Depuis son départ du Gouvernement, Candide Azannaï, ex ministre de la défense, s’est adressé aux militants de son parti et à ses fans de Cotonou. Contrairement aux supputations, l’homme n’a rien révélé sur les raisons de sa démission. Il a plutôt adressé un message de prise de conscience à ses partisans. C’était hier jeudi 4 mai 2017 à Zogbo à l’occasion d’une manifestation organisée en souvenir de son enlèvement raté, il y a deux ans.
« Le sujet d’aujourd’hui n’est pas ma démission du Gouvernement. Ça viendra». Ces propos de Candide Azannaï répondent à ceux qui pensaient qu’il ferait des déballages contre le pouvoir Talon ou qu’il profitera de l’occasion pour dire ce qui l’a fait partir du Gouvernement, il y a quelques semaines. Il a indiqué que ce sujet n’est pas à l’ordre du jour. Le rassemblement d’hier est pour se souvenir de son enlèvement manqué en 2015. Il a voulu remercier publiquement, une fois encore, tous ceux qui l’avaient soutenu en son temps. « Ne voyez pas ce que vous avez subi. Voyez ce que vous avez sauvé en subissant ce que vous avez subi ». Ces propos d’Azannaï s’adressent à ceux qui pensent que la lutte a été vaine. Il leur a témoigné son attachement et les a rassurés de ce qu’il ne les lâcherait jamais. « Je ne vous oublierai jamais, parce que nous sommes des partenaires », a indiqué l’ancien Ministre de la défense nationale. Pour lui, on ne peut sauver la démocratie que par le sacrifice. Et s’il s’est tu depuis un moment, ce n’est pas le signe d’une faiblesse ou d’un recul. « Le silence parfois garantit la paix. Le silence interroge la conscience des persécuteurs », a dit Candide Azannaï pour indiquer que son silence a un sens. Il a dit qu’il ne fait rien au hasard. L’ancien député a dit qu’il ne se trompe pas aussi facilement dans ses actes politiques. « Je suis un homme politique. Je sais où je vais et je sais ce que je fais », dira-t-il pour saluer particulièrement les jeunes de son quartier, Zogbo, qui avaient déclenché le mouvement à l’époque. Il leur a rendu un hommage particulier ainsi que les autres jeunes des différents quartiers de Cotonou qui ont accompagné spontanément le mouvement. Et pour lui, Zogbo est un quartier spécial : « Dans l’histoire, il y a eu la célèbre bataille de Zogbo. Aujourd’hui, on peut parler d’une journée de résistance à Zogbo ».
A l’endroit de ceux qui estiment que la journée du 4 mai traduit un mauvais souvenir pour Cotonou, Azannaï dit non : « Le 4 mai va être une journée de tous les Démocrates…Cette journée n’est pas une journée qu’il faut oublier. Ce n’est pas une journée de vandalisme, ce n’est pas une journée de destruction des biens publics. C’est une journée de protection de l’intérêt général… C’est une journée de résistance contre l’arbitraire politique, de condamnation, de dénonciation des enlèvements politiques ». Dans ses dires, on ne doit pas regretter la résistance du 4 mai. Et à ses fans, il a appelé à la vigilance et à la mobilisation face à l’adversaire.
La manifestation d’hier a été organisée en souvenir à l’arrestation manquée de Candide Azannaï le 4 mai 2015 par des gendarmes sur ordre du régime Yayi. Il avait été reproché à Azannaï, alors député à l’Assemblée nationale, d’avoir tenu des propos acrimonieux à l’endroit de Yayi Boni, alors président de la République.
Félicien Fangnon
Azannaï se prépare à affronter l’adversaire
Il n’en finit plus d’en avoir. Après la lutte pour l’avènement du Nouveau départ, Candide Azannaï se découvre une autre bataille avec une autre catégorie d’adversaires. Il n’en finit plus de lutter.
Il y en a sous nos cieux qui s’en sortent dans la contradiction. La politique, chacun la fait à sa manière. Le plus important n’est pas le moyen, mais la finalité. Le leader politique de Cotonou en fait depuis un moment sa chapelle. La preuve, il ne se repose plus. Mais au-delà de son engagement politique, il y a quand même matière à réfléchir un peu sur la démarche politique de cet homme. A suivre un peu son itinéraire, on se convainc d’une certitude. Celle de la politique de la lutte. Candide Azannaï s’en sort presque toujours dans la lutte. Même s’il n’y a pas d’adversaire, il faut qu’il en crée car, c’est justement là qu’il puise l’essentiel de son substrat politique. A peine le Nouveau départ entamé qu’il a déjà de nombreux adversaires. « Je suis un homme politique. Je sais où je vais et je sais pourquoi je fais chaque chose. Le calendrier de l’adversaire n’est pas mon calendrier. J’ai mon calendrier et j’ai appris à imposer mon calendrier à mon adversaire. Je n’ai jamais appris à laisser le temps pour que l’adversaire m’impose son calendrier. C’est cela », a-t-il déclaré. Candide Azannaï trouve ses ressources dans l’adversité. Inutile de rappeler l’histoire, mais la grande leçon que laisse l’homme politique de Zogbo, c’est bien cela. Loin d’un acharnement, c’est la lecture studieuse de l’histoire qui fait remonter à la figure ce schéma. Hier changement, aujourd’hui Nouveau départ, demain peut-être Départ nouveau, l’homme partira toujours au moment où on l’attend le moins pour revenir en sauveur. « Le vent de l’autre ne me dérange pas. J’ai appris à espionner mon adversaire. Il peut rester dans sa douche, je vais le savoir. La vraie bataille se gagne avec l’information », a déclaré Candide Azannaï. Pièce maîtresse dans la lutte pour l’avènement du Nouveau départ, il est déjà dans une bataille. Mais, contre qui ? Doit-on s’interroger. Qui sont les adversaires qu’il compte combattre et même espionner ? Sont-ils du Nouveau départ ? Il en a sans doute le secret. Mais la sortie d’hier, même si on s’attendait à ce qu’elle ne soit pas celle des grands déballages,a le mérite de montrer clairement la ligne de l’homme politique. « Si le 4 mai n’avait pas existé, le 19 mai n’existera pas. Si le 19 mai n’existait pas, le 20 mars n’existera pas. Si le 20 mars n’existait pas, la Rupture, le Nouveau départ n’existeront pas.Bombez le torse. Marchez avec fierté et dites-vous que c’est grâce à vous », a-t-il déclaré. On en sait de mieux en mieux.
Abdourhamane Touré