Eugénie Dossa Quenum, écrivaine béninoise résidant en France, se bat quotidiennement pour la scolarisation des filles au Bénin et à travers le monde. L’auteure ayant à son actif quatre ouvrages, nous parle de son combat et de ses œuvres.
La Nation : Madame Eugénie Dossa Quenum, pourriez-vous nous parler un peu de votre vie professionnelle et de votre combat pour la scolarisation des filles ?
Eugénie Dossa Quenum : J’ai toujours mené mes activités professionnelles et militantes sans relâche et avec succès , sans fausse modestie. Mon engagement politique date depuis les bancs du cours secondaire où j’ai noté que c’est la mauvaise gouvernance de notre pays qui est à la base des inégalités sociales avec à un pôle, des gens très riches, la minorité, qui mangent et jettent le surplus, tandis qu’à l’autre pôle, la majorité souffre de la faim, de la misère et de la pauvreté. Avant mon départ pour l’Europe, j’avais milité dans les rangs de l’Union générale des élèves et étudiants du Dahomey (Ugeed) qui défendait la même cause que moi, celle des bourses d’études pour les élèves de parents pauvres, entre autres. En France, j’ai retrouvé la Fédération des étudiants d’Afrique noire (La Feanf) qui s’était battue pour l’Indépendance de nos pays. La situation de ces pays n’ayant pas changé depuis les années 1960, le combat se poursuivait et je n’avais pas hésité à rejoindre ses rangs par la section de l’Association des étudiants dahoméens en France. Aujourd’hui, membre du Comité culturel pour la démocratie au Bénin (Ccdb), comité à la pointe du combat de la diaspora béninoise en France, nous poursuivons le combat pour le développement de notre pays et la sortie de notre peuple de la misère et de la pauvreté.
Ce combat transparaît-il dans vos œuvres ?
La scolarisation des filles participe de ce combat que mes nombreuses conférences à travers le monde et aux tribunes des Nations Unies à New York, Genève et Paris ne suffisent plus à soutenir. Alors depuis 2010, j’ai commencé à écrire. C’est ainsi que j’ai écrit « Geny petit ange sorcier du Bénin » en 2010 ; « Fabuleux destin de Geny » en 2013 et mon essai sur le développement personnel intitulé « La puissance des liens invisibles et les petits secrets de la vie » en 2016. Mon dernier livre paru aux éditions Intégrale Diffusion du Livre (Idl) en mars 2017 et que j’ai présenté le mercredi 26 avril dernier à Cotonou, et le samedi 29 avril 2017 à Porto Novo, est intitulé « Les Comètes de Sô Ava ».
D’où vous vient l’inspiration pour écrire ?
C’est mon souci de venir en aide aux élèves en difficultés scolaires qui m’a poussée à écrire mon autobiographie en deux tomes. Cela a été d’autant plus facile que les éléments d’inspiration se trouvaient dans mon propre environnement du passé et du présent. Le reste n’a été qu’agrémenté par l’envie de motiver les jeunes du Bénin, de l’Afrique et aussi du monde. Cela dans l’objectif d’inverser la courbe de déscolarisation liée aux conditions difficiles des parents et à la dégradation de l’éducation des enfants dont nous observons toutes les conséquences négatives dans chaque pays, partout dans le monde.
Votre dernière publication : « Les comètes de Sô-Ava » s’inscrit donc dans cette logique ?
Ma dernière publication attire particulièrement l’attention des autorités locales et nationales sur le combat que je mène pour la scolarisation obligatoire et gratuite des filles. Elle soulève avec amertume les problèmes rencontrés par les fillettes de 10 à 12 ans, mineures de nos villages mariées de force à des vieillards, malgré la loi qui fixe l’âge du mariage à 18 ans. Elle informe d’un drame survenu dans le groupe des villages lacustres de notre pays et passé en « Faits divers », alors que dans d’autres pays, les trois filles, premières bachelières de leur village et ayant péri noyées dans le fleuve après les résultats, ce drame aurait fait l’objet d’un grand tapage médiatique….C’est donc un peu la réhabilitation de la mémoire de ces filles que je fais à travers mon petit livre « Les comètes de Sô-Ava ».