En tournée avec le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané, le député Nassirou Bako -Arifari n’a pas été tendre avec son ancien patron, le président Yayi Boni. Remonté contre ce dernier, il a expliqué comment le président Yayi a fait voler en éclat la famille FCBE. Mais avant, il est revenu sur la question du programme d’action du gouvernement du président Patrice Talon. Un programme qu’il appelle toutes les forces vives éprises du développement du pays à accompagner.
(Lire l’intégralité de sa déclaration)
« Ceux qui font le whatsapp peuvent enregistrer parce que nous assumons ce que nous disons. Actionnez tout, enregistrez tout et transmettez tout partout où besoin sera. J’interviendrai sur deux points. Le premier point, c’est le débat sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles qui font partie du PAG, programme d’action du gouvernement. Ensuite, ce qui nous concerne, nous, fils du septentrion, entre ce qui s’est passé hier et ce qui se passe aujourd’hui.
Sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles
Le PAG comprend des réformes et la révision constitutionnelle est inscrite dans le PAG. Je précise que tous les gouvernements qui se sont succédé dans notre pays ont élaboré chacun un Programme d’action gouvernemental. Le président Soglo, le président Mathieu Kérékou, le président Yayi Boni et aujourd’hui le président Talon. C’est donc la boussole de l’action gouvernementale. Il n’y a rien de nouveau. Ce n’est qu’un guide et il est élaboré pour orienter l’action du gouvernement. La nouveauté réside dans le contenu. La révision de la constitution est une donnée constante de la vie politique de notre pays. Le président Mathieu Kérékou a tenté sans être explicite. Le président Yayi a organisé à deux reprises des commissions techniques pour étudier et faire des propositions. Tout FCBE digne sait qu’il a parcouru ce pays pour demander aux populations de soutenir la révision. Nous ne sommes pas des renégats. Nous sommes des hommes qui agissent avec esprit de Syrte. Le président Talon est arrivé. Là où le président Yayi s’est arrêté ou n’a pas pu, il a promis poursuivre en y introduisant des éléments nouveaux. Je voudrais vous donner quelques précisions sur ce qui a été rejeté. Parce qu’il faut comprendre comment on procède lorsqu’il s’agit de la révision de la constitution à l’Assemblée nationale. Il y a deux votes. Le premier vote, on l’appelle prise en considération et le deuxième, est le vote d’adoption ou éventuellement de rejet. Nous étions à la première étape. C’est comme si nous sommes dans un village de 83 habitants. Vous avez défini des règles. Lorsque nous recevrons un courrier dans le village, il y a trois critères à vérifier. Si les trois critères sont vérifiés, on se réunit pour dire, il faut ouvrir l’enveloppe. Premièrement, vérifier si l’enveloppe est rectangulaire. Deuxièmement, vérifier si l’enveloppe est bien fermée et scellée. Troisièmement, est ce que l’adresse est bien écrite.
Chers parents, mesdames et messieurs
Il fallait simplement dire, nous nous entendons pour ouvrir l’enveloppe et voir quel est le message contenu dans l’enveloppe, savoir si nous acceptons le message ou si nous le rejetons ou si nous acceptons de l’amender. Et c’est ça, notre rôle en tant que parlementaire. A l’étape de l’ouverture de l’enveloppe, il y en a qui ont dit qu’on ne veut pas voir le contenu. On ne veut même pas voir ce qu’il y a dedans. Quand vous envoyez des députés à l’Assemblée, vous les envoyez pour légiférer, pour étudier les textes, pour introduire les amendements. Lorsque les amendements sont refusés, en ce moment, on peut avoir des raisons de dire, on est contre. Nous n’avons même pas atteint cette étape. Et je vous donne des précisions. Lorsqu’il a été question de la procédure d’urgence, les députés à l’unanimité ont rejeté en disant qu’ils vont procéder suivant leur propre manière de faire en commission. Parce que nous avons dans tout métier, des commissions d’éthique et de déontologie. Lorsqu’en tant que député, vous êtes membre d’une commission technique à l’Assemblée nationale, que la commission examine et étudie un dossier, lorsque le dossier arrive en plénière, si vous l’avez accepté en commission, c’est votre projet. Vous ne pouvez pas venir en plénière et voter contre ce que vous avez adopté en commission. Quand vous le faites, vous n’êtes plus en phase. Dans ce dossier, sur les 18 membres de la commission des lois, il y a un seul député ayant dit non. C’est le suppléant de Candide Azannai. Il a pour nom Guy Mitokpè. Il est le seul. Tout le reste a voté oui. On vient en plénière et la commission a dit je recommande à la plénière d’adopter le rapport. Lorsque la commission recommande, pour le débat en plénière, c’est ceux qui ne sont pas membres de la commission qui ont la parole. Les autres sont supposés avoir fini de parler. Je peux vous dire, 4 membres de la commission des lois en plénière, ont voté contre ce qu’ils ont adopté eux mêmes en commission. Comment pourriez-vous vous l’expliquer ? Où est la déontologie du législateur ? Où est l’éthique parlementaire ? Qu’est-ce qui a pu motiver ce changement ? Je vous laisse deviner et vous aurez certainement la réponse. Avant d’en arriver à ce premier vote, il y a ce qu’on appelle la conférence des présidents. C’est à dire, tous les membres du bureau de l’Assemblée élargis aux présidents des commissions techniques et aux présidents des groupes parlementaires. Je peux vous assurer que le président Talon a reçu chacun des groupes parlementaires avant qu’on se regroupe en plénière pour examiner le texte. Et à la conférence des présidents, nous avons dit, le gouvernement ne semble pas avoir réussi à faire le consensus. A cause de cela, nous avons décidé en conférence des présidents qu’après le vote de prise en considération, le document devrait être envoyé en procédure normale et en session ordinaire. Tous les députés ont été informés. Et donc, le vote de la loi précise en considération n’était pas l’adoption. C’était pour ouvrir l’introduction des amendements. Appelez les personnes ressources de l’extérieur, invitez les partis politiques, invitez tous ceux qui ont de contribution, je peux vous assurer, nous avions déjà reçu plus de douze contributions avant même qu’on arrive au vote de prise en considération. C’est à cette étape que cela a été rejeté par une minorité de blocage qui n’a aucun argument véritable pour justifier le comportement si non, le fait accompli suscité pour d’autres raisons. Alors, peuple de mon pays, ne vivez pas dans l’intoxication. 60 députés ne peuvent pas se tromper face à 22 plus éclairés et, d’ailleurs, qui sont-ils? Je ne veux pas donner encore de précision. Alors, comprenez que nous ne nous étions pas trompés. Moi qui suis ici, je dis, je ne suis pas d’accord pour que le Conseil économique et social soit supprimé. Je ne suis pas d’accord avec les propositions pour le mode de désignation des membres de la Cour constitutionnelle. Je n’étais pas d’accord non plus avec un certain nombre de choses. Le président Mathieu Kerekou était allé prêter serment, une première fois et il n’a pas dit les mannes des ancêtres. On lui a fait reprendre le serment. Voici un pays où on prête serment devant Dieu et d’autres entités. Ça ne se fait nulle-part au monde. C’est au Bénin seul. Corrigeons cela. Il y avait plein de choses, plein d’amendements. De la révision, le président Yayi Boni l’a voulu. Je prends la Cour des comptes. Si vous savez que l’une des raisons évoquées par la coopération danoise pour se retirer de notre pays était que notre pays n’avait pas de Cour de compte pour certifier nos comptes (cette coopération nous donnait 20milliards par an). Le président Yayi en a souffert. Le président Talon va en souffrir. Voulons-nous le développement de notre pays en agissant de la sorte ? L’Allemagne accordait une aide budgétaire à notre pays. Et à cause de l’absence de Cour des comptes, l’Allemagne a supprimé cela. Nous sommes membres de l’Uemoa. Nous sommes huit pays et tous les pays devraient en avoir. 7 pays en ont. Le Bénin est le seul pays à ne pas en avoir. Est-ce un progrès de rejeter les réformes qui vont nous permettre d’avancer et d’avoir des ressources? Les femmes ne sont pas suffisamment représentées à l’Assemblée nationale à cause de l’article 26 de notre constitution. Nous avons tenu un séminaire, tous les députés, à Grand Popo pour dire qu’il faut modifier. C’est introduit dans le projet de révision pour qu’aux prochaines législatives dans chacune de nos circonscriptions électorales, il y ait au moins une femme députée. C’est ça le projet de révision. Ceux qui ont dit non ont rejeté cela. Ils ne veulent pas que les femmes soient représentées à l’Assemblée nationale. Ceux qui ont rejeté, alors que pour la première fois dans l’histoire de notre pays une révision de la constitution veut constitutionnaliser la chefferie traditionnelle (nos traditions, nos chefs traditionnels que nous affectionnons si tant). Ils ont dit non. Alors, qui sont ceux qui veulent du développement de notre pays? Les 23 ou les 60? Qui sont ceux qu’on peut appeler les héros ? Un héros n’a pas besoin de s’auto proclamer. C’est le peuple qui observe et qui décrète le héros. Les gens sont venus s’autoproclamer héros. Ce n’est pas parce nous nous taisons, parce que nous voulons la paix que nous allons laisser les malentendus se perpétuer. C’est pour cela que j’ai tenu aujourd’hui, au nom des collègues qui m’ont mandaté, à vous donner ces clarifications pour que vous compreniez une fois pour de bon.
Le dernier point de mon intervention, je voudrais comme je l’ai toujours fait, rendre hommage au président Yayi Boni avec qui nous avons travaillé. Durant 10ans, il a essayé de faire ce qu’il a pu. Dans notre tradition, nous disons pour un chef, un bon début, mais une bonne fin est meilleure. Voici un père de famille comblé à qui Dieu a tout donné, qui a eu des enfants loyaux qui ont travaillé nuit et jour, sous le soleil, la pluie, bravé les intempéries, mais qui voyant venir l’héritage à la fin, décide de cogner les têtes des enfants les unes contre les autres. Il décide que les enfants qui ont travaillé dur pour construire l’héritage ne sont pas dignes d’hériter. Il est allé chercher un étranger à la famille qu’il a amené et il dit à ses enfants, non seulement vous ne pouvez pas hériter, mais je vous transforme en esclaves de l’étranger. Et comme tous les enfants ne sont pas des poltrons, il y en a qui lui ont dit, nous avons travaillé loyalement avec vous. Avez-vous quelque chose à nous reprocher? Il a dit non. Toutes les procédures ont été suivies pour choisir le candidat jusqu’à ce que deux aient été retenus. Je ne peux pas vous donner les noms. Cherchez et vous saurez. Mais on était prêt pour départir les deux afin d’avoir un choix. Il arrive et dit, arrêtez tout, je vous dis que c’est l’étranger à la famille qui va être le chef. Il a parcouru le pays des batombou, des dendi, des chabè, des yom, le pays des betamaribè, il a dit à tout ce qu’on considère comme le grand nord, oui, vous m’avez aidé, mais je vous dis que le pouvoir doit aller au sud. A partir de ce moment, lorsque le sud s’est entendu pour choisir, demande à ce que tout le reste l’accompagne. Parce que c’est ça qu’il a voulu, personne ici, rien que là-bas. Là-bas a pris. Vous ne pouvez pas indiquer à là-bas ce qu’il doit choisir. Alors, je voudrais vous demander, qui a cassé la calebasse pour que le lait se verse? Et quand le lait se verse, est-ce qu’on peut le ramasser? Est-ce que parce que le lait s’est versé, on doit rester nostalgique et pleurer le lait qui s’est versé ? Qu’est-ce qu’on doit faire? On doit aller chercher une nouvelle vache. Parce qu’il faut entretenir la famille. Il faut que la famille avance. Parce que lorsque quelqu’un meurt, on l’enterre. Mais lorsqu’un mort décide de se faire enterrer avec tous les vivants, y a t-il volonté d’héritage? Est- ce que c’est pour ça que nous avons travaillé? Peuple de mon pays, je vous demande de comprendre. Nous ne sommes pas ce que certains ont voulu décrire de nous. Nous savons ce que nous faisions. Et nous avons agi avec esprit dans la continuité. Alors, je vous demande aujourd’hui très sincèrement, lorsque le pouvoir est terminé, quand vous voyez finir votre temps, vous ne pouvez pas jouer dans le temps des autres. Laissez, accompagnez avec des conseils sages. Pour qu’il y ait émergence d’un nouveau leadership. La vie d’un peuple ne s’arrête pas à la mort d’un individu. Un peuple qui s’arrête parce que son leader est mort, est un peuple d’incapables. Ce que nous ne sommes pas. Et c’est pour cela que nous avons décidé de nous battre et nous nous battrons toujours. Nous resterons debout et vous ne serez jamais déçus de nos comportements. Aujourd’hui, le peuple a choisi le président Talon. Nous avons besoin d’accompagner parce que c’est la volonté du peuple. Et la volonté du peuple n’est que l’expression de la volonté de Dieu. Lorsque vous êtes croyant, refuser de suivre la volonté de Dieu, c’est se comporter comme Satan. Nous ne sommes pas de pauvres orgueilleux. Nous voudrions être de bons croyants. C’est lui que Dieu a choisi, accompagnons- le.”