Le Pdg de l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique (Aca), George Otieno, a rencontré le président de la République, Patrice Talon au sujet du plan d’actions quinquennal du gouvernement, afin de définir des moyens concrets grâce auxquels l’Aca pourrait aider le Bénin à atteindre son objectif, notamment en exploitant environ 760 millions de dollars d’investissements issus du portefeuille de projets actuel de l’Aca.
Ces projets portent sur l’énergie renouvelable, la fabrication, l’industrie agroalimentaire, les investissements en faveur des petites et moyennes entreprises (Pme) et sur le problème d’emprunt obligataire du gouvernement. Dans une déclaration faite peu de temps après sa nomination, le président de la République, Patrice Talon a souligné qu’il était urgent d’aborder des réformes politiques, la restructuration de l’économie nationale et le renforcement de la fibre sociale afin de rétablir la confiance du public et la crédibilité du pays. « En tant qu’institution africaine, l’Aca a conscience de l’environnement difficile dans lequel beaucoup de nos gouvernements travaillent. C’est là que nous pouvons faire la différence, car nous comprenons les risques encourus et les manières de les atténuer. Le Bénin n’est pas différent. Nous sommes ici pour fournir un certain confort aux investisseurs », a ajouté M. Otieno. Encouragé par des indicateurs montrant que 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et que le Bénin occupe le 166ème rang sur 177 concernant l’indice de développement humain, le Président compte sur le secteur privé pour développer des PPP prospères. Pour attirer les investisseurs, il compte également instaurer un système de gouvernance ouvert et transparent. Pendant le séjour de quatre jours de l’Aca au Bénin, la société s’est entretenue avec plusieurs ministres et a organisé un atelier pour les agences gouvernementales afin d’expliquer les avantages de ses produits. Ceux-ci incluent l’octroi de garanties aux fournisseurs et aux acheteurs d’offres du gouvernement. Avec ces garanties en place, le Bénin peut attirer les meilleurs marchandises et services possibles, afin de favoriser ses efforts en matière de développement. L’Aca peut également aider le gouvernement à diminuer son niveau d’endettement en offrant des garanties aux investisseurs à la place des garanties publiques coûteuses et indisponibles. En 2013, le Bénin est devenu le premier pays d’Afrique de l’Ouest à rejoindre l’Aca, une institution panafricaine qui fournit des produits d’assurance sur les risques commerciaux, politiques et financiers. La Côte d’Ivoire devrait finaliser son adhésion au début de l’année 2017. Pour ses prochaines adhésions, l’Aca s’intéresse aux autres grandes économies ouest-africaines : le Ghana, le Nigeria et le Sénégal. L’Aca (www.ati-aca.org) a été fondée en 2001 par des États africains pour couvrir les risques commerciaux et les investissements des entreprises menant des activités en Afrique. L’agence couvre les risques politiques, les cautionnements, les crédits commerciaux et la violence politique, le terrorisme et le sabotage. Depuis 2015, l’agence couvre plus de 21,5 milliards de dollars (13 000 milliards de FCfa) de transactions et d’investissements dans toute l’Afrique dans des secteurs tels que l’industrie agroalimentaire, l’énergie, les exportations, le logement, la fabrication d’infrastructure, les mines et les télécommunications. L’Aca est l’une des institutions les mieux notées d’Afrique, grâce au renouvellement en 2016 de sa notation « A » en matière de solidité financière et de crédit de contrepartie, octroyée par Standard & Poor’s.
AT
L’intégralité de l’allocution du Président de la République à l’occasion de la Table ronde sur la bancabilité des risques africains
• Excellence Monsieur le Vice-Président de la République du Kenya ;
• Mesdames et Messieurs les membres des Gouvernements des pays représentés ;
• Messieurs les Gouverneurs ;
• Messieurs les Représentants des organismes internationaux ;
• Monsieur le Président du Conseil d’administration de l’Agence pour l’Assurance du commerce en Afrique (Aca) ;
• Messieurs les Administrateurs de l’Aca ;
• Messieurs les investisseurs et acteurs du secteur privé ;
• Monsieur le Directeur général de l’Agence pour l’Assurance du commerce en Afrique (Aca) ;
• Mesdames et Messieurs les panélistes ;
• Mesdames, Messieurs ;
C’est avec un réel plaisir et surtout un sentiment de grande satisfaction que je prends la parole devant cette auguste Assemblée. Je souhaite y porter la voix de mes pairs, dans le cadre de la recherche des solutions à même d’accroître les investissements sur le continent africain.
Mesdames, Messieurs
Je ne vous apprends rien en affirmant avec aise que l’Afrique a besoin aujourd’hui d’un environnement où les risques d’investissement sont modérés et la sécurité du capital garantie.
L’Afrique a un taux de croissance appréciable. Cependant le niveau des investissements privés dans les secteurs prioritaires tels que les infrastructures, l’industrie, l’agriculture et la transformation des ressources minières reste globalement limité en raison de la perception de son niveau de risque.
La perception du risque en Afrique a toujours été excessive. Elle est surestimée par rapport à la réalité sur le terrain. L’Afrique reste perçue, hors de ses frontières, comme un continent « à problèmes ».
Sur le Continent, l’investissement privé ne s’intéresse qu’aux secteurs ayantune rentabilité à court et moyen termes laissant aux gouvernements les investissements structurants à rentabilité plus longue.
Or le développement durable des économies africaines ne peut désormais s’envisager sans l’investissement privé dans les domaines structurants.
Le partenariat public-privé s’impose donc comme réponse aux besoins d’investissements structurants de nos Etats. Se pose alors la nécessité de disposer d’outils appropriés permettant des investissements malgré la persistance de la perception de risque élevé en Afrique. Dans ce contexte, l’assurance-crédit constitue entre autres un outil efficace pour répondre à ce défi.
C’est justement pour cette raison, que la plupart des pays développés ont créé des agences d’assurance-crédit. Leur rôle étant de protéger leurs investissements à l’étranger, notamment en Afrique.
Dans les faits, ces agences ne couvrent que les risques liés aux investissements réalisés par leurs entreprises. La plupart du temps, elles pratiquent des tarifs au-dessus des niveaux standards. Cela est essentiellement dû à la perception élevée que ces agences ont des risques sur le continent.
Il se dégage donc un déficit en matière d’assurance-crédit pour couvrir le commerce et l’investissement en Afrique.
Au nombre des diverses initiatives, la création de l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique est venue combler ce vide. Dès sa création, l’Aca, s’est fixée entre autres missions, « d’accroître les investissements ainsi que les échanges commerciaux entre les pays membres et entre l’Afrique et le monde ».
Pour atteindre cet objectif, il faudra offrir des assurances de durées plus longues. Il faudra également proposer des produits alignés sur les critères internationaux en termes de qualité. Enfin il faudra offrir ces services à des tarifs conformes aux risques, fondés sur sa présence sur le terrain et son appréciation des réalités africaines. A ce titre, l’Aca pourrait, par exemple, proposer des fiches de notation du risque des pays qui permettent aux autres agences de mieux nous apprécier.
L’Aca pourrait concentrer davantage ses efforts de couverture sur des investissements structurants par rapport au commerce de l’import-export. Ce secteur d’import-export étant mieux maîtrisé par les banques commerciales plus proches des clients.
Il faut cependant faire remarquer que le coût des services offerts par les agences d’assurance-crédit y compris l’Aca renchérit le coût des emprunts contractés par l’investisseur.
Aussi, ne conviendrait-il pas d’envisager la réduction des primes d’assurance proposées par l’Aca ? Cela contribuera d’une part à ajuster progressivement à la baisse les primes de risque évaluées par les autres agences éloignées des réalités du secteur privé africain. D’autre part, cela permettra aux pays d’obtenir un taux effectif des emprunts en cohérence avec leur stratégie d’endettement et les investissements réalisables.
La présente table ronde vient d’ailleurs à point nommé en ce sens qu’elle fournira une plate-forme pour :
• Soutenir le dialogue entre les Gouvernements et le secteur privé ;
• Réfléchir sur d’autres produits d’assurance y compris ceux destinés à couvrir les investissements longs.
J’ai espoir que lors de vos assises, vous réfléchirez sur les réels paramètres de bancabilité de projets d’investissements en Afrique et que vos recommandations iront dans le sens d’aider notre Agence à innover, à trouver des mécanismes, des produits qui, mieux que partout ailleurs, seront capables d’accompagner les besoins d’investissements sur le continent africain.
Je nourris donc l’espoir que la présente table ronde aboutira à la formulation des recommandations que je viens de citer.
C’est sur ces notes d’espoir que je déclare ouverts les travaux de la présente table ronde.
Vive la Coopération internationale au service du développement !
Vive notre Agence !
Vive l’Afrique qui s’affirme économiquement et de manière visible !
Je vous remercie.
Patrice Talon croit au nouveau rêve africain
Le Chef de l’État du Benin croit au rêve africain. Patrice Talon conforte la thèse selon laquelle le rayonnement des Etats africains tient à une meilleure gestion des ressources internes. Comme lui beaucoup de présidents modèles y croient et y travaillent avec foi et conviction. Uhuru Kenyatta du Kenya en est un ferment, Kagame du Rwanda un autre chantre. Patrice Talon a bien fait de choisir ses amis.
Point besoin de faire le tour du monde pour réussir la mission. Le chef de l’État du Benin, Patrice Talon, a commencé depuis un an par le démontrer. Contrairement à son prédécesseur qui, pendant toute une décennie, est resté suspendu dans les airs, à la recherche d’hypothétiques aides étrangères, le Chef de l’État actuel entend puiser dans le potentiel interne pour relancer l’économie. Lorsque les gouvernants africains seront un peu sérieux, l’Afrique renaîtra. Le potentiel africain est incommensurable, mais les pratiques rétrogrades comme la corruption, le pillage systématique des ressources compromettent le progrès espéré. Ces pratiques instaurées en mode de gouvernance dans certains pays africains confondent la masse dans la paupérisation et brisent à jamais les chances d’une jeunesse en pleine explosion. Dans un contexte pareil où les aides et dons ne servent qu’à nourrir les poches et engraisser les caciques du pouvoir, toute politique dépourvue de model de transparence et de rigueur à l’interne est vouée à l’échec. Ce qui est demandé aux chefs d’États africains, ce n’est pas la lune. C’est beaucoup plus de reddition et de transparence dans la gestion des affaires publiques. Ceci permet de boucher les sources de sortie illégales des ressources publiques et de faire des réserves pour les actions de développement. Ceci, Patrice Talon l’a compris. Avec les Présidents présentés comme modèles du continent, il entend instaurer un cadre dynamique de coopération. La finalité est de trouver des ressources internes capables de dynamiser l’économie et d’assurer les progrès réciproques des États dont ils ont la charge. Il s’agit d’une démarche novatrice qui entre d’ailleurs dans la droite ligne des préférences de la communauté internationale. Si le monde présente actuellement le modèle Rwandais comme le plus réussi en Afrique, c’est justement à cause de ces critères de performance que sont la bonne gouvernance, la transparence, l’effectivité de la gouvernance participative etc. La conséquence positive de cette attention, c’est le flux des investissements car la transparence dans la gestion des ressources et une justice efficace garantissent la sécurité des investissements et font du pays un havre de progrès. Si l’Afrique veut assurer un mieux-être et offrir une chance à la future génération, une autre alternative ne s’offre plus désormais aux gouvernants. Patrice Talon est sur le bon chemin. Le détourner de cette noble ambition à travers la politique politicienne, la haine, la « béninoiserie » et la recherche d’intérêts inavoués serait faire du tort à ce pays qui gagne petit à petit la confiance des puissants. Patrice Talon porte le rêve africain. Il a besoin de chaque âme du pays pour l’aider à cet effet.
Abdourhamane Touré