Le secteur judiciaire pourrait à nouveau être paralysé. Pour non-satisfaction de certaines revendications, l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) menace d’observer dans les tout prochains jours un mouvement de grève.
Les prochains jours risquent d’être tumultueux au sein de la maison Justice, comme c’est souvent le cas depuis quelque temps. Ce secteur névralgique de l’Administration publique pourrait fonctionner au ralenti. Les risques sont énormes. Et chaque jour, l’évolution de la situation dans ce milieu confirme cette appréhension. Joint au téléphone hier, le président de l’Unamab, Michel Adjaka n’exclut aucune éventualité. A l’entendre, le gouvernement ne prend pratiquement aucune initiative pour empêcher que les esprits s’échauffent à nouveau. On pourrait même affirmer que les revendications des magistrats ne constituent pas une priorité pour l’exécutif qui reste insensible face à leurs attentes. Yayi Boni fait curieusement preuve d’un débordement d’énergie autour de son projet de révision alors qu’il existe des préoccupations qui méritent bien son attention. En effet, l’Unamab soulève des problèmes légitimes. Les membres de cette organisation syndicale n’ont pas encore obtenu satisfaction des revendications relatives à la correction des nominations contestées dans certaines juridictions, décidées lors du Conseil des ministres du 28 mai 2013. A l’époque, l’Unamab avait dénoncé une violation des règles de préséance prévues par la loi portant statut de la Magistrature au Bénin. Et depuis que les magistrats ont relevé ces incongruités dans la gestion de la maison Justice, rien n’a véritablement changé.
Des Commissions de crise ou des trompe-l’œil
Au lendemain des nominations problématiques, le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, avait pris des engagements face aux magistrats mécontents. Il devrait travailler à l’apaisement de la situation à travers des échanges concertés. Ces échanges devraient porter sur l’examen des décisions contestées. Le président Ousmane Batoko avait reconnu que les décrets querellés comportent des irrégularités et promis de les corriger (Lire déclaration de l’Unamab publiée dans Le Matinal du 1er juillet 2013). Une promesse qu’il tarde à tenir. L’ancienne Garde des Sceaux, Reckya Madougou avait, elle, mis en place une commission qui devrait vider ces questions qui constituent des sources de tension. Cette initiative n’a pas prospéré avant le départ de la ministre. Et c’est le même sort que connaît actuellement la Commission conçue par le ministre de la Justice, Valentin Djènontin. Visiblement, rien ne se fait pour contenir le mécontentement des magistrats alors que le 15 octobre 2013, délai conjointement arrêté pour en finir avec les injustices dénoncées, arrive bientôt. Bien de sources confient que si l’Exécutif tient à jouer au sourd muet, les magistrats n’hésiteront pas à recourir à leur dernière arme, pour paralyser toute l’Administration judiciaire. Et avec les tensions internes que connaît la Justice, tenions nées de la création d’un nouveau syndicat de magistrats soupçonné de bénéficier du soutien de l’Exécutif, la paralysie annoncée pourrait faire beaucoup de ravages. Si cela arrivait, toute la responsabilité du gouvernement serait établie.