L’ancien ministre de la défense et président du parti Restaurer l’espoir, Candide Azannaï était dans les rues hier, jeudi 4 mai 2017. Cette communion avec ses militants et sympathisants entre dans le cadre de la commémoration des événements malheureux marqués par la tentative de son arrestation. Ce fut l’occasion pour l’ancien ministre de témoigner sa gratitude au peuple béninois.
C’est par une messe d’action de grâce célébrée à l’église catholique Saint Antoine de Padoue de Zogbo Cotonou, que les manifestions ont débuté. Au cours de la messe, le père célébrant a salué le courage et la clairvoyance de Candide Azannaï, pour sa démission, signe de dévouement à la cause du peuple « Les chrétiens qui sont en politique, si ça ne va pas doivent quitter la politique », a insisté le curé. Au sortir de la messe, la foule compacte massée à l’intérieur et à l’extérieur de l’église avec en tête Candide Azannaï, son épouse et le député Guy Mitokpè, s’est ébranlée dans la ville pour un grand rassemblement populaire au carrefour Boa-Zogbo. Et sur les lieux, l’heureux du jour a reçu les honneurs de ses parents, amis, sympathisants et curieux, sur fond d’animation par des groupes folkloriques et de la fanfare. Au bout d’une heure environ d’animations diverses, cap fut mis sur le carrefour Don Bosco dans un cortège pacifique. Et en ce lieu, du haut du géant podium déployé pour la circonstance, Candide Azannaï s’est adressé à la foule.
La reconnaissance au peuple béninois
« … je voudrais vous saluer tous très sincèrement et du fond de mon cœur, au nom de mon épouse, du secrétaire général du parti, mais aussi et surtout au nom de la jeunesse du parti Restaurer l’espoir » a déclaré Azannaï. Il a exprimé sa gratitude à toute la jeunesse, ainsi qu’à toute la population de Cotonou qui, sans distinction aucune ont répondu à l’appel de son épouse « brave femme », coordonatrice des opérations du 4 mai 2015 et du secrétaire général du parti Guy Dossou Mitokpè, face à la « horde de gendarmes lourdement armés, … de gendarmes lourdement armés, de garde présidentielle, qui ont escaladé le mur, et défoncé les portes : « Le 4 mai 2015 est un jour fondateur, et il faut commémorer ce jour» a fait savoir l’ancien député.
Les faits réels
Relatant les faits de cette mémorable date, Azannaï a fait savoir ce qui suit : « au lendemain des résultats des élections législatives qui ont été proclamées un peu avant le 4 soit la veille, je m’étais retrouvé à Calavi, dans la maison du député, du président Houdé Valentin. Nous étions un certain nombre de députés pour réfléchir sur l’élection au perchoir du président Houngbédji. Jai qui quitté ici et je m’étais rendu à cette réunion qui a commencé à 22heures, et qui a pris fin à 1heure du matin. C’est donc du retour de Calavi, de chez le président Houdé que j’ai eu les premières informations (souffrez que je ne révèle pas les sources). Ces informations me proposaient trois scénarii : soit fuir de Cotonou et du Bénin, soit me rendre, et la troisième solution, soit prendre mes responsabilités. …je suis un homme, je suis d’ici, je suis de la lignée des hommes braves, je suis d’Abomey, je suis d’Azali…nous n’avons pas appris à fuir, nous avons appris à résister, j’ai décidé de résister. J’ai informé tard dans la nuit vers 1heure du matin, mon épouse. Nous avions l’habitude d’échanger sur les risques que peuvent prendre les hommes politiques, la vie et la biographie d’illustres personnages de l’histoire, et je lui ai dit, c’est maintenant tu vas faire tes preuves. Très tôt, moi je ne devais plus être sur les lieux. À 6heures 45, les premiers signes ont commencé, toutes les rues d’ici étaient barricadées de véhicules de la présidence de la République, le service des renseignements, un peu plus tard, ce sont les véhicules de la police et de la gendarmerie, et la garde présidentielle. Il n’y avait plus d’issue, si je n’étais pas parti tôt, si je n’avais pas pris mes dispositions tôt, je n’avais aucune chance. L’ordre qui avait été donné était de m’amener mort ou vivant, …Quand l’opération a commencé, vous avez suivi ce qui s’est passé ». Et la question qui taraudait les esprits était de connaître les mobiles de cet enlèvement. En réponse, Azannaï affirme : parce que nous avons gagné les élections haut les mains et cette élection fait que la majorité au pouvoir n’avait plus aucune chance de rempoter le perchoir, de contrôler le parlement. Et le seul moyen de d’affaiblir le parlement était de s’attaquer à sa personne : « l’opération de mon enlèvement était de contrôler le parlement et d’assassiner la démocratie », a dit le ministre. Candide Azannaï a donc décidé d’organiser la résistance contre l’ennemi « J’ai décidé de ne pas fuir car sans le 4mai, il n'y aurait pas eu le 15mai et sans le 15 mai, il n’y aurait pas eu la nouveau départ, ni la rupture, il n’y aurait plus la démocratie » fait-il savoir. Il a tenu donc à rendre un homme à tous les acteurs de la résistance. « Ne voyez pas ce que vous avez subi, voyez ce que vous avez sauvé en subissant ce que vous avez subi », leur a-t-il signifié
Le vrai sens du 4 mai
« le 4 mai n’est pas une journée qu’il faut oublier, ce n’est pas une journée de vandalisme, ce n’est pas une journée de destruction de biens publics, c’est une journée de protection de l’intérêt général, c’est une journée de résistance contre l’arbitraire politique, c’est une journée de condamnation, de dénonciation des enlèvements politiques, des assassinats politiques, des persécutions politiques, le 4 mai, c’est aussi une journée de lutte contre les dérives de transformation des démocraties en démocratures, le 4 mai doit être une journée de tous les démocrates », précisera-t-il .
Thomas AZANMASSO