Le Chef de l’Etat a toujours approuvé les actes et prises de position du Préfet du Littoral depuis sa nomination. Il n’est pas étranger à la brouille qu’entretiennent Modeste Toboula et le Maire de la ville de Cotonou. Patrice Talon l’a confirmé à travers une courte déclaration le vendredi dernier.
Entre le Maire de Cotonou et le Préfet du département du Littoral, rien ne va. C’est un secret de polichinelle. Modeste Toboula appelé à assumer les fonctions d’assistance et de soutien au maire de Cotonou, se comporte comme un vrai gouverneur. Le Préfet qui devrait faciliter la tâche au Maire Léhady Soglo, est devenu l’autorité de tutelle qui fait bloquer les initiatives de développement. A en croire les propos tenus par le maire de Cotonou le vendredi 05 mai 2017, Modeste Toboula refuserait même d’approuver des contrats que la Mairie s’apprête à conclure en vue de la réhabilitation de certaines infrastructures marchandes à Cotonou. Il faut également rappeler que le Préfet Toboula n’a pas cru devoir associer la Mairie de Cotonou lors du déguerpissement des occupants illégaux des domaines publics ; une opération menée avec une brutalité déconcertante. Le même Préfet qui avait trouvé qu’il y avait un problème d’éducation à la Mairie de Cotonou, avait menacé de priver le Conseil municipal de son budget. Il n’avait pas hésité à faire croire qu’il pouvait suspendre le Maire Léhady Soglo de ses fonctions. En fait, Modeste Toboula a le soutien du Chef de l’Etat. Patrice Talon l’a démontré lui-même le vendredi au palais de la Marina. « Nous (Le gouvernement, Ndlr) n’avons pas de bons rapports avec la Mairie de Cotonou», avait-il en effet déclaré pour justifier toute la misère que connaissent Léhady Soglo et son équipe depuis l’avènement de la Rupture. Modeste Toboula avait probablement reçu pour mission de torpiller toutes les initiatives de la Mairie de Cotonou afin de rendre la ville ingouvernable. L’objectif, c’est de maintenir Cotonou dans une léthargie pour faire croire à l’opinion l’incapacité du Conseil municipal de réaliser les bons choix pour ses administrés. A y voir de près, le Chef de l’Etat se sert bien de son collaborateur pour régler ses comptes avec Léhady Soglo qui avait appelé à voter pour le candidat Lionel Zinsou lors de la présidentielle de 2016. Le Maire de Cotonou qui refuse toujours de rejoindre la Rupture et qui veut résister s’attire évidemment la colère du président de la République. Le chantre du Nouveau départ veut faire payer à Léhady Soglo sa position politique. A défaut d’obtenir la destitution du Maire rebelle, la Rupture travaille à le fragiliser. Et la Préfecture multiplie ses manœuvres pour concrétiser l’objectif fixé. C’est bien préoccupant, car les rapports tumultueux existant entre le gouvernement et la ville Cotonou risquent de déteindre sur l’exécution des grands projets que Patrice Talon a déclaré avoir concoctés au profit de la capitale économique.
Azannaï était-il donc en mission pour Talon ?
On savait que tous les présidents ont toujours eu envie de contrôler Cotonou. Ceci passe par mettre l’un des siens à la tête de la municipalité qui est la plus grande ville du pays. Vu les relations tumultueuses avec le préfet Modeste Toboula qui sont nées de rien de tout et alimentées par de petites phrases du Chef de l’Etat contre les autorités de la ville de Cotonou et quand on fait un tour en arrière pour voir dans quelle condition Léhady Soglo a été élu maire, on est en droit de se demander si en réalité, il n’y a pas longtemps que Patrice Talon voulait déloger les Soglo de la mairie ? On se souvient que lors des municipales de 2015, Candide Azannaï alors très proche de l’homme d’affaire Patrice Talon qui en ce moment était désigné comme « la télécommande de Paris », avait sans succès essayer d’arracher la mairie de Cotonou. Il se voyait déjà dans la peau du maire pour avoir battu la Rb dans la 16ème circonscription électorale, le fief des « Houzèhouè » lors des législatives de 2015. Mais deux mois après, aux communales et municipales la Rb a repris du poil de bête et la liste Un conduite par Candide Azannaï a subi une déculottée. Le rêve de prendre la mairie de Cotonou s’est alors évaporé parce que ne disposant d’assez de conseillers pour la besogne. Et c’est sûrement sachant le rôle que le magnat du coton a joué dans cette tentative en se servant de Candide Azannaï que Léhady Soglo a opté pour le choix de Lionel Zinsou lors de la présidentielle de 2016. « La Rb n’est pas à vendre », avait-il déclaré. Ce qui paraît tout à fait logique car personne ne voudrait s’acoquiner avec celui-là même qui a vainement essayé de vous arracher le fauteuil municipal. La brouille qui plane aujourd’hui sur les relations entre la mairie de Cotonou et l’Etat central trouve peut-être son origine dans cette tentative de 2015 parce qu’étant la raison du choix de la Rb lors de la présidentielle de 2016, choix qui aujourd’hui fait qu’on veuille régler ses comptes à Léhady Soglo d’abord par l’entremise du préfet du Littoral et maintenant par un projet de construction de marchés que ne vise en réalité qu’à dépouiller le Conseil municipal de ses prérogatives.
M.M