, de traitements dégradants dont nous continuions d’être victimes sur quelques lieux de reportage, notamment les photojournalistes, à l’occasion des manifestations officielles comme à Ouidah en janvier 2017.
Chers hommes et femmes des médias,
Plus de deux ans après sa promulgation, les professionnels des médias continuent de rêver des décrets et arrêtés qui retardent l’application effective du code de l’information et de la communication. Aussi, nombre de responsables au niveau de l’administration publique béninoise continuent d’interdire aux journalistes l’accès à l’information. Cela débouche parfois sur des situations d’incompréhension et de mauvais traitements comme celle dont a été victime en mars, un journaliste du quotidien "Le Matinal" avec les responsables du Palais des Congrès. Ces genres de situations nous replacent pleinement dans le thème retenu cette année où il est question d’insister sur la protection des journalistes. La journée mondiale de la liberté de presse 2017 met l’accent sur la protection des journalistes. C’est pourquoi, nos réflexions doivent porter, entre autres, sur le concept de sécurité intégrée de l’organisation combinant la sécurité physique, numérique et psychosociale. Nous devons insister sur la faisabilité d’un mécanisme de promotion et de protection de la liberté d’expression et de la sécurité des journalistes au Bénin. Il faut aussi que nous puissions relever le défi la tendance mondiale des attaques contre ceux qui amènent le journalisme au public. Cette journée nous force aussi à réfléchir sur les crimes commis contre les professionnels béninois.
En outre, pour cette année 2017, le commentaire de RSF sur le Bénin n’est pas des plus mauvais : « les journalistes béninois bénéficient d’une liberté d’expression certaine et, même s’il arrive que certains soient poursuivis et condamnés, les peines prononcées ne sont que rarement effectuées ». Ce rapport aurait donc pu nous repositionner dans ce classement si le Président de la HAAC (Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication) n’avait pas abusivement, en novembre 2016, envoyé des huissiers fermer les locaux de quatre chaînes de télévision et radiodiffusion que sont E-Télé, Sikka TV, Eden TV et de la radio Soleil FM. Une opération musclée exécutée sans avis de mise en demeure préalable, pourtant recommandée par l’article 46 de la loi organique de cette institution dont le rôle premier consiste pourtant à protéger les journalistes. De 2016 à 2017, nous occupons à nouveau la 78è. Nous avons reculé, car l’adage dit que qui n’avance pas recule. Les professionnels des médias béninois veulent reprendre leur place de leader dans le classement RSF en Afrique. Et pour ce faire, ils comptent sur le gouvernement, mais surtout la HAAC.
Pour ce qui nous concerne, au plan associatif, le double défi d’une presse libre, mais surtout de qualité ne saurait être relevé sans l’amélioration des conditions de vie et travail des professionnels des médias. L’UPMB a alors procédé à la dénonciation de la convention collective applicable au personnel de la presse et en vigueur depuis 2008. Grâce à une collaboration du patronat de la presse, de la direction générale du travail et du ministre en charge du travail, une nouvelle convention collective est désormais en vigueur depuis le 12 janvier 2017. Elle propose une grille salariale améliorée et en même temps qu’elle insiste sur les autres droits des travailleurs des médias, sans oublier leurs devoirs pour de véritables entreprises de presse au Bénin.
Tout en vous réitérant sa disponibilité à continuer ses actions en faveur de la liberté de la presse et de l’amélioration des conditions de vie et de travail des animateurs des organes de presse public comme privé, l’Upmb vous souhaite, une fois encore une excellente fête
Vive la liberté de presse
Nous vous remercions
Fait à Cotonou, le 03 mai 2017
Pour l’UPMB
Franck KPOCHEME